jeudi 26 novembre 2009

QUATRE PASSIONS DE L'AME


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DE L'ÂME
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JOIE – ESPÉRANCE- CRAINTE - DOULEUR
Les passions sont, en l’homme, à la charnière entre son animalité et sa rationalité. Elles désignent tout le jeu de ses émotions et de ses sentiments.
SAINT JACQUES CHAPITRE 3
1 Mes frères, qu'il n'y en ait pas tant parmi vous qui s'érigent en docteurs, sachant que nous serons jugés plus sévèrement.
2 Car nous péchons tous en beaucoup de choses. Si quelqu'un ne pèche pas en parole, c'est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride.
3 Si nous mettons aux chevaux un mors dans la bouche pour nous en faire obéir, nous gouvernons aussi leur corps tout entier.
4 Voyez encore les vaisseaux tout grands qu'ils sont et quoique poussés par des vents impétueux, ils sont conduits par un très petit gouvernail au gré du pilote qui les dirige
Pour la deuxième fois, un songe, dont Dieu dispose pour se communiquer, empruntant les symboles de quatre chevaux ou quatre animaux, bien connus dans l'Eglise m'a encouragée, faute de trouver des éléments sur le WEB, à consigner à toutes fins utiles, sur cette page, quelques clefs de compréhension.
Les textes qui suivent, puisés dans l’œuvre de saint Jean de la Croix ne peuvent être pleinement compris que si on les place à bon aloi, tout au long de la voie que l'âme parcourt pour aller vers Dieu et dont le terme est l'union complète, appelé mariage spirituel.

Je conseille vivement à ceux qui voudraient en savoir plus, de lire l’œuvre de saint Jean de la Croix, qu'on ne trouve, malheureusement qu'incomplète sur le WEB.
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LES QUATRE PASSIONS DE L'ÂME SELON SAINT JEAN DE LA CROIX :
PREMIER CANTIQUE Ou l'on traite en général de la nuit obscure et de la nécessité d'y passer pour arriver à l'union divine, et en particulier de la nuit obscure des sens et des passions qui causent de grandes pertes à l'âme.
«Pendant une nuit obscure, enflammée d'un amour inquiet, ô l’heureuse fortune ! je suis sortie sans être aperçue, lorsque ma maison était tranquille».
CHAPITRE XIII Quelques moyens pour entrer, par la foi, dans la nuit ou la mortification des sens.

Si nous voulons mortifier et apaiser les quatre passions de notre nature : la joie, l'espérance, la crainte et la douleur, puisque de leur concorde et pacification découlent les biens dont nous avons parlé et beaucoup d'autres encore, il faut employer ce qui est un remède total à tous ces maux, la source du vrai mérite et des grandes vertus.
Que l'âme donc s'applique sans cesse non à ce qui est plus facile, mais à ce qui est plus difficile
. Non à ce qui plaît, mais à ce qui déplaît ;
. Non à ce qui console, mais à ce qui est un sujet de désolation ;
. Non à ce qui est repos, mais à ce qui donne du travail ;
. Non à ce qui est plus, mais à ce qui est moins ;
. Non à vouloir quelque chose, mais à ne rien vouloir ;
. Non à rechercher ce qu'il y a de meilleur dans les choses, mais ce qu'il y a de pire, et à désirer entrer pour l'amour du Christ dans un dénûment total, un parfait détachement et une pauvreté absolue par rapport à tout ce qu'il y a en ce monde.
Il faut embrasser ces pratiques de tout coeur et s'appliquer à y assujettir la volonté. Celui qui s'y soumet avec amour, intelligence et discrétion, ne tardera pas à trouver beaucoup de délices et de consolations.
Il suffit de se conformer fidèlement à ces pratiques pour entrer dans la Nuit des sens. Néanmoins, pour donner de plus amples explications, nous parlerons d'une autre sorte de pratiques qui apprennent à mortifier la concupiscence de la Chair, la concupiscence des yeux et la superbe de la vie, trois choses, au dire de saint Jean (Jean, II, 16), qui occupent le monde et d'où procèdent toutes les autres tendances.
La première consiste à travailler au mépris de soi et à désirer que les autres nous méprisent; cette pratique est contre la concupiscence de la chair.
La seconde consiste à parler de soi-même avec mépris et à travailler à ce que les autres en parlent de même; cette pratique est contre la concupiscence des yeux.
La troisième consiste à avoir de bas sentiments de soi, à se mépriser et à désirer que les autres fassent de même; et cette pratique est contre la superbe de la vie.
Pour terminer ces avis et ces règles de conduite dont nous venons de parler, il nous semble bon de rapporter ici les vers que nous avons placés à l'image de la Montagne représentée au commencement de ce livre. Ils renferment la doctrine nécessaire pour gravir cette montagne qui symbolise l'union parfaite avec Dieu :
LA MONTAGNE DE LA PERFECTION SELON SAINT JEAN DE LA CROIX (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Mais s'ils s'adressent à la partie spirituelle et intérieure de l'âme, ils enseignent également à mortifier l'esprit d'imperfection de sa partie sensuelle et extérieure, comme l'indiquent les deux chemins placés de chaque côté de notre image qui figure la montagne de la perfection. C'est dans ce dernier sens que nous les prenons ici. Dans la seconde partie de cette Nuit nous les examinerons dans le sens spirituel.
Voici ces avis :
1. Pour arriver à goûter tout, veillez à n'avoir goût pour rien.
2. Pour arriver à savoir tout, veillez à ne rien savoir de rien.
3. Pour arriver à posséder tout, veillez à ne posséder quoi que ce soit.
4. Pour arriver à être tout, veillez à n'être rien en rien.
5. Pour arriver à ce que vous ne goûtez pas, vous devez passer par ce que vous ne goûtez pas.
6. Pour arriver à ce que vous ne savez pas, vous devez passer par où vous ne savez pas.
7. Pour arriver à ce que vous ne possédez pas, vous devez passer par où vous ne possédez pas.
8. Pour arriver à ce que vous n'êtes pas, vous devez passer par ce que vous n'êtes pas.
MOYEN DE NE PAS EMPÊCHER LE TOUT
1. Quand vous voulez vous arrêter à quelque chose, vous cessez de vous abandonner au tout.
2. Car pour venir du tout au tout, il faut se renoncer du tout au tout.
3. Et quand vous viendrez à avoir tout, il faut l'avoir sans rien vouloir.
4. Car si vous voulez avoir quelque chose en tout, vous n'avez pas purement en Dieu votre trésor.
C'est dans ce dénûment que l'esprit trouve sa paix et son repos. Comme il ne désire rien, rien d'en haut ne le fatigue, rien d'en bas ne l'opprime, car il est dans le centre de son humilité ; si au contraire il désire quelque chose, c'est cela même qui est pour lui fatigue et tourment.
CHAPITRE XV Déclaration des autres vers de ce Cantique.

«Oh ! l'heureux sort ! Je sortis sans être vue, Tandis que ma demeure était déjà en paix».


L'âme se sert d'une métaphore pour montrer le triste état de captivité où elle était; aussi elle regarde comme un heureux sort d'en avoir été délivrée sans qu'aucun de ses geôliers l'en empêchât. Par suite en effet du péché originel, l'âme est vraiment captive dans ce corps mortel, et y est assujettie à ses passions et aux tendances de sa nature. Une fois délivrée de leur tyrannie, elle proclame l'heureux sort qu'elle a de sortir sans être vue, c'est-à-dire sans en être empêchée ni retardée. Mais ce qui lui avait servi, c'est de sortir par une Nuit obscure, c'est-à-dire qu'elle avait renoncé à tous ses attraits et mortifié toutes ses tendances, comme nous l'avons dit.

Cette réflexion: «tandis que ma demeure était déjà en paix», signifie que la partie sensitive, ou demeure de toutes les tendances, était en paix, parce qu'elle les avait déjà domptées et endormies. Et, en effet, tant que nos tendances ne sont pas endormies par la mortification des sens et que les sens ne sont pas en paix et n'ont pas cessé leur guerre à l'esprit, l'âme ne parviendra pas à cette véritable liberté qui lui permettrait de jouir de l'union avec son Bien


TROISIÈME CANTIQUE

OU L'ON TRAITE DE LA PURGATION ET DE LA NUIT ACTIVE DE LA MÉMOIRE ET DE LA VOLONTÉ. — ON ENSEIGNE AUSSI À L'ÂME LA MANIÈRE DE SE CONDUIRE À L'ÉGARD DES ACTES DE CES DEUX PUISSANCES, POUR PARVENIR A L'UNION DIVINE.

 

CHAPITRE V Des biens différents que la destruction des espèces naturelles de la mémoire apporte à l'âme.

Les inconvénients que nous venons de remarquer nous font connaître, par la science des contraires , les avantages que la destruction des espèces naturelles de la mémoire procure à l’âme.
. En premier lieu, étant délivrée du trouble et des mouvements que les opérations de la mémoire lui causaient, elle jouit d'une paix agréable et d'une grande pureté de conscience : ce qui la dispose à la sagesse tant divine qu'humaine, et à la pratique des vertus chrétiennes et morales.
. En second lieu, l'âme est exempte des suggestions, des tentations et des impressions du démon, qui emploie les images de la mémoire pour la tenter, et pour la jeter en quelque impureté et en quelque péché, comme nous avons dit, selon le langage du prophète-roi : Ils ont pensé au mal, ils en ont parlé (Psal., LXXII, 8). Or, le démon n'a plus ce pouvoir lorsqu'on a détruit ces idées.
. Troisièmement, cet oubli prépare l'âme à recevoir les opérations et les lumières du Saint-Esprit, qui se retire, comme dit le Sage, des pensées folles et impures (Sap., I, 5).
Mais quand l'homme spirituel ne recueillerait point d'autre fruit d'avoir purgé sa mémoire de ses espèces, que de se délivrer de ses peines et de ses passions, il serait assurément bien récompensé ; puisque d'ailleurs ces mouvements et ce trouble ne servent de rien à l'âme pour détourner les accidents qui lui arrivent, ni pour apaiser la douleur qu'elle en conçoit. C'est dans ce sens que David dit que l'homme passe comme une vaine image, et qu'il se trouble inutilement (Psal., XXXVIII, 7), parce que le trouble ne lui peut être d'aucune utilité. De sorte que, si tout le monde se renversait, ce serait en vain qu'on s'en troublerait, et l'âme en recevrait plutôt du mal que du bien; au lieu que, si elle supportait paisiblement tout ce désordre, non-seulement elle en profilerait davantage, mais elle jugerait encore plus sainement des adversités, et y apporterait le remède convenable avec plus de facilité et d'efficacité.
Salomon était sans doute bien informé de la perte que ce trouble cause, et du fruit que cette paix produit, lorsqu'il disait : J'ai reconnu qu'il n'est rien de meilleur que de conserver la joie de son cœur et de faire tout le bien qu'on peut en sa vie (Eccl., III, 12), pour nous apprendre qu'en tous les événements les plus contraires, il vaut mieux nous réjouir que nous affliger, de peur de perdre le calme de l'esprit et la douceur intérieure qui nous aident à porter patiemment la bonne et la
mauvaise fortune. Or, il est constant que personne n'entrera dans cette agréable tranquillité sans sortir des idées et des opérations de sa mémoire, et sans se soustraire aux occasions de voir, d'entendre ce qui se passe, et de converser avec le monde. Nous sommes naturellement si fragiles et si enclins aux choses extérieures, qu'encore que nous nous soyons accoutumés et exercés à nous en priver, néanmoins si nous envisageons ce que la mémoire nous présente, à peine pourrons-nous éviter la rencontre de quelque objet qui aura la force d'interrompre la paix de notre cœur, de nous jeter dans quelque fâcheuse altération, comme le prophète Jérémie craignait de l'éprouver : Je me souviendrai des créatures, dit-il, et mon âme séchera en moi-même (Thren., III, 20).
CHAPITRE XVI L'explication de la joie, qui est la première affection de la volonté, et la distinction des sujets qui excitent la joie dans la volonté.

La joie, qui est la première des passions de l’âme et désaffections de la volonté, n'est autre chose, dans le sens que nous lui donnons ici, qu'une satisfaction de la volonté, jointe à l'estime de quelque objet que l'esprit juge être convenable. Car jamais la volonté ne se délecte que dans les choses qui lui paraissent avoir du prix et de l'agrément. Ce qui doit s'entendre de la joie active que l'âme goûte lorsqu'elle comprend le sujet de son contentement, et qu'il est en son pouvoir de s'y plaire ou de ne s'y plaire pas. La joie passive est différente en ce que l'âme en est comblée quelquefois sans savoir d'où elle vient, et sans pouvoir se la procurer ou ne se la procurer pas. Il s'agit ici de la joie active que la volonté reçoit des choses qui lui sont connues. Cette joie peut naître de six sortes de biens ; savoir : des biens naturels, des biens sensuels, des biens moraux, des biens surnaturels et des biens spirituels. Nous parlerons de chacun en son rang, afin que la volonté se conforme à la raison, et que, sans s'embarrasser de ces choses, elle ne mette point la solidité de sa joie en d'autres objets qu'en Dieu..
Mais, pour établir cette doctrine, il faut présupposer un fondement, sur lequel nous devons nous appuyer sans cesse, afin de référer à Dieu seul toute la joie que ces biens peuvent causer ; le voici : la volonté ne doit jamais accepter que la joie qui lui vient des choses qui regardent la gloire de Dieu. De plus, elle doit être persuadée que, garder les commandements de Dieu, et le servir avec constance et avec fidélité, selon les maximes les plus sévères de l'Évangile, c'est le plus grand honneur que nous puissions lui procurer; enfin que tout ce qui n'est pas renfermé dans ces bornes eut de nulle valeur et de nulle utilité.
Entrée dans la nuit obscure de la volonté – Des diverses affections de la volonté

2. La force de l'âme consiste dans ses puissances, dans ses passions89 et dans ses appétits, qui tous sont gouvernés par la volonté. Lors donc, que la volonté dirige vers Dieu ses puissances, ses passions et ses appétits, etn les détournant de tout ce qui n'est pas Dieu, elle garde pour Dieu la force de l'âme et se porte ainsi à l'aimer de toute sa force. Pour que l'âme puisse en venir là, il est indispensable que la volonté soit purifiée de toutes ses affections désordonnées, qui l'empêchent de garder pour Dieu toute sa force.. Les affections ou passions sont au nombre de quatre : la joie, l'espérance, la douleur et la crainte. Lorsque l'homme règle ces passions, en les référant à Dieu, de façon qu'il ne se réjouisse plus de ce qui va purement à l'honneur et à la gloire de Dieu, qu''il n'espère rien hors de là, qu'il ne s'afflige que par rapport à cela, qu'il ne craigne que Dieu et pas autre chose, nul doute qu'il ne dirige vers Dieu la force et la capacité de son âme et qu'il ne les garde pour Lui seul. En effet, plus l'âme se réjouit en autre chose, moins elle applique sa joie à Dieu ; plus elle espère autre chose, moins elle espère Dieu, ; et ainsi du reste.
4. Les quatre passions que nous avons énumérées règnent d'autant plus en l'âme et lui font une guerre d'autant plus violente que la volonté est moins fortement établie en Dieu et qu'elle est plus dépendante des créatures, car alors elle se réjouit très facilement de ce qui ne mérite pas sa joie, elle espère ce qui ne lui apporte aucun avantage, elle s'afflige de ce dont, peut-être, elle devrait se réjouir, et craint là où il n'y a rien à craindre.
5. De ces affections, lorsqu'eles sont désordonnées, naissent dans l'âme, tous les penchants mauvais et toutes les imperfections ; d'elles aussi, qand elles sont réglées et ordonnées, procèdent toutes les vertus. De plus, il faut le remarquer, à mesure que l'une d'elles s'ordonne et se règle, toutes les autres se règlent de même. En effet, ces quatre passions de l'âme sont tellement jointes les unes aux autres, elles sont en si parfaite harmonie les unes avec les autres que là où l'une d'elles se porte actuellement, là se portent virtuellement les trois autres Au contraire, si l'une d'elles bât actuellement en retraite, les autres reculent virtuellement, dans une égale proportion. La volonté se réjouit-elle de quelque chose, elle l'espére nécessairement dans la même proportion et la douleur ainsi que la crainte suivent virtuellement. De même à mesure que la volonté retire son goût de cet objet, elle perd à son sujet la douleur et la crainte, elle en retire auss son espérance.

La volonté avec ses quatre passions, se trouve en quelque manière représentée par cette figure de quatre animaux qu'Ézéchiel contempla dans une vision. C'était un corps qui avait quatre faces. Les ailes de l'un étaient jointes aux ailes de l'autre, et chacun marchait droit devant sa face, et ils ne se tournaient point en marchant (Ez 1, 8-9). De même, les ailes de ces affections sont tellement jointes les unes aux autres que, de quelque côté que l'une porte actuellement sa face, c'est-à-dire son opération, les autres s'y dirigent virtuellement. L'une s'abaisse-t-elle, toutes s'abaissent ; l'une s'élève-t-elle, toutes s'élèvent. Où se porte l'espérance, là se porteront la joie, la crainte et la douleur. Revient-elle sur ses pas, les autres reviendront. Et ainsi du reste.

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6. Remarquons bien ceci. Là où se dirigera l'une de ces passions, toute l'âme, la volonté et les autres puissances se dirigeront de même. Toutes les puissances vivront captives de cette passion, et les trois autres passions s'uniront à la première pour charger l'âme de leurs liens ; elles l'empêcheront de voler vers la liberté et le repos de la contemplation pleine de douceur, vers l'union. C'est pour cela que Boèce nous déclare que :

si nous voulons connaître la vérité dans la lumière, nous devons rejeter loin de nous, la joie, l'espérance, la crainte et la douleur.

Et en effet, tant que ces passions règnent dans une âme, elles lui enlèvent la tranquillité et la paix que requiert l'acquisition de la sagesse, soit naturelle soit surnaturelle.
CHAPITRE XIX Dommages auxquels s'expose l'âme qui place sa joie dans les biens temporels.

4. Or, ni la sainteté, ni la rectitude dujugement n'empêchera l'homme de tomber dans cet inconénient, s'il laisse ses désirs et sa joie s'attacher aux biens temporels. C'est pour ce motif que Dieu dit par a prononcé par la bouche de Moïse cet avertissement :


Tu ne recevras point de présents, parce que les présents aveuglent même les sages (Ex 23,8).


Cela s'adressait spécialement à ceux qui avaient à remplir les fonctions de juges, et qui, pour ce motif, devaient avoir le jugement net et lumineux, chose impossible si l'on est sujet à la convoitise et si l'on prend plaisir à recevoir des présents.

C'est pour cela aussi que Dieu avait donné l'ordre à Moïse de confier les fonctions de juges à ceux qui avaient l'avarice en horreur, afin que chez eux le jugement ne fût pas corrompu par la satisfaction de leurs passions (Ex. 18,21-22). Aussi n'est-il pas dit seulement que les juges ne devaient pas aimer l'avarice, mais qu'ils devaient l'avoir en horreur. C'est que pour se défendre parfaitement d'une affection , il faut s'appuyer sur sa détestation, combattant ainsi une affection par son contraire. D'où vient que le prophète Samuel fut constamment un juge intègre et éclairé, si ce n'est, comme il le dit lui-même dans le livre des Rois (1 R 12,3) de ce qu'il n'avait jamais reçu de présents de qui que ce fût.
CHAPITRE XXIX Avantages du renoncement à la joie qui découle des biens de l'ordre moral.
2. Le second avantage, c'est qu'on réalise alors les bonnes oeuvres d'une manière plus accomplie et plus parfaite, ce qui n'a pas lieu quand on y prend une joie excessive et un goût désordonné. En effet, par suite de cette joie excessive, la faculté irascible et la concupiscible sont tellement satisfaites qu'elles ne laissent plus à la raison son libre exercice. De là, d'ordinaire, beaucoup d'inconstance dans les projets et les bonnes oeuvres : on laisse les uns pour prendre les autres, on commence et on ne termine pas. C'est qu'on agit par goût personnel, et comme le goût est changeant (chez certains tempéraments plus que d'autres), quand il vient à faire défaut, la bonne oeuvre est abandonnée, ainsi que le projet d'abord conçu, et cela en choses importantes. Chez ces personnes, les joies prises dans la bonne oeuvre en est tout l'intérêt et toute la vigueur. Une foi la joie éteinte, l'oeuvre elle-même s'éteint et meurt, en sorte que l'on ne persévère pas.
C'est de ceux-là que le Christ dit dans l'évangile que :

ils reçoivent la parole avec joie, mais le démon venant ensuite, la leur enlève, en sorte qu'ils ne persévèrent point. (Lc 8, 12-13)

La raison en est qu'ils n'avaient pour toute vigueur et toute racine qu'une vaine joie. Rejeter cette joie et en séparer sa volonté devient, au contraire, une source de persévérance et de réussite. L'avantage dont nous parlons est donc considérable, comme l'est aussi le dommage opposé. L'homme sage attache ses regards sur la substance de la bonne oeuvre et sur les avantages qu'elle présente, et non sur la saveur et le plaisir qu'elle procure. De cette façon, il ne donne pas des coups en l'air, et par là même qu'il ne donne pas à la bonne oeuvre un tribut de propre satisfaction, il en tire une joie durable.
LE CANTIQUE SPIRITUEL B
CHAPITRE XX
«Ondes, brises, feux très ardents,
Et vous frayeurs des nuits dépourvues de sommeil».
9. Les quatre interpellations s'adressent aux mouvements qui naissent des quatre passions : la douleur, l'espérance, la joie et la crainte.
Par les "ondes", il faut entendre les impressions de la douleur et de l'afflixion, qui pénètrent dans l'âme semblables à des eaux qui débordent. David s'écriait, s'adressant à Dieu :
Sauve-moi, mon Dieu, parce que les eaux ont pénétré jusqu'à mon âme (Psaume 68)
Par les "brises", il faut entendre les sentiments d'espérance qui, semblables au souffle de la brise, volent par le désir vers le bien qui leur manque. D'où vient que David disait encore :
J'ai ouvert la bouche -de mon espérance- et j'ai attiré le souffle désiré, parce que j'ai espéré et soupiré après tes commandements (Psaume 118-131)
Les "feux très ardents"représentent le sentiment de la joie, qui enflamme le coeur à la façon du feu. C'est ce qui faisait dire au même David :
Mon coeur s'est échauffé au-dedans de moi et le feu s'embrasera dans ma méditation. (Psaume 38,4)
Ou en d'autres termes : la joie s'embrasera dans ma méditation.
Les "frayeurs des nuits dépourvues de sommeil" se doivent entendre des impressions de la quatrième passion, la crainte. Les épouvantes qui se produisent avant l'entrée au mariage spirituel sont souvent extrêmement vives. Elles ont quelquefois pour auteur Dieu Lui-même, qui s'apprête à gratifier l'âme de quelque faveur signalée. On éprouve alors des craintes et des frayeurs dans l'esprit, des défaillance dans la chair et dans les sens, parce que la nature n'a pas encore été fortifiée, perfectionnée, et qu'elle n'est pas habituée à recevoir des graces de cette sorte.
D'autres fois, ces épouvantes seront causées par le démon, qui guette le moment où Dieu attire l'âme en Lui-même par un recueillement plein de suavité. Cet esprit méchant est dévoré d'envie à la vue de la paix et de la félicité dont jouit cette âme. Il s'efforce donc d'exiter en elle une vive épouvante, afin de troubler son bonheur. Ce sont quelquefois de véritables menaces qu'il fait retentir dans son esprit. Se voit-il dans l'impossibilité de pénétrer jusqu'à l'intérieur de cette âme, à cause de la profondeur de son recueillement et de son union à Dieu,il tâche, du moins, de lui susciter des distractions par le dehors, en excitant dans sa partie sensitive des divagations et des angoisses, ou bien des douleurs physiques et des épouvantes, afin d'inquiéter l'épouse et, s'il se peut, la tirer de la chambre nuptiale.
Ces épouvantes sont appelées "frayeurs des nuits" parce qu'elles procèdent des démons qui s'en servent pour répandre les ténèbres dans l'âme et obscurcir la divine lumière dont elle jouit.
Elles sont dites encore "frayeurs des nuits dépourvues de sommeil", parce qu'elles font sortir l'âme de son doux sommeil intérieur et parce que les démons, aueurs de ces épouvantes, veillent continuellement pour les faire naître. C'est passivement, comme je l'ai dit, que ces frayeurs, qu'elles procèdent de Dieu ou du démon, s'emparent de l'esprit des personnes déjà spirituelles. Je ne dis rien ici des frayeurs naturelles, parce qu'elles n'ont pas de prise sur ces personnes. Quant aux épouvantes spirituelles que je viens de décrire, elles sont propres aux personnes qui s'adonnent à la vie de l'esprit.

CHAPITRE XXVIII
«Avec mon fond à son service»
4. Par son "fonds", elle entend ici tout ce qui tient à sa partie sensitive, c'est-à-dire le corps, avec ses sens et ses facultés tant intérieures qu'extérieures, les quatre passions de l'âme, les appétits naturels, et le reste. Elle déclare que tout ce fonds de l'âme est, lui aussi, employé au service de son bien-aimé, de même que la partie raisonnable et spirituelle dont il a été parlé au vers précédent. Son corps est maintenant appliqué à Dieu, puisque les opérations de ses sens intérieurs et extérieurs sont dirigés vers Lui. Les quatre passions de l'âme n'ont plus que Dieu pour unique objet: l'âme ne se réjouit qu'en Dieu, elle n'espère qu'en Dieu, elle ne craint que Dieu, elle ne s'afflige que selon Dieu. Tous ses appétits et tous ses soins vont uniquement à Dieu.

CHAPITRE XXXX
«Le siège enfin avait cessé»
Par le siège, l'âme entend l'ensemble de ses passions et de ses appétits naturels, qui, aussi longtemps qu'ils ne sont pas vaincus et amortis, l'environnent et l'assaillent tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. En disant que le siège n'existe plus, elle veut dire que ses passion sont asujetties à la raison et que ses appétits sont mortifiés.
Elle représente à l'Epoux que le siège des passions n'étant plus là pour faire obstacle, il est raisonnable de lui accorder les faveurs qu'elle sollicite. De fait, tant que les quatre passions ne sont pas réglées selon ieu et que les appétits ne sot ni purifés ni mortifiés, l'âme est incapable de voir Dieu.
Elle continue :
«Et voici que les cavaliers,
Lorsqu'ils voyaient les eaux, maintenant descendaient».

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Mariage spirituel ou union divine

L'ASSOMPTION RACONTEE

L' SSOMPTION RACONTÉE


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APOCALYPSE DE SAINT JEAN

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CHAPITRE 12
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1. Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête.
2. Elle était enceinte, et elle criait, dans le travail et les douleurs de l'enfantement.


3. Un autre signe parut encore dans le ciel : tout à coup on vit un grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes, sept diadèmes ;
4. de sa queue, il entraînait le tiers des étoiles du ciel, et il les jeta sur la terre. Puis le dragon se dressa devant la femme qui allait enfanter afin de dévorer son enfant, dès qu'elle l'aurait mis au monde.
5. Or, elle donna le jour à un enfant mâle, qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer; et son enfant fût enlevé auprès de Dieu et auprès de son trône,
6. et la femme s'enfuit au désert, où Dieu lui avait préparé une retraite, afin qu'elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours.
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II/IIIème SIÈCLE
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La première trace de la foi en l'Assomption de la Vierge est présente dans les récits apocryphes intitulés «Transitus Mariae» , dont l'origine attribuée à Méliton, évêque de Sardes, remonte pour l'essentiel aux IIème IIIème siècles. Il s'agit de représentations populaires et parfois romancées qui, cependant, dans le cas présent, renferment une intuition de foi du peuple de Dieu.
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EXTRAITS
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Marie, allait, selon son habitude, à l'intérieur du tombeau de notre Seigneur pour brûler de l'encens… Un vendredi, sainte Marie se rendit comme d'habitude auprès du tombeau. Pendant qu'elle priait, les cieux s'ouvrirent, et l'archange Gabriel descendit vers elle et lui dit :
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«Salut, ô toi qui as donné naissance au Christ, notre Dieu ! Ta prière, parvenue aux cieux auprès de celui qui est né de toi, a été exaucée.
Dans peu de temps, selon ta demande, tu laisseras le monde, tu partiras vers les cieux, auprès de ton fils, pour la vie véritable et éternelle».
Ayant entendu ces paroles, elle retourna vers Bethléem, accompagnée de trois jeunes filles, qui la servaient. Après s'être reposée peu de temps…, elle adressa une prière, disant :
«Mon Seigneur Jésus Christ…, écoute ma voix et envoie-moi ton apôtre Jean, pour que sa vue me procure les prémices de la joie. Envoie-moi aussi tes autres apôtres… quel que soit l'endroit où ils se trouvent par ton saint commandement, afin que je puisse, en les voyant, bénir ton nom célébré par de nombreux hymnes. J'ai confiance, parce qu'en toute chose tu écoutes ta servante.»
Pendant qu'elle priait, moi, Jean, j'arrivai, le Saint-Esprit m'ayant enlevé d’Éphèse sur une nuée et posé là où demeurait la mère de mon Seigneur… Et la sainte Mère de Dieu glorifia Dieu de ce que moi, Jean, j'étais venu auprès d'elle, se rappelant la parole du Seigneur qui déclarait : «Voici ta mère !» et «Voici ton fils !». Moi, Jean, je lui dis :
«Notre Seigneur Jésus-Christ et notre Dieu viendra, et tu le verras comme il te l'a promis.»
A cela, la sainte Mère de Dieu me répondit, disant :
«Les Juifs ont juré que, lorsque j'arriverai au terme de ma vie, ils brûleront mon corps.»
Mais moi, je lui répondis :
«Ton corps saint et précieux ne connaîtra pas la corruption.»…
Une voix venant des cieux dit alors : « Amen ». Le Saint-Esprit me dit :
«Jean, as-tu entendu cette voix qui parlait dans le ciel à la fin de ta prière ?»
Je répondis en disant :
«Oui, je l'ai entendue.»
Et le Saint-Esprit me dit :
«Cette voix, que tu as entendue, est le signal de l'arrivée imminente de tes frères, les apôtres, et de la sainte Puissance, car aujourd'hui ils viendront ici.»…
Et le Saint-Esprit dit aux apôtres :
«Pierre de Rome, Paul des bords du Tibre, Thomas du centre de l'Inde, Jacques de Jérusalem, tous arrivés en même temps sur des nuées depuis les extrémités de la terre, soyez réunis dans la sainte Bethléem, à cause de la mère de notre Seigneur Jésus-Christ qui est profondément bouleversée.»
André, le frère de Pierre, Philippe, Luc, Simon le Cananéen et Thaddée, qui étaient déjà endormis, furent réveillés de leurs tombeaux par le Saint-Esprit… Marc, qui était encore vivant, vint de même, lui aussi, d'Alexandrie, avec les autres, qui, ainsi qu'il a été dit, arrivaient de chaque région. Pierre, soulevé par une nuée, resta entre ciel et terre, soutenu par le Saint-Esprit, ensemble avec les autres apôtres, qui eux aussi avaient été enlevés sur des nuées, pour se retrouver avec Pierre. Et ainsi, par le Saint-Esprit, comme il a été dit, tous ensemble, ils arrivèrent. Pierre dit aux autres apôtres :
«Que chacun raconte à la mère de notre Seigneur ce que le Saint-Esprit nous a annoncé et ordonné.»…
Les apôtres dirent tout à la sainte Mère de Dieu, comment et de quelle manière ils étaient arrivés. Ensuite, elle étendit les mains vers le ciel et pria en disant :
«J'adore, je loue et je glorifie ton célèbre nom, ô Seigneur, car tu as posé les yeux sur ton humble servante, et toi, le Puissant, tu as fait pour moi de grandes choses. Et voilà que toutes les générations m'appelleront Bienheureuse»…
Et voici qu'il y eut une armée d'une multitude d'anges et de puissances, et on entendit une voix comme celle d'un Fils d'Homme. Et les séraphins entourèrent la maison où demeurait la sainte et irréprochable Mère de Dieu et Vierge. Et, ainsi, tous ceux qui étaient à Bethléem virent toutes les merveilles ; et ils allèrent à Jérusalem, et annoncèrent toutes les merveilles qui s'étaient produites… Une grande foule de gens, provenant de toutes les régions et se trouvant à Jérusalem pour la prière, entendit parler des Signes qui se produisaient à Bethléem par la mère du Seigneur. Ils se rendirent sur place, pour implorer la guérison de leurs diverses infirmités. Et ils l'obtinrent. Il y eut ce jour une joie ineffable : la multitude des guéris et des spectateurs glorifiaient le Christ, notre Dieu, et sa mère. De retour de Bethléem, tout Jérusalem était en fête aux chants des psaumes et des hymnes spirituels…
Après toutes ces merveilles arrivées par l'intermédiaire de la Mère de Dieu et toujours vierge Marie, la mère du Seigneur, alors que nous, les apôtres, étions avec elle à Jérusalem, le Saint-Esprit nous dit :
«Vous savez que c'est un dimanche que la bonne nouvelle fut annoncée par l'archange Gabriel à la Vierge Marie ; un dimanche que le Seigneur est né à Bethléem ; un dimanche aussi que les enfants de Jérusalem sortirent à sa rencontre avec des branches de palme en disant : Hosanna, dans les hauteurs des cieux, béni celui qui vient au nom du Seigneur ; un dimanche encore qu'il ressuscita des morts ; un dimanche qu'il doit venir pour juger les vivants et les morts ; et un dimanche enfin qu'il doit venir du ciel pour glorifier et honorer le départ de la glorieuse vierge qui l'a enfanté».
Ce même dimanche, la mère du Seigneur dit aux apôtres :
«Jetez de l'encens, car le Christ vient avec une armée d'anges.»
Et voici, le Christ se présenta, assis sur le trône des chérubins. Et, pendant que nous étions tous en prière, apparurent une multitude innombrable d'anges et le Seigneur, arrivé au-dessus des chérubins avec une grande puissance. Et voici qu'un éclat de lumière se porta sur la Sainte Vierge par la venue de son Fils unique. Toutes les puissances célestes se prosternèrent et l'adorèrent. Le Seigneur appela sa mère et lui dit : «Marie !»
Elle répondit :
«Me voici, Seigneur !» Et le Seigneur lui dit : «Ne t'afflige pas, mais que ton coeur se réjouisse et soit dans l'allégresse, car tu as obtenu la faveur de contempler la gloire qui me fut donnée par mon Père.»
La sainte Mère de Dieu leva les yeux et vit en lui une gloire qu'une bouche humaine ne peut dire ni saisir. Le Seigneur, restant à côté d'elle, lui dit :
«Voici que maintenant ton précieux corps sera transféré au paradis, pendant que ton âme sainte sera aux cieux dans les trésors de mon Père, dans une clarté supérieure, où sont la paix et la joie des anges saints et plus encore.»
Alors, le Seigneur se tournant vers Pierre lui dit :
«Le moment est venu d'entonner l'hymne.»
Quand Pierre entonna l'hymne, toutes les puissances des cieux répondirent par l'Alléluia. Alors, le visage de la mère du Seigneur brilla plus que la lumière. Et, se levant, elle bénit de sa propre main chacun des apôtres. Et tous glorifièrent Dieu. Le Seigneur, étendant ses mains pures, reçut son âme sainte et irréprochable. Et, pendant que sortait cette âme irréprochable, le lieu fut rempli d'un parfum et d'une lumière indicible. Voici qu'on entendait une voix céleste qui disait :
«Bienheureuse es-tu parmi les femmes.»…

Les apôtres portèrent la bière et déposèrent le précieux et saint corps à Gethsémani, dans un tombeau neuf. Et voici qu'un parfum délicat se dégagea du saint tombeau de notre Maîtresse, la Mère de Dieu. Et, pendant trois jours, on entendit des voix d'anges invisibles qui glorifiaient le Christ, notre Dieu, né d'elle. Et, le troisième jour achevé, on n'entendit plus les voix. Dès lors, nous sûmes tous que son corps irréprochable et précieux avait été transféré au paradis.
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IVème SIÈCLE
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SAINT EPHREM LE SYRIEN DE NISIBE (306/373)
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«Le corps de Marie est resté vierge après l’enfantement, ce corps ne connaît pas la corruption après la mort
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Elle est celle qui a porté le Créateur devenu enfant dans son sein, qu’elle habite désormais dans les
demeures divines, et que l’épouse de Dieu entre dans la
maison du ciel.
Elle a vu son propre fils en croix, et reçu dans son corps la douleur qu’elle n’a pas soufferte durant l’enfantement. Elle le contemple siégeant à la droite du Père, et elle ne connaît pas la corruption après la mort. […]
Qu’elle soit honorée par toutes les créatures comme la mère et la servante de Dieu»
Cet hymne est traditionnel dans la liturgie syrienne (hymnes à Marie pour la liturgie des heures, n° 16)
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Vème SIÈCLE
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La fête de la dormition est célébrée le 18 Janvier particulièrement en Égypte et en Gaule.
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VIème SIÈCLE
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SAINT GRÉGOIRE DE TOURS, évêque (539/594)
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«Enfin , lorsque la bienheureuse Marie eut accompli le cours de cette vie et fut sur le point d'être rappelée du siècle , ils accoururent tous, de chaque pays, vers sa maison. Apprenant qu'elle allait être enlevée au monde, ils veillaient avec elle, et voici que le Seigneur survint escorté de ses anges, et recevant l'âme de Marie , il la remit à l'archange Michel, et se retira.
Au point du jour, les apôtres levèrent le corps avec la couche, le placèrent dans le tombeau et le gardèrent, attendant l'arrivée du Seigneur. Tout à coup Jésus leur apparut de nouveau, et , enlevant ce corps sacré sur un nuage , il le fit transporter ainsi dans le paradis , où maintenant , ayant repris son âme, Marie savoure avec les élus de Dieu les biens de l'éternité qu'aucune fin ne saurait atteindre».
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(Livre des miracles de Georges Florent Grégoire de tours traduit par Henri Léonard Bordier édition 1857 . Livre 1 , chapitre 4)
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MAURICE 1er TIBÉRIUS, empereur de Contantinople (539/602)
Maurice 1er empereur byzantin de 582 à 602 fait restaurer l’église de la dormition. Il fixe au 15 août la fête de la dormition et l’étend à tout l’empire d’Orient.
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THÉOTECNO, ÉVÊQUE DE LIVIAS (=600) aux environs de la mer morte
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L’homélie de Théotecno sur l’Assomption de Marie au ciel constitue une des premières, sinon la première homélie composée pour ce mystère.
Il donne à la fête une dénomination nouvelle par rapport à la précédente (Dormition) : il appelle «analepsis» : Ascension. Il utilise la terminologie qui est celle utilisée aussi pour l’Ascension du Seigneur. L’Assomption serait arrivée après la mort corporelle qui n’aurait pas connu la corruption.
Théotecno a recherché des références bibliques qui illustrent et donnent une plus grande signification à la vérité de l’Assomption de la Vierge :
1. Jésus avait promis à ses apôtres qu’il serait allé leur préparer une place au ciel (Cf Gv 14,2) ; à plus forte raison il devait préparer une place à sa Mère (Cf n°10).
2. Les prophètes Énoch et Élie. S’ils furent emportés au ciel, à plus forte raison Dieu a élevé en son corps et son âme celle qui fut proclamée bienheureuse entre les prophètes (Cf n°13-14).
3. La ceinture laissée par Marie est une analogie avec le manteau laissé par Élie (Cf. Chalcoprateia, sanctuaire de Turquie).
4. Si Jésus a ouvert d’une parole le paradis au larron repenti, il ne pouvait pas faire moins avec Marie sa Mère (Cf n°3). Par analogie avec la vie du Fils qui fut marquée de la souffrance et de la gloire, de même, la vie de Marie, marquée par la douleur, devait se terminer dans une joie ineffable (Cf n°7).
5. Une autre analogie biblique, mais de caractère antithétique, peut être l’application du parallélisme classique
Ève-Marie. Le comportement différent des deux femmes semble sous-entendre que leur sort aussi devait être différent : si Ève fut exclue du paradis, Marie devait y rentrer et être une garantie de salut pour tous (Cf n°4).
Théotecno donne des fondements dogmatiques :
Marie a donné un corps au Fils de Dieu ; il a demeuré en son sein ; Marie a été l’arche, le temple, le tabernacle dans lequel le Seigneur a pris domicile. Une dignité semblable explique sa glorification finale.
Sa virginité et sa sainteté extraordinaire, inséparables pour les premiers chrétiens, expliquent que son corps eût une espèce d’exigence à être préservé de la corruption du sépulcre.
«Tous ne cessaient d’adresser des hymnes de louange à Dieu pour tout ce qu’il avait accompli en sa Mère et à exalter la Vierge elle-même pour la vie de sainteté sublime qu’elle avait mené sur cette terre et qui maintenant trouvait son épilogue évident dans la gloire de son Assomption au ciel.
Pendant que son corps était transporté du mont Sion à Gethsémani, vinrent des habitants de Judée pour déshonorer et profaner le corps saint de la Mère du Seigneur en le jetant du mont Sion et en le brûlant; mais ils furent frappés de cécité. L’un d’eux réussit à toucher le cercueil, il eut les mains coupées. Devant cette punition prodigieuse, les Juifs finirent par reconnaître en Marie la Mère de Dieu et par la louer comme les croyants ; de sorte qu’ils furent guéris (cf. n°19-20).
Entre temps les apôtres veillaient le corps très saint, selon le commandement reçu par le Seigneur, quand soudain ils entendirent un bruit de tonnerre et de tremblement de terre et ils virent la Vierge monter au ciel, où elle prit place à côté de son Fils, retrouvant ainsi ce qu’Ève avait perdu (cf. n° 24)»
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VIIème SIÈCLE
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SAINT MODESTE DE JÉRUSALEM (+634)
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«À titre de très glorieuse mère du Christ, l’auteur de la Vie et de l’Immortalité, Marie est vivifiée dans l’incorruptibilité éternelle de son corps, par celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui de la manière que lui seul connaît»
(On comprend, relisant cela, toute la ferveur des chrétiens de Jérusalem à l’égard de la Dormition de la Vierge)
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THÉODORE I Pape (+649)
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La pape Théodore (642-649) originaire de Constantinople apporte la fête de la «Dormition de Marie» à Rome.
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VIIIème SIÈCLE
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La fête de la la «Dormition de Marie» porte le nom de Pausatio (Repos de Marie) dans un évangéliaire de 740
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Elle s’appelle enfin l’Assomption dans un missel ou sacramentaire qu’on date de 770
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE (635/733)
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«Cela pouvait-il jamais arriver, Très Sainte Mère de Dieu, que le ciel et la terre se sentent honorés de ta présence, et que toi, avec ton départ, tu laisses les hommes privés de ta protection ? Non. Il est impossible de penser ces choses
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En effet, de même que lorsque tu étais dans le monde tu ne te sentais pas étrangère aux réalités du ciel, ainsi, après que tu sois partie de ce monde, tu n’es pas du tout devenue étrangère à la possibilité de communiquer en esprit avec les hommes…
Tu n’as pas du tout abandonné ceux auxquels tu as garanti le salut… en effet, ton esprit vit pour l’éternité et ta chair ne subit pas la corruption du sépulcre
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Toi, ô Mère, tu es proche de tous et tu protèges chacun et, bien que nos yeux ne puissent pas te voir, nous savons toutefois, ô Très Sainte Mère, que tu habites parmi nous et que tu es présente selon les manières les plus diverses… Toi (Marie) tu te révèles entièrement, comme il est écrit, dans ta beauté. Ton corps virginal est totalement saint, tout chaste, entièrement une maison de Dieu si bien que, également pour cette raison, il est absolument réfractaire à toute réduction en poussière. Celui-ci est immuable, du moment que ce qui était humain en lui a été assumé dans l’incorruptibilité, restant vivant et absolument glorieux, intact et participant à la vie parfaite. En effet, il était impossible que soit gardée dans le sépulcre des morts celle qui était devenue vase de Dieu et temple vivant de la très sainte divinité du Fils unique. D’autre part, nous croyons de manière certaine que tu continues à marcher avec nous»
(Patrologie Grecque de Migne 98, coll. 344B-346B, passim)
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«La mort de Marie exprime aussi que Jésus «était aussi un homme complet, fils d’une vraie mère soumise aux nécessités physiques par ordre de la volonté divine et par la norme qui règle le temps de la vie»
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE
Homilia in Dormitionem II, PG 98,345 CD.
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«L’événement de la mort et de l’Assomption de Marie au ciel eut des témoins influents dans la personne des Apôtres»
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE
Homilia in Dormitionem II, PG 98,357 B.
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«Mère de Dieu, vraiment je te le redis avec action de grâces, ton Assomption ne t’a nullement éloignée des chrétiens... Comment la dissolution de la chair aurait-elle pu te réduire en cendre et poussière, toi qui as délivré l’homme de la ruine de la mort par l’Incarnation de ton Fils ?»
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE
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«La mère de la Vie devait elle-même demeurer avec la Vie ; la mort ne pouvait être pour elle qu’un sommeil, et l’Assomption comme un réveil pour la mère de la Vie»
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE
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«Ainsi, morte aux choses qui finissent, tu as émigré vers les demeures incorruptibles de l’éternité où Dieu réside. Tu as été corporellement sa demeure et maintenant c’est lui qui, en retour, est devenu le lieu de ton repos»
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SAINT GERMAIN DE CONTANTINOPLE
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SAINT ANDRÉ DE CRÊTE (660-740), moine et évêque
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«La mort naturelle de Marie ne comporte pas - comme pour toute l'humanité - un esclavage, mais elle consiste presque dans un sommeil extatique, semblable au sommeil d'Adam quand de son côté Ève a été formée».
SAINT ANDRÉ DE CRÊTE «Sermon sur la dormition»
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ROME Basilique saint Clément
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La fête de l’Assomption de Marie a été célébrée au VIII° siècle à Rome ou se trouvait une fresque (encore visible) représentant l’Assomption dans la basilique souterraine de Saint-clément.
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SAINT AMBROISE D'AUPERT (+778), moine et évêque
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«S'est levé un jour glorieux, plein de splendeur, dans lequel nous croyons que la Vierge Marie est montée de ce monde au ciel
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C'est pourquoi toute la terre, illuminée par la disparition d'une Vierge si excellente, avec une grande exultation entonne l'hymne de louange [...]
Ô bienheureuse Marie, très digne de toute louange ; ô glorieuse génitrice ; Ô sublime accouchée, à ton sein s'est agrippé le Créateur du ciel et de la terre...
Si je t'appelle ciel, tu es plus élevée ;
si je te dis mère des peuples, tu es supérieure ;
si je te définie forme de Dieu, tu en es digne [...].
Ô humilité vraiment glorieuse de Marie !
Je le répète : elle est devenue la porte du Paradis et l'échelle qui conduit au ciel.
De façon certaine l'humilité de Marie s'est transformée en une échelle céleste, par le moyen de laquelle Dieu est descendu sur la terre [...].
C'est pourquoi, frères très aimés, avec toute l'ardeur de l'âme, confions-nous à l'intercession de la bienheureuse Vierge».
SAINT AMBROISE D'AUPERT «De Assumptione sanctae Mariae ; PL 39, 2130-213»
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SAINT JEAN DAMASCÈNE (650/750) Père et Docteur de l’Église
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«Celle qui, pour tous, a fait jaillir la vraie vie, comment tomberait-elle au pouvoir de la mort ? Certes, comme fille d’Adam, elle se soumet à la sentence (de mort) portée contre son père, car son Fils, qui est la Vie même, ne s’y est pas dérobé.Mais, comme mère du Dieu Vivant, il est juste qu’elle soit élevée
jusqu’à lui». Et il s’interroge : «Celle qui n’a commis aucun péché... comment le paradis pourrait-il ne pas la recevoir et le ciel ne pas lui ouvrir joyeusement ses portes ?» Il en conclut : «Il fallait que celle qui avait conservé sans tache sa virginité pendant l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort... Celle qui avait hébergé le Verbe de Dieu en son sein, ne pouvait qu’être logée dans la demeure de son Fils»
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PAUL DIACRE (+799) moine
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Dans l'événement de l'Assomption de Marie au ciel, Paul Diacre voit un des mystères dans lequel est révélé en toute évidence la plénitude de l'amour de Jésus envers sa mère.
Paul Diacre applique à Marie les paroles du Cantique des Cantiques :
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«Qui est celle-ci qui monte du désert, en exhalant des parfums suaves et en reposant sur son bien-aimé ?»
Il commente :
«De ce désert de misère déplorable, notre glorieuse Théotokos, le jour où le Seigneur s'est rappelé de la libérer du poids des gémissements dans lesquels elle se consumait à cause de l'absence de son Fils, elle est montée pleine de toute joie vers un désert bienheureux…»
Homélie XLV. In Assumptione, PL 95, 1491 B ; 752
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IXème SIÈCLE
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Saint LÉON III Pape (750/816)
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En 813 , le concile de Mayence rend la fête de l'Assomption obligatoire dans tout l’empire franc.
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Saint LÉON IV (+855)
En 847 une octave est jointe à la solennité de l'Assomption par le pape Léon IV c’est à dire qu’on célèbre l’ Assomption pendant huit jours.

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SAINT THÉODORE LE STUDITE (759/826) Moine bizantin
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«Au ciel, la Vierge continue à jouer un rôle de médiation et d'intercession auprès du trône de Dieu au service des croyants, en étant revêtue d'une dignité et d'un pouvoirroyal ; elle intervient aussi dans leur vie, en mettant en fuite le démon et en les protégeant du mal».
La dévotion mariale prêchée par Théodore comporte aussi une espèce de crainte révérencielle envers la Mère du Seigneur inspirée par sa grandeur, par sa dignité et son exaltation céleste.
Théodore est aussi le premier à nous renseigner sur la pratique du jeûne de quarante jours en préparation à la fête de l'Assomption, le 15 Août.
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XIIème SIÈCLE
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«S’il est pour toute chair un temps pour parler, s’écrie-t-il, c’est bien aujourd’hui où la Mère du Verbe fait chair est enlevée aux cieux... La piété ne souffre pas que nous taisions aujourd’hui la gloire de Marie»
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Ce qui ne l’empêche pas de conclure, plein de sagesse à l’égard de la gloire qui n’a sa source qu’en Dieu :
«Il me paraît encore plus prodigieux de voir le Fils de Dieu s’abaisser jusqu’à nous que de voir la Mère de Dieu exaltée aujourd’hui jusqu’à lui par pure grâce»
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Bienheureux GUERRIC D'IGNY (1080-1157)
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«Pendant neuf mois, le Christ a habité en elle ; pendant de nombreuses années, il a habité avec elle... Maintenant, en elle et avec elle à tout jamais, il la rassasie de la gloire de la bienheureuse vision»
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XIIIème SIÈCLE
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SAINT ANTOINE DE PADOUE (1195/1231) Docteur de l’Église
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«Vous savez clairement que la Vierge Marie a été élevée au ciel dans son corps de la même façon que Jésus Christ est ressuscité en triomphant de la mort et est monté à la droite du Père, ainsi pareillement est ressuscitée aussi l’Arche de sa sainteté, lorsque la Vierge Marie a été élevée dans la demeure céleste»
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Ct 3, 11 : Il posa sur sa tête le diadème royal
Il posa sur sa tête le diadème royal
«Venez, dit le Cantique, contemplez, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l'a couronné, au jour de ses épousailles» (Ct 3, 11)
La Vierge Marie a couronné le Fils de Dieu avec le diadème de la chair humaine, le jour de ses épousailles, lorsque la nature divine fut unie, comme un époux, à la nature humaine, dans la chambre nuptiale de la Vierge Marie. Aujourd'hui, le Fils a couronné sa Mère du diadème de la gloire céleste.
Venez, admirez la Mère avec le diadème dont son Fils l'a couronnée, aujourd'hui, jour de son Assomption.
SAINT ANTOINE DE PADOUE Sermon pour l'Assomption
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SAINT ALBERT LE GRAND (1193/1280) Théologien
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«Il est clair que la bienheureuse Mère de Dieu a été élevée en son âme et en son corps au-dessus du chœur des anges et nous croyons que cela est vrai de toutes façons»
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SAINT THOMAS D'ACQUIN (1224/1274) Théologien et Docteur de l'Église
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«le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme»
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SAINT BONAVENTURE (1217/1274) Théologien et Docteur de l'Église
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«Dieu n’a permis en aucune façon que le corps de Marie fut réduit à la corruption ou tombé en cendres, Il est donc évident que c’est en son âme et en son corps qu’elle se trouve au ciel : sans quoi elle n’aurait pas la jouissance béatifique achevée»
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XVème SIÈCLE
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SAINT BERNARDIN DE SIENNE (1380/1444)
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«Elle est devenue Notre Dame à l'Assomption, quand elle «fut exaltée au-dessus des chœurs des anges dans les royaumes célestes» ; et elle devint reine des cieux et reine des anges. Mais elle fut déjà admirablement illuminée à l'instant de l'infusion de son âme dans le corps; en mesure plus admirable encore au moment de la conception du Fils de Dieu ; et de manière admirable superlativement au moment de son Assomption et de sa glorification»
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XVIIème SIÈCLE
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LOUIS XIII dit le Juste (1601/1643)
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A la suite de prières à Marie, la menace d'une invasion espagnole est écartée. Louis XIII consacre sa personne et son royaume à la Vierge Marie par une déclaration donnée à Saint Germain en Laye et veille à ce que l’Édit du 10 février 1638, de la consécration de la France à Marie, soit enregistré par le Parlement comme un acte de l'autorité souveraine.
Il demande que des processions aient lieu en son honneur le 15 Août.
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L’Assomption devient une fête nationale.
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VŒU DE LOUIS XIII
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Consécration de La France au Cœur Immaculé de Marie :

«A ces causes, nous avons déclaré et nous déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge Marie pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, et nous avertissons le sieur Archevêque de Paris,
et néanmoins lui enjoignons que tous les ans, fête et jour de l'Assomption, il fasse faire, commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe, qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres dudit jour, il soit fait une procession en la dite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et les corps de ville, avec pareilles cérémonies que celles qui s'observent aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises, tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris. Exhortons pareillement les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres de leurs diocèses entendant qu'à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents, et d'avertir tous les peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis, qu'il jouisse longtemps d'une bonne paix, que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés, car tel est notre plaisir»
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SAINT FRANÇOIS DE SALES (1567/1622) Docteur de l’Église
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Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme vil et faible.
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Je vous supplie, très douce Mère, que vous me gouverniez et me défendiez dans toutes mes voies et actions.
Ne dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez ; car votre bien-aimé Fils vous a donné tout pouvoir, tant au ciel comme en la terre.
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Ne dites pas que vous ne devez ; car vous êtes la commune Mère de tous les pauvres humains et particulièrement la mienne.
Si vous ne pouviez, je vous excuserais disant : il est vrai qu'elle est ma mère et qu'elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d'avoir et de pouvoir.
Si vous n'étiez ma Mère, avec raison je patienterais disant : elle est bien assez riche pour m'assister ; mais hélas, n'étant pas ma mère, elle ne m'aime pas.
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Puis donc, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que vous êtes puissante, comment vous excuserais-je si vous ne me soulagez et ne me prêtez votre secours et assistance ?
Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d'acquiescer à toutes mes demandes.
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Pour l'honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme votre enfant, sans avoir égard à mes misères et péchés. Délivrez mon âme et mon corps de tout mal et me donnez toutes vos vertus, surtout l'humilité.
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Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et grâces, qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.
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Ainsi soit-il.
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XXème SIÈCLE
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PIE XII (1876/1958)
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1er novembre 1950
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Le Dogme de l'Assomption a été promulgué par le Pape Pie XII dans sa Constitution apostolique Munificentissimus Deus
«Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste».
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PAUL VI (1897/1963)
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La Constitution dogmatique Lumen Gentium promulguée par le pape Paul VI le 21 Novembre 1964 précise :
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«Enfin, la Vierge Immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au
terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf.Apoc. 19, 16) et vainqueur du péché et de la mort». (Lumen Gentium 59).
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Je vis, dans la nuit, plusieurs apôtres et saintes femmes prier et chanter des cantiques dans le petit jardin qui était devant le tombeau. Une large voie lumineuse s’abaissait du ciel vers le rocher, et je vis s'y
s'y mouvoir une gloire formée de trois sphères pleines d'anges et d'âmes bienheureuses qui entouraient l'apparition de Notre Seigneur et de l'âme resplendissante de Marie. La figure de Jésus-Christ, avec des rayons partant de ses cicatrices, planait devant elle. Autour de l'âme de Marie, je vis, dans la sphère intérieure, de petites figures d'enfants ; dans la seconde, c'étaient comme des enfants de six ans, et, dans la sphère extérieure, comme des adolescents déjà grands. Je ne vis distinctement que les visages, tout le reste m'apparut comme des formes lumineuses resplendissantes. Quand cette apparition, devenant de plus en plus distincte, fut arrivée au rocher, je vis une voie lumineuse qui s'étendit depuis elle jusqu'à la Jérusalem céleste. Je vis alors l'âme de la sainte Vierge qui suivait la figure de Jésus descendre dans le tombeau à travers le rocher, et, bientôt après, unie à son corps transfiguré, en sortir plus distincte et plus brillante, et s'élever avec le Seigneur et le choeur des esprits bienheureux jusqu'à la Jérusalem céleste. Toute cette lumière s'y perdit, et je ne vis plus nu dessus de la terre que la voûte silencieuse du ciel étoilé.
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Je ne sais pas si les apôtres et les saintes femmes qui priaient devant le tombeau virent aussi tout cela ; mais je les vis, frappés d'étonnement, regarder le ciel comme en adoration ou se prosterner je visage contre terre. J'en vis aussi quelques-uns qui revenaient avec la civière, priant et chantant des cantiques, et qui s'arrêtaient aux diverses stations du chemin de la Croix, se tourner avec une pieuse émotion vers la lumière qui brillait sur le tombeau.
[...]
Mais Thomas et Jonathan désiraient se rendre au tombeau de la sainte Vierge. Alors les apôtres allumèrent des flambeaux, qu'on assujettit à des perches, et allèrent avec eux au tombeau en passant par le chemin de la Croix. Ils parlaient peu, s'arrêtaient quelques moments aux pierres des stations, et méditaient sur la voie douloureuse du Sauveur et sur la compassion de sa Mère, qui avait élevé ces pierres commémoratives et les avait si souvent arrosées de ses larmes. Arrivés à la grotte du tombeau, ils s'agenouillèrent tous ; mais Thomas et Jonathan se précipitèrent vers l'entrée du caveau, et Jean les suivit. Deux disciples écartèrent les branches des arbrisseaux qui étaient devant la porte : ils entrèrent, et s'agenouillèrent avec une crainte respectueuse devant la couche sépulcrale de la sainte Vierge. Alors Jean s'approcha du cercueil, qui faisait un peu saillie au-dessus de la fosse, détacha les bandes qui l'entouraient, et enleva le couvercle. Puis ils approchèrent la lumière du cercueil, et furent saisis d'un profond étonnement lorsqu'ils ne virent devant eux que les linceuls vides, conservant encore la forme du saint corps. Ils étaient séparés à la place du visage et de la poitrine ; les bandelettes qui avaient entouré les bras étaient déliées, mais le corps glorifié de Marie n'était plus sur la terre. Ils levèrent les yeux et les bras vers le ciel comme s'ils eussent vu le saint corps enlevé à ce moment même, et Jean cria à l'entrée du caveau : «Venez et voyez, elle n'est plus ici ». Alors ils entrèrent deux par deux dans l'étroit caveau, et virent avec étonnement les linges vides étendus sous leurs yeux. Étant sortis, tous s'agenouillèrent à terre, regardèrent le ciel en levant les bras, prièrent, pleurèrent et louèrent le Seigneur et sa mère, leur chère et tendre mère, lui adressant, comme des enfants fidèles, les douces paroles d'amour que l'Esprit saint mettait sur leurs lèvres. Alors ils se souvinrent de cette nuée lumineuse qu'après les funérailles ils avaient vue descendre vers le tombeau et remonter au ciel. Jean retira respectueusement du cercueil les linceuls de la sainte Vierge, les plia, les roula, les prit avec lui ; puis il remit le couvercle et l'assujettit de nouveau avec les bandes d'étoffe. Ils quittèrent ensuite le caveau, dont l'entrée resta masquée par le massif de verdure. Priant et chantant des psaumes, ils revinrent à la maison par le chemin de la Croix ; puis ils se rendirent tous dans la pièce qu'avait habitée Marie. Jean déposa respectueusement les linceuls sur la petite table qui était devant l'oratoire de la sainte Vierge. Thomas et les autres prièrent encore à la place où elle avait rendu le dernier soupir. Pierre se retira à part comme pour méditer ; peut-être faisait-il sa préparation, car je vis ensuite dresser l'autel devant l'oratoire de Marie où était la croix, et Pierre célébrer un service solennel. Les autres, rangés derrière lui, priaient et chantaient alternativement. Les saintes femmes se tenaient plus en arrière prés des portes et de la partie postérieure du foyer.
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