VÉNÉRABLE
ARTHÉLEMY HOLZHAUSER III
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LIRE LES QUATRE PARTIES :
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. CHAPITRE IX |
VERSETS 13 à 20 DE L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN |
VERS. 3, 13.Et le sixième ange sonna de la trompette ; Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant DIEU ; elle disait au sixième ange qui avait la trompette. |
Et le sixième ange sonna de la trompette
Lors donc que le règne des Lombards et des Goths eut été détruit, et que l'hérésie d'ARIUS eut été reléguée en enfer, l’Église du CHRIST jouit d'un repos parfait, et n'eut aucune hérésie à déplorer depuis l'an 800 de l'ère chrétienne, jusqu'à l'apparition du diacre BÉRENGER dans les Gaules, l'an 1048, qui osa nier la présence réelle de JÉSUS-CHRIST dans la très Sainte Eucharistie. L'an 1117, DURANDUS DE WANDOCH enseigna avec un autre sectaire, dans l'ARAGON, que le mariage n'est qu'un concubinage déguisé ; mais ils furent brûlés l'un et l'autre, et par là on, mit fin à cette hérésie naissante, C'est ainsi que furent supprimées dès leur origine toutes les hérésies qui parurent ; de sorte que l’Église latine et l'empire d'Occident n'eurent aucun malheur considérable à déplorer jusqu'en I517, où parut en ALLEMAGNE MARTIN LUTHER, qu'on peut considérer comme le prince des hérésiarques.
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Le saint prophète ne décrit pas tous les moindres maux qui arriveront dans l’Église, mais il se borne aux principaux, laissant de côté ces hérésiarques intermédiaires et de peu d'importance qui ne furent que, comme nous l'avons dit, le prodrome du grand malheur que nous allons décrire. Et voilà pourquoi il s'applique à dépeindre dans ce cinquième âge, et sous la figure du sixième ange sonnant de la trompette, le plus grand et le plus terrible des hérésiarques, avec tous ses caractères et avec toutes les conséquences de ses erreurs. Il suffit d'examiner le contexte, la nature, et le caractère de cet hérésiarque et de ses erreurs, pour être convaincu que c'est bien MARTIN LUTHER que SAINT JEAN désigne à la lettre par le sixième ange qui sonna de la trompette.
Et voilà pourquoi il s'applique à dépeindre dans ce cinquième âge, et sous la figure du sixième ange sonnant de la trompette le plus grand et le plus terrible des hérésiarques, avec tous ses caractères et avec toutes les conséquences de ses erreurs. Il suffit d'examiner le contexte, la nature, et le caractère de cet hérésiarque et de ses erreurs, pour être convaincu que c'est bien MARTIN LUTHER que SAINT JEAN désigne à la lettre par le sixième ange qui sonna de la trompette.
1°) Comme Lucifer, le roi des ténèbres trouva dans LUTHER un instrument utile pour l'exécution de ses plans, il le choisit pour chef dans la guerre d'extermination qu'il allait déclarer à l’Église latine. Lucifer donna à ce moine, pour le diriger, un docteur d'une malice et d'une astuce consommée, que SAINT JEAN appelle avec raison l'ange de l'abîme et le docteur de tous les hérésiarques, comme on l'a vu plus haut, et dont le nom en latin signifie Exterminateur. Or, on sait que Luther se glorifiait souvent lui-même de ce nom qui lui convient en effet.
2°) En conséquence, MARTIN LUTHER doit être considéré comme le plus mauvais et le plus dangereux de tous les hérésiarques, puisqu'il vomit contre l’Église latine des erreurs si perverses et si nombreuses, qu'il n'y a pas un seul point de la foi ou de la morale que cet hérétique ou ses adeptes aient laissé intact. Il s'ensuivit une telle confusion dans les idées, et les esprits furent si divisés entre eux, qu'on peut considérer ce mal comme allant jusqu'à l'infini. Du moins on ne trouvera pas une province, une ville, un hameau, une famille, que dis-je, pas même deux hommes de la même maison qui pensent l'un comme l'autre et qui soient d'accord sur tous les points de leur croyance. Le principe fondamental de ce malheur a sa source dans la libre interprétation et dans l'examen particulier de la sainte Écriture.
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Et c'est de ce principe que découlèrent une infinité de sectes diverses dont les principaux et les premiers chefs furent THOMAS MÜNZER, JEAN OECOLAMPADE, ANDRÉ CARLOSTADT, ZWINGLE, JEAN CALVIN, GEORGE DAVID, CHRISTOPHE SCHAPLER, PHILIPPE MÉLANTHON, MARTIN BUCER, JEAN DE WESTPHALIE, BALTHASAR PARIMONTANUS , JEAN DE LEIDE, JEAN SPANGENBERG, MICHEL SERVET, JEAN BRNZ, THÉODORE Bèze, LUC STERENBERG, qui furent déistes ou trinitaires ; LOUIS ALEMANN qui fut athée, etc. Voir le catalogue de LINDAU, évêque de Ruremonde, sur MARTIN LUTHER, et sur l'origine et la patrie de tous les hérésiarques de ce temps.
3°) Nous n'avons que trop appris à connaître, pour notre malheur, le caractère particulier de cette hérésie, qui est d'exciter à la guerre et à la sédition comme LUTHER lui-même prenait plaisir à le publier dans ses discours et dans ses écrits, et selon cette expression favorite de ZWINGLE :
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L'Évangile demande du sang.
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Cette doctrine séditieuse et sanguinaire de LUTHER, proclamée hautement et répandue publiquement par des libelles et des prédications contre DIEU et les monarques, provoqua en effet une terrible effusion de sang. Excités par la voix de LUTHER, et poussés à la révolte par MÜNZER, CARLOSTADT, BUCER, et par d'autres encore , une masse d'hommes égarés, connus sous le nom de paysans, envahirent les monastères et les églises de la SOUABE, de l'ALSACE, de la THURINGE et de la FRANCONIE, pour les piller et les détruire. Dans la seule FRANCONIE, il y eut jusqu'à 300 cloîtres et 180 châteaux féodaux saccagés. Ces rebelles n'épargnèrent pas plus les personnes que les propriétés, et ils se livrèrent à de tels excès dans le massacre qu'ils faisaient des nobles, qu'il en résulta une guerre ouverte, que ceux-ci entreprirent contre les paysans, et dans laquelle tombèrent plus de 130 000 de ces insensés..
Combien de victimes durent payer de leur sang les fureurs de ZWINGLE dans la guerre civile qui affligea si cruellement la SUISSE ! Vinrent ensuite les guerres de FRANCE et de la BELGIQUE, qui durèrent depuis l'an 1595 ; puis la guerre de Smalkade, l'an 1547 ; la guerre de LIVONIE ; le massacre de la SAINT-BARTHÉLÉMI, ou la guerre civile excitée par CALVIN qu'on eût pris pour un dictateur ; enfin la guerre des protestants proprement dite ou de 30 ans, qui commença l'an 1618, et dura presque sans interruption jusqu'au déplorable traité de paix qui fut si funeste à la religion catholique, l'an 1650. Combien de milliers et même de millions de victimes tombèrent en EUROPE par le fer, par le feu et par la peste ? Combien de milliers de catholiques perdirent la vie en ANGLETERRE, surtout au temps d'ÉLISABETH, par la peine capitale et par d'autres supplices ? L'esprit de cette hérésie fut si sanguinaire, qu'il n'épargna pas même ses propres rois et ses propres princes : nous en trouvons un horrible exemple donné tout récemment par les Écossais, qui trahirent et livrèrent leur souverain légitime, CHARLES STUART, et par les Anglais qui le firent décapiter par sentence publique, sans même l'avoir entendu.
4°) L'hérésie de LUTHER causa à l’Église et à l'empire romain trois grands et horribles maux qu'on pourrait comparer à trois pestes :
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* Le premier fut la confusion et l'obscurcissement des vérités de la foi provenant d'erreurs opposées entre elles, et dont la variété étonne autant que le nombre. Le sens légitime de l'Écriture fut presqu'entièrement corrompu par LUTHER et ses impies adeptes ; les versions de la BIBLE furent éditées en si grand nombre et si peu conformes les unes aux autres, qu'on ne savait plus ce qu'on devait croire ou rejeter.
* Le second mal fut comme un grand incendie allumé dans les esprits des hommes qui arrivèrent à un tel degré d'irritation, qu'on les vit s'insurger les uns contre les autres ; les états contre les états, les royaumes contre les royaumes. Tant d'horribles et de si cruels massacres qui se succédaient les uns aux autres presque sans interruption, et pendant si longtemps, coûtèrent la vie à des centaines de mille hommes. Telle fut la terrible conséquence de cette liberté ou plutôt de cette licence qu'on prêchait aux peuples pour les persuader que ni les hommes, ni même les anges n'avaient aucun droit de leur imposer des lois, qu'autant qu'ils voulaient bien les accepter. Le célibat était appelé une tyrannie. On livrait au mépris le pouvoir et la juridiction du souverain Pontife, des évêques et des prélats de l’Église et l'on violait tous les préceptes ecclésiastiques. On attribuait aux princes temporels le droit de s'emparer des biens des principautés et des dignités de l’Église, ne réservant aux prêtres que le seul droit d'être entretenus. Les inférieurs se révoltaient contre leurs supérieurs et secouaient le joug du Seigneur. Les ecclésiastiques eux-mêmes se dépouillaient de leur costume pour se marier. Les princes et les nobles se mirent à haïr le souverain Pontife, les évêques et les prêtres, dépouillèrent les évêchés, les prébendes, les bénéfices et les monastères, etc. ; et lorsque l'empereur voulut les en empêcher, ils prirent les armes et se révoltèrent contre lui. Que celui qui désire mieux connaître cette infâme tragédie, lise l'histoire des faits qui se succédèrent depuis 1525 jusqu'à l'an 1650. Mais nous n'avons pas encore vu la fin de ces maux en ANGLETERRE, en ÉCOSSE et en IRLANDE, et l'ALLEMAGNE ne sera pas en paix de longtemps. Or, quiconque examinera attentivement et sans passion la cause de ces malheurs, sera forcé de l'attribuer uniquement à cette affreuse hérésie.
* Le troisième mal qu'elle produisit fut la corruption de toute morale et de toute discipline tant ecclésiastique que civile ; car on sait qu'il n'y a pas un seul point de la morale et de tout ce qui a rapport aux bonnes mœurs que LUTHER n'ait empoisonné de son souffle pestilentiel. D'où l'on peut conclure que cet hérésiarque ne fit pas seulement une guerre spirituelle ou morale, mais qu'il attaqua et bouleversa même, politiquement parlant, presque tout l'empire romain.
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5°) Le langage de LUTHER et de ses adeptes fut présomptueux, superbe et audacieux, à un tel point qu'il n'épargna aucune chose, si sainte qu'elle fût, ni aucune vérité, même la plus ancienne et la mieux établie. Sa bouche, semblable à la gueule du lion, déchirait et dévorait tout ; il vomissait, pour ainsi dire, le sarcasme, le mépris et la calomnie contre l'autorité du souverain Pontife, et contre la science et la vertu des saints Pères, n'épargnant dans sa fureur ni les hommes, ni les anges, pas même la TRÈS SAINTE TRINITÉ. Qu'on lise pour s'en convaincre ses écrits, et surtout les discours publics qu'il prononça dans les assemblées de WORMS, et en particulier celui De Destructione, lib. contre le roi d'ANGLETERRE.
6°) Cette hérésie envahit en peu de temps non seulement toute l'ALLEMAGNE, à l'exception de la BAVIÈRE et du TYROL, mais encore presque tous les peuples du NORD. Elle se répandit en FRANCE, en BELGIQUE, en HONGRIE et en Pologne. L'ANGLETERRE, l'ÉCOSSE, le DANEMARK, la SUÈDE et presque toutes les villes impériales se séparèrent de l’Église latine. Comme un torrent dévastateur, elle entraîna après elle les princes de l'empire, et prit un tel accroissement de force et d'extension, qu'elle se propagea en peu de temps, et s'étendit et continue de s'étendre sur terre et sur mer, parce que sa doctrine flatte la puissance et l'avarice des princes, et le goût dépravé d'une génération charnelle. Satan, ne pouvant rien par lui-même sur le monde, se servit de LUTHER par la permission divine, et celui-ci ne réussit que trop dans l'exécution de ses plans infernaux, parce que toute chair avait corrompu ses voies, et que personne n'était plus content de vivre selon sa condition. Le peuple recherchait la licence, les princes et les nobles ambitionnaient les honneurs et les richesses, et le clergé étant dégoûté du célibat, se livrait aux voluptés. Faut-il donc s'étonner si tous ces états acceptèrent avec tant d'empressement la doctrine flatteuse, mais perverse de LUTHER ? C'est à cette génération pervertie que SAINT PAUL adresse ces paroles si pleines de vérité,
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II TIMOTHÉE IV, 3
«Un jour viendra que les hommes ne supporteront plus la saine doctrine et qu'ils multiplieront au gré de leurs désirs les maîtres qui flatteront leur orgueil ; et ils fermeront l'oreille à la vérité et l'ouvriront à des fables»
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Les assertions de LUTHER étaient si extravagantes, que tout homme sensé doit être saisi d'étonnement de voir de si grands monarques en être épris ; mais, hélas ! ces princes multiplièrent au gré de leurs désirs de tels maîtres, qui flattaient leur orgueil et leur convoitise, comme ils continuent encore de le faire.
7°) Enfin cette hérésie de LUTHER distilla un poison plus funeste encore dans le pseudopoliticisme et l'athéisme dont les principaux propagateurs furent MACHIAVEL, BODIN et d'autres encore. En effets leurs ouvrages sont en vénération chez les princes, chez les nobles, et parmi beaucoup d'hommes illustres qui se glorifient cependant d'être catholiques. Et ce nouveau poison déguisé sous des apparences flatteuses pour les sens, infecte et envenime dans les esprits tout ce que les premières erreurs, qui en sont les éléments, y avaient laissé d'intact. Son essence pestilentielle s'est glissée jusque dans les conseils des princes, des états et des républiques, qu'il inspire, qu'il gouverne et qu'il dirige. C'est par elle qu'on parle, qu'on sent, qu'on tolère, qu'on permet et qu'on agit tout au contraire de la vérité et de la justice. Et c'est là la queue et les dernières conséquences de ce dragon et de sa funeste doctrine.
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Car MACHIAVEL et BODIN, et surtout les adeptes de CALVIN, recueillirent cette essence de poison sur les plantes du champ de l'erreur, et en firent un mélange avec l'esprit infernal, afin de produire sur les âmes l'effet que LUTHER lui-même n'avait pu obtenir. Ce fut en effet, par l'infusion de cette essence dans les esprits et les cœurs, que Lucifer parvint à empêcher la vraie réforme et la conversion du monde à la foi catholique. Par ce moyen il rendit impossible la restitution des biens de l’Église, il enseigna aux hommes à dissimuler la foi, et imbiba de faux et abominables principes une grande partie de la noblesse. C'est par là qu'il rendit inutiles tous les efforts qu'on tenta par la discussion et même par la force des armes, pour guérir l'EUROPE et particulièrement l'ALLEMAGNE. Tant il est vrai que la sagesse ou plutôt l'astuce de ce monde prévaut facilement sur les hommes !
LUC XVI, 8
«Les enfants de ce siècle sont plus habiles dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière»
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Nous ne vîmes que trop s'accomplir en ALLEMAGNE cet oracle de JÉSUS-CHRIST.
MATTHIEU XII, 43
«Lorsque l'esprit immonde sort d'un homme, il erre dans des lieux arides, cherchant le repos ; et il ne le trouve pas. Et il dit : Je reviendrai dans ma maison d'où je suis sorti ; et revenant, il la trouve vide, nettoyée et ornée. Alors il va et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et entrant, ils y habitent, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier ; et il en sera ainsi de cette génération criminelle»
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Nous voyons en effet toutes les hérésies modernes se résoudre en une seule et aboutir au pseudopoliticisme et à l'athéisme. Chacun se forme à son gré une conscience et une religion qu'il base pour la forme sur ses principes politiques. Qu'est-elle autre chose, la religion des pseudopolitiques et des athées, sinon une pure hypocrisie ? Car ils disent dans leur cœur : que m'importe la religion ? DIEU n'existe pas, c'est un mot; il n'y a point d'autre vie que la présente. Et c'est ainsi qu'ils se moquent des plus grandes vérités. C'est de cette race impie que parle le saint roi DAVID quand il dit :.
PSAUME XIII, 1 :
«L'insensé a dit dans son cœur : il n'y a point de DIEU. Ils se sont pervertis ; ils se sont corrompus, et sont devenus abominables dans toutes leurs affections : il n'en est pas un qui fasse le bien, pas un seul... Leur gosier est un sépulcre ouvert, ils se sont servi de leurs langues pour tromper avec adresse ; le venin des aspics est sous leurs lèvres. Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume ; leurs pieds se hâtent pour répandre le sang. Toutes leurs voies ne tendent qu'à affliger et qu'à opprimer les autres ; ils n'ont pas connu le sentier de la paix ; la crainte du Seigneur n'est pas devant leurs yeux, ne comprendront-ils pas enfin, ces ouvriers d'iniquité, qui dévorent Mon peuple comme un morceau de pain ? etc.» |
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