lundi 21 juin 2010

HISTOIRE DU CULTE DU SACRÉ-CŒUR

ISTOIRE DU CULTE
DU SACRÉ-CŒUR
.
.
.
.
.
.
«La dévotion au Cœur de Jésus est la synthèse de toute la religion catholique», affirmait le Pape PIE XII. Tout nous vient du Cœur de Jésus : l’Église, le Pardon, l'Eucharistie et la Vierge Marie.

Jésus, debout dans le Temple, s'écria :
«Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, celui qui croit en moi», selon le mot de l’Écriture : «De son sein couleront des fleuves d'eau vive». (Jean 7, 37-39)

Le Cœur de Jésus a été ouvert sur la croix par la lance du soldat et depuis ce temps, il en sort des fleuves d'amour, de tendresse et de miséricorde. Jésus, en montrant son Cœur à SAINTE MARGUERITE-MARIE, a fait des promesses à ceux qui auront une dévotion envers son Cœur, c'est-à-dire à
«ceux qui regarderont vers Celui qu'ils ont transpercé». Retenons celle-ci : «Les âmes tièdes deviendront ferventes et les ferventes progresseront rapidement dans la sainteté».
«Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté». (Hébreux 10, 14)

Le Cœur de Jésus est fournaise ardente, et Il nous invite à nous en approcher pour être remplis de son Amour.

Le Pape JEAN XXIII, dans son
«Journal de l’Âme», livre le secret de la fécondité de sa vie :
«Aujourd'hui, tout ce qui concerne le Sacré-cœur de Jésus m'est devenu familier et très cher ; ma vie semble destinée à se dépenser sous la lumière qui émane du tabernacle et c'est au Cœur de Jésus que je dois recourir pour trouver la solution de tous mes troubles. J'ai la conviction que je serais prêt à verser mon sang pour la cause du Sacré-cœur. Je veux que la dévotion au Sacré-cœur, enracinée dans le sacrement d'Amour, soit la mesure de tout mon progrès spirituel».
«Un soldat lui perça le côté
Et aussitôt
Il sortit du sang et de l’eau»
SAINT JEAN, «le disciple que Jésus aimait», se trouvait au pied de la Croix quand le centurion romain transperça le Côté de Jésus de sa lance, et il en rend témoignage, avec insistance :
.
25. Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine.
26. Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : «Femme, voilà votre fils»
27. Ensuite il dit au disciple : «Voilà votre mère». Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
28. Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant consommé, afin que l'Écriture s'accomplît, dit : «J'ai soif»
29. Il y avait là un vase plein de vinaigre ; les soldats en remplirent une éponge, et l'ayant fixée au bout d'une tige d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche.
30. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : «Tout est consommé», et baissant la tête il rendit l'esprit.
31. Or, comme c'était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés et qu'on les détachât.
32. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui.
33. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes.
34. Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
35. Et celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez.
36. Car ces choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie : «Aucun de ses os ne sera rompu»
37. Et il est encore écrit ailleurs : «Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé»

Que veut nous dire SAINT JEAN ? Qu’il a vu sortir du côté de Jésus du sang et de l’eau ? Son insistance est trop grande pour se limiter à ce simple témoignage.
SAINT JEAN «le voyant de Patmos», au regard pénétrant de l’aigle qui est son symbole, veut nous dire quelque chose de plus :

«pour que vous aussi vous croyiez».

Que nous croyions qu’il a vu sortir du côté de Jésus du sang et de l’eau ? Penser cela serait méconnaître profondément l’
Évangile qu’il a écrit, et tout ce qu’il veut nous dire, et que les autres évangélistes n’ont pas dit.

Dès le début, aussitôt après le récit des Noces de Cana, alors que
«la Pâque des Juifs approchait» (précision importante, après le signe de Cana !), JEAN nous raconte l’épisode des vendeurs chassés du Temple, que MATHIEU et MARC placent beaucoup plus tard dans leur évangile (Mathieu 21 ; Marc 11) :

13. Or la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem.
14. Il trouva dans le temple les marchands de bœufs, de brebis, et de colombes, et les changeurs assis.
15. Et ayant fait un petit fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, avec les brebis et les bœufs ; il jeta par terre l'argent des changeurs et renversa leurs tables.
16. Et il dit aux vendeurs de colombes : «Enlevez cela d'ici ; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic»
17. Les disciples se ressouvinrent alors qu'il est écrit : «Le zèle de votre maison me dévore.»
18. Les Juifs prenant la parole lui dirent : «Quel signe nous montrez-vous pour agir de la sorte ?»
19. .Jésus leur répondit : «Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours»
20. Les Juifs repartirent : «C'est en quarante-six ans que ce temple a été bâti, et vous, en trois jours vous le relèverez !»
21. Mais lui, il parlait du temple de son corps.
22. Lors donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se souvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.

Dans une note (c), la Bible de Jérusalem explique :
«le Corps du Christ Ressuscité sera le centre du culte en esprit et en vérité, le lieu de la présence divine, le temple spirituel d’où jaillit la source d’eau vive». C’est là un des grands symboles johanniques :

22.  Du temple, je n'en vis point en elle ; c'est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l'Agneau.

Le Corps de Jésus est
«le temple spirituel d’où jaillit la source d’eau vive», nous explique la note de la Bible de Jérusalem. L’eau qui sort du côté de Jésus est, pour JEAN, la source d’eau vive qui sort du Temple qu’est son Corps. SAINT JEAN, qui insiste par deux fois sur l’accomplissement des Écritures :

36. Car ces choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie : «Aucun de ses os ne sera rompu»
37. Et il est encore écrit ailleurs : «Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé»

n’a pas pu ne pas penser à la vision du prophète
Ezéchiel, en septembre-octobre 573 avant Jésus-Christ : la vision du Temple futur, du Temple Messianique, et surtout de la vision de la «Source du Temple» (au chapitre 47), dont la liturgie pascale a repris le texte pour le rite de l’Aspersion des fidèles avant la Messe [forme extraordinaire], à la place de «l’Asperges me» habituel pour le reste de l’année : «Vidi Aquam» - «Vida Aquam egredientem de Templo a latere dextro».

Voici cette vision qu’il faut citer dans sa totalité pour comprendre ce qu’a compris SAINT JEAN !


1. Il me ramena ensuite à l'entrée de la maison. Et voici que des eaux sortaient de dessous le seuil de la maison, du côté de l'orient ; car la face de la maison regardait l'orient. Et les eaux descendaient de dessous le côté droit de la maison, au midi de l'autel.
2. Il me fit sortir par le portique du septentrion et me fit faire le tour à l'extérieur, jusqu'au portique extérieur qui regardait l'orient ; et voici que les eaux coulaient du côté droit.
3. Quand l'homme fut sorti vers l'orient, avec le cordeau qu'il avait à la main, il mesura mille coudées et me fit passer par cette eau : de l'eau jusqu'aux chevilles.
4. Il en mesura encore mille et me fit passer dans l'eau : de l'eau jusqu'aux genoux. Il en mesura encore mille et me fit passer : de l'eau jusqu'aux reins.
5. Il en mesura encore mille : c'était un torrent que je ne pouvais traverser, car les eaux avaient grossi ; c'étaient des eaux à passer à la nage, un torrent qu'on ne pouvait traverser.
6. Et il me dit : «Fils de l'homme, as-tu vu ?» Puis il me fit revenir au bord du torrent.
7. En me retournant, voici que j'aperçus sur le bord du torrent des arbres en très grand nombre, de chaque côté.
8. Et il me dit : «Ces eaux s'en vont  vers le district oriental ; elles descendront dans la Plaine et entreront dans la mer ; elles seront dirigées vers la mer, et les eaux en deviendront saines.
9. Tout être vivant qui se meut, partout où entrera le double torrent, vivra, et le poisson sera très abondant ; car dès que ces eaux y arriveront, les eaux de la mer deviendront saines, et il y aura de la vie partout où arrivera le torrent.
10. Aux bord de cette mer se tiendront des pécheurs; d'Engaddi à Engallim des filets seront étendus ; il y aura des poissons de toute espèce, comme ceux de la grande mer, très nombreux.

Le LINCEUL DE TURIN nous montre que la lance a percé le côté droit du Christ, pour remonter jusqu’au cœur de Jésus. Le côté droit du Corps du Christ, le côté droit du Temple de son Corps !

C’est cela que JEAN veut nous dire, et c’est pour cela qu’il insiste sur la véracité de son témoignage, afin que nous croyions ! Que nous croyions que cette eau qui sort du côté droit est la réalisation de la vision du Prophète ÉZÉCHIEL : l’eau qui sort du Temple Messianique, l’eau qui sort du Temple qu’est le Corps de Jésus.

Et ce n’est pas par hasard que JEAN, au regard de qui rien n’échappe, nous donne le récit de la pêche miraculeuse. Non pas celle, bien différente, dont parle les autres évangélistes, qui se situe au moment de l’appel des quatre premiers disciples, mais que seul saint LUC raconte ainsi :


1. Or, comme la foule se pressait vers lui pour entendre la parole de Dieu, et qu'il se tenait sur le bord du lac de Génésareth,
2. il vit deux barques qui stationnaient sur le bord ; les pêcheurs étaient descendus et lavaient les filets.
3. Il monta dans une des barques, qui était à Simon, et le pria de s'éloigner un peu de terre ; et s'étant assis, de la barque il enseignait les foules.
4. Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : «Mène au large, et jetez vos filets pour la pêche»
5. Simon répondit : «Maître, toute la nuit nous avons peiné sans rien prendre ; mais, sur votre parole, je jetterai les filets»
6. Et l'ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons; et leurs filets se rompaient.
7. Et ils firent signe aux compagnons, qui étaient dans l'autre barque, de venir à leur aide. Ils vinrent, et on remplit les deux barques, au point qu'elles enfonçaient.
8. Ce que voyant, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus en disant : «Eloignez-vous de moi, parce que je suis un pécheur, Seigneur !»
9. Car la stupeur l'avait envahi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche des poissons qu'ils avaient faite ;
10. et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient associés à Simon. Et Jésus dit à Simon : «Ne crains point; désormais ce sont des hommes que tu prendras»
11. Ils ramenèrent les barques à terre et, laissant tout, ils le suivirent.

SAINT JEAN, seul, comme il l’a fait pour Cana, pour le lavement des pieds, et de nombreux autres épisodes, nous donne le récit de cette pêche miraculeuse, après la Résurrection de Jésus, au bord du Lac de Tibériade, à propos de laquelle il donne cette précision importante dont ne parle aucun des trois autres évangélistes : 


14. C'était déjà la troisième fois que Jésus apparaissait à ses disciples, depuis qu'il avait ressuscité des morts.

Si SAINT JEAN rapporte cet épisode, c’est qu’il a établi un rapport entre ce qu’il a vu quand il était au pied de la Croix, l’eau qui s’écoule du côté droit de Jésus, et l’eau qui s’écoule du côté droit du Temple Messianique vu par le prophète ÉZÉCHIEL. La lecture de texte est importante : le petit filet d’eau qui sort du côté droit du Temple et devient un fleuve impétueux qui se jette dans la Mer et la purifie et donne la vie, c’est ce petit filet d’eau qui sort du Côté du Christ, qui se répand sur le monde et dans le monde, pour le purifier et pour donner la vie : l’eau du Baptême, le don du Saint-Esprit.


1. Après cela, Jésus se montra de nouveau à ses disciples sur les bords de la mer de Tibériade : et il se montra ainsi :
2. Simon-Pierre, Thomas appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples étaient ensemble.
3. Simon-Pierre leur dit : «Je vais pêcher» Ils lui dirent : «Nous y allons, nous aussi, avec toi» Ils sortirent donc et montèrent dans la barque; mais ils ne prirent rien cette nuit-là.
4. Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus.
5. Et Jésus leur dit: «Enfants, n'avez-vous rien à manger ?» Non, répondirent-ils.
6. Il leur dit : «Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez.» Ils le jetèrent, et ils ne pouvaient plus le tirer à cause de la grande quantité de poissons.
7. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : «C'est le Seigneur !» Simon-Pierre, ayant entendu que c'était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer.
8. Les autres disciples vinrent avec la barque (car ils n'étaient éloignés de la terre que d'environ deux cents coudées), en tirant le filet plein de poissons.
9. Quand ils furent descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson mis dessus, et du pain.
10. Jésus leur dit : «Apportez de ces poissons que vous venez de prendre»
11. Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet qui était plein de cent cinquante-trois grands poissons ; et quoiqu'il y en eût un si grand nombre, le filet ne se rompit point.
12. Jésus leur dit : «Venez et mangez.» Et aucun des disciples n'osait lui demander : «Qui êtes-vous ?» parce qu'ils savaient qu'il était le Seigneur.
13. Jésus s'approcha, et prenant le pain, il leur en donna ; il fit de même du poisson.
14. C'était déjà la troisième fois que Jésus apparaissait à ses disciples, depuis qu'il avait ressuscité des morts.

«Plein de gros poissons : cent cinquante trois».Je pense qu’il n’est pas nécessaire de chercher une signification au nombre 153. Ce qui compte, c’est le nombre important de poissons, de gros poissons, comme l’avait vu le prophète ÉZÉQUIEL : «Le poisson sera très abondant...et très nombreux». Du Cœur transpercé de Jésus, il sort du Sang et de l’Eau. Le prophète ÉZÉQUIEL avait dit : «car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent».

Et, dans le Livre de l’
APOCALYPSE, les 24 Vieillards chantent le chant suivant en l’honneur de l’Agneau Immolé : 

6. Et je vis, et voici qu'au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards,
7. un Agneau était debout : il semblait avoir été immolé ; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint, et reçut le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône.
8. Quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfums, qui sont les prières des saints.
9. Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : «Vous êtes digne de recevoir le livre et d'en ouvrir les sceaux ; car vous avez été immolé et vous avez racheté pour Dieu, par votre sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ;

Je crois que l’on peut dire, sans être trop téméraire que le premier à avoir donné les bases à la dévotion au Sacré-Cœur, est précisément
SAINT JEAN, «le disciple que Jésus aimait», celui qui, lors de la dernière Cène, pencha sa tête sur la poitrine de Jésus (Jean 13, 25). La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus commence avec ce témoignage de SAINT JEAN : «un soldat, de sa lance, lui perça le côté, et il en sortit du Sang et de l’Eau»(Jean 19, 34).
C’est ce Cœur qu’a vu SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE, et à laquelle il dit :
 
«Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son Amour».
ENSEIGNEMENT DES SAINTS PÈRES SUR L'AMOUR SENSIBLE DE JÉSUS
.
SAINT JUSTIN DE NAPLOUSE, martyr (100/168)
SAINT JUSTIN, répétant à peu près les paroles de l’apôtre, écrit :
«Nous adorons et aimons le Verbe, né du Dieu non engendré et ineffable. En vérité, il s’est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en y prenant part»
Apol. 2, 13 ; P.G. VI, 465.
.
SAINT BASILE DE CESAREE, Évêque, Docteur de l’Église (329/379)
SAINT BASILE, ensuite, le premier des trois Pères Cappadociens, affirme clairement que les affections sensibles du Christ furent à une certaine époque vraies et saintes.
.
«On sait que le Seigneur a assumé les affections naturelles pour confirmer la réalité de l’Incarnation, vraie et non fantastique ; il repoussa d’ailleurs les affections des vices qui souillent la pureté de notre vie, parce qu’il les jugea indignes de sa divinité sans tache»
Epist. 261, 3 ; P. G. XXXII, 972.
.
SAINT JEAN CHRYSOSTOME, Évêque , Docteur de l’Église (349/407)
Pareillement, SAINT JEAN CHRYSOSTOME, le plus illustre dignitaire de l’Église d’Antioche, reconnaît que les émotions sensibles qu’éprouvait le Divin Rédempteur, démontraient clairement qu’il avait revêtu la nature humaine dans son intégrité : 
. 
«En effet, s’il n’avait pas été de notre nature, il n’aurait pas pleuré au moins deux fois» 
In Ioann. Homil. 63, 2: P. G. LIX, 350.
.
SAINT AMBROISE DE MILAN, Évêque, Père de l’Église (340/397)
Ainsi, SAINT AMBROISE voit dans l’union hypostatique la source naturelle des affections et des émotions dont le Verbe incarné ne fut pas exempt : 
. 
«Et c’est pourquoi, ayant pris une âme, il prit aussi les affections de l’âme ; Dieu, en effet, du fait qu’il était Dieu, n’aurait pu être ému ou mourir»
De fide ad Gratianum. II, 7, 56; P. L. XVI, 594.
.
SAINT JÉRÔME DE STRIDON, Père et Docteur de l’Église (347/420)
C’est de ces affections sensibles que SAINT JÉRÔME tire son principal argument pour affirmer que le Christ avait réellement pris la nature humaine : 
«Notre Seigneur, pour prouver la vérité de sa nature humaine, a vraiment été sujet à la tristesse»
Cfr Super Matth. XXVI, 37; P. L. XXVI, 205.
.
SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE, Évêque, Père et Docteur de l’Église (354/430)
SAINT AUGUSTIN reconnaît particulièrement le lien intime qui existe entre les affections sensibles du Verbe Incarné et la fin de la Rédemption de l’homme :
«Mais le Seigneur Jésus a pris ces affections de la nature humaine fragile, comme la chair même de l'humanité infirme et la mort de la chair humaine, non par nécessité de sa condition divine, mais poussé par une volonté de miséricorde ; pour transfigurer en lui-même son corps, qui est l'Église, dont il a daigné être la tête, c'est-à-dire ses membres qui sont ses saints et ses fidèles.
En sorte que si l'un d'eux venait, sous le poids des tentations humaines, à s'attrister et à souffrir, qu'il ne s'estime pas pour cela soustrait à l'action de sa grâce ; et qu’il comprenne que ce ne sont pas là des péchés, mais seulement des marques de l'infirmité humaine.
Et, comme le chœur s'accorde à la voix qui entonne, ainsi son Corps Mystique se modèlerait sur son propre Chef
»
Enarr. in Ps. LXXXVII, 3: P. L. XXXVII, 1111.
.
SAINT JEAN DAMASCENE, Docteur de l’Église (675/749)
Avec plus de concision, mais non moins d’efficacité, les passages suivants de SAINT JEAN DAMASCÈNE proclament la doctrine manifeste de l’Église :
«Dieu a pris tout ce qui est en moi, homme, et tout s’est uni à tout pour apporter le salut à tout homme. En effet, n’aurait pas pu être guéri ce qui n’a pas été pris»
De fìde Orth. III, 6: P. G. XCIV, 1006.
«Le Christ, donc, a pris tous les éléments composant la nature humaine pour tout sanctifier»
Ibid. III, 20 : P. G. XCIV, 1081.
Les Saints Pères, vrais témoins de la Révélation divine, ont parfaitement compris ce que l’apôtre PAUL avait déjà affirmé clairement, que le mystère de l’amour divin était comme le fondement et le couronnement tant de l’Incarnation que de la Rédemption. En effet, dans leurs écrits, les passages dans lesquels on lit que Jésus-Christ prit une nature humaine et un corps périssable et fragile comme le nôtre sont nombreux pour cette raison principale qu’il désirait contribuer à notre salut éternel et nous manifester de la façon la plus claire son amour infini, y compris son amour sensible.
Il faut remarquer cependant que ces passages de la Sainte Écriture et des Pères de l’Église, et de nombreux passages semblables que nous n'avons pas cités, bien que témoignant nettement que Jésus-Christ fut doté d'affections et d'émotions sensibles et qu'il prit la nature humaine pour réaliser notre salut éternel, ne mettent jamais en évidence le lien entre ces affections et le cœur physique du Sauveur de manière à en faire expressément le symbole de son amour infini.
XVIème SIÈCLE
.
BIENHEUREUX JOSÉ DE ANCHITA (1534-1597)
Le premier «signe»public-dévotionnel au Sacré-cœur n'eut pas lieu en Europe. Il se produisit au Brésil, au tout début de l'évangélisation de cet immense pays. Ce fut BIENHEUREUX JOSÉ DE ANCHITA, apôtre du Brésil, Jésuite, qui, en 1552, dédia au Sacré-cœur une modeste église à Guarapary. La construction se trouve dans le diocèse «Do Espiritu Santo», sur la côte atlantique, au nord de Rio de Janeiro.
.
SAINT PIERRE CASANIUS, Docteur de l'Église
(1521-1597)
La surprise s'accroit en connaissant l'expérience mystique de SAINT PIERRE CASANIUS - portrait ci-joint], contemporain de Anchieta. Canisius eut l'expérience mystique du Sacré-cœur quarante ans avant la construction de la petite église au Brésil. Il écrit, dans ses notes spirituelles, que le jour de sa profession solennelle à Rome, il alla prier au Vatican sur le tombeau des apôtres. Pendant la prière, entre autres expériences, il eut celle-ci :
«Toi, ô Sauveur, à la fin, comme s'ouvrait le Cœur de ton très saint Corps, qu'il me parut voir en face de moi, toi, tu m'as commandé de boire à cette source en m'invitant, pour ainsi dire, à puiser les eaux de mon salut à Tes sources, ô mon Sauveur»
.
.
.
.
XVIIème SIÈCLE
.
VÉNÉRABLE LUIS DE LA PUENTE (1554/1524)
Au début de 1600 la dévotion au Sacré-cœur se répandit spécialement grâce aux Pères Jésuites. Nous en rappelons quelques-uns parmi les plus connus. En Espagne, le VÉNÉRABLE LUIS DE LA PUENTE (1554/1524) traita de cette dévotion dans ses nombreuses publications.
.
En Hongrie, MATYAS HAJNAL écrit en hongrois un livre de prières, où il présente «La dévotion pour les cœurs qui aiment le Cœur de Jésus»
.
En Pologne KASPER DRUZBICKI composa le traité «Meta cordium Cor Jesu».
.
PÈRE VINCENT HUBY (1608-1693)
En France, le PÈRE VINCENT HUBY propagea cette dévotion dans les missions paroissiales en Bretagne et aux cours des Exercices dans des groupes d'une dizaine de personnes.
.
SAINT JEAN EUDES (1601-1680)
L'activité des Jésuites et d'autres propagea la dévotion au Sacré-cœur dans un contexte public, mais pas très étendu. Il y eut une bonne évolution avec SAINT JEAN EUDES (1601-1680). Son œuvre dans la diffusion de la dévotion aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie fut grande. On lui doit la première composition de la Messe et de l'Office en l'honneur du Sacré-cœur. LÉON XIII – qui connaissait bien l'histoire de cette dévotion – le considéra comme «l'auteur du culte liturgique des Sacrés-Cœurs».
.
SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE (1647-1690)
Cinq ans après l'approbation de la Messe, il y eut les révélations à SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE à Paray-le-Monial, de 1673 à 1675.
.
Plusieurs messages sont adressés à SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE par notre Seigneur Jésus-Christ. La révélation la plus significative se produit le 16 juin 1675, jour de la Fête-Dieu : «Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, n’a rien épargné Jusqu’à se consumer pour leur témoigner son amour et ne reçoit que froideurs et mépris».
Le premier message s’adresse aux rois : 
«Il désire entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des Rois, pour y être honoré, autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en sa passion». Mais plus spécifiquement à LOUIS XIV : «Fais savoir au fils aîné de mon Sacré-Cœur que, comme sa naissance a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte enfance (cf. ci-dessous, EXCURSUS) de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Cœur adorable qui veut triompher du sien et, par son entremise, de celui des grands de la terre». 

Le deuxième message 
«Le Père Éternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l’adorable Cœur de son Divin Fils a reçues dans la maison des princes de la terre veut établir son empire dans le cœur de notre Grand monarque, duquel il veut se servir pour l’exécution de ses desseins».

Le Roi est fils aîné du Sacré-cœur en qualité de chef d’État, de même que la France est Fille aînée de l’Église.
 
Le troisième message demande au Roi :
«d’être peint sur ses étendards et gravé sur ses armes pour le rendre victorieux de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds les têtes orgueilleuses et superbes, afin de le rendre triomphant de tous les ennemis de la Sainte-Église».
 
Le quatrième message est de «faire construire un édifice où sera le tableau de ce Divin Cœur, pour y recevoir la consécration et les hommages du Roi et de toute la cour. Dans cet édifice le chef de la nation française reconnaîtra l’empire du divin Cœur sur lui-même et la nation, il proclamera sa royauté, se dira lieutenant du Christ».
 
SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE résume les conséquences du culte public au Sacré-Cœur : 
. 
«Je prépare à la France un déluge de grâces lorsqu’elle sera consacrée à mon Divin Cœur».
.
SAINT CLAUDE DE LA COLOMBIERE(1641/1682)
Le Jésuite SAINT CLAUDE DE LA COLOMBIÈRE, confesseur de la voyante, retint les révélations pour authentiques. Mais, peu après, en 1676, il fut envoyé en Angleterre, emprisonné à cause de fausses accusations et il tomba gravement malade.

Renvoyé en France en 1679, l'infirmité l'empêcha de diffuser la dévotion au Sacré-cœur. Mais DE LA COLOMBIÈRE l'inculqua à plusieurs étudiants jésuites, dont il était le directeur spirituel. Il mourut en 1681.
.
LE PÈRE GALLIFET (1663/1749) soutient SAINTE MARGUERITE-MARIE et il compose la Messe en l'honneur du Sacré-cœur : «Venite, exultemus» et l'Office correspondant.
.
L'évêque de Coutances, MONSEIGNEUR FRANÇOIS DE LOMENIE DE BRIENNE, approuva en 1688 le formulaire de la Messe et il promit de célébrer la fête liturgique du Sacré-Coeur le vendredi après l'octave du Corpus Domini.
.

1696 REQUÊTE A ROME DE LA FÊTE DU SACRÉ-CŒUR
Après la mort de SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE [(1690), les Visitandines de France, encouragées par la diffusion de la dévotion, présentèrent des requêtes au Saint-Siège : l'approbation de la fête liturgique du Sacré-cœur ; sa célébration le vendredi après la Fête-Dieu, la faculté de dire la Messe «Venite», composée par le Père Gallifet, pour tous les prêtres qui en ce jour auraient à célébrer dans les monastères de la Visitation.
.
.
.
.
XVIIIème SIÈCLE
.
CLÉMENT XIII, Pape (1693/1769)
Pour la quatrième fois, en 1763, on présenta la demande pour l'approbation à la Sacrée Congrégation des Rites. L'initiative vint de l’Épiscopat de Pologne.
La décision fut confirmée par le Pape CLÉMENT XIII le 6 février 1765 , c’est-à-dire, le mois suivant.
.
La fête liturgique était donc limitée à la Pologne et à l’Archiconfrérie du Sacré-cœur à Rome. Pour la fête liturgique on l'établit au vendredi après la Fête-Dieu. Dès lors, de toute façon, on peut dire que commence dans l’Église le culte public canonique au Sacré-cœur. 
Dans le décret d'approbation il est rappelé la grande diffusion du culte au Sacré-cœur, «per omnes catholici orbis partes» («pour toutes les parties du monde catholique»). Le «sensus» du peuple chrétien fut déterminant et le décret négatif du 30 juillet 1729 fut révoqué. Peu après - le 11 mai 1765 - le texte d'une nouvelle messe, dite «Miserebitur», fut approuvé.

La nouvelle de l'approbation de la fête se répandit vite. Plusieurs diocèses et familles religieuses se hâtèrent de demander l'indult pour la célébrer, en adoptant les nouveaux textes. Tous l'obtinrent. Parmi ceux qui le demandèrent, il y eut la Compagnie de Jésus, les Visitandines, les Diocèses de Pozzuoli et de Gallipoli, certaines communautés religieuses de Capoue et de Naples.

Les textes de la nouvelle messe développent le thème de l'amour miséricordieux du Cœur de Jésus, la vague salutaire qui jaillit du cœur transpercé, l'immolation de Jésus, dans la nature humaine, sur la croix.
.
L'approbation pontificale – même limitée – eut pour conséquence une immense diffusion du culte au Sacré-cœur. Pourtant, les dissentiments outrageux de la part des jansénistes ne cessèrent pas, en présentant le culte au Sacré-cœur comme un acte d'idolâtrie.
PIE VI, Pape (1717/1799)
Au plus vif de cette polémique aigre, la reine MARIE-FRANÇOISE PORTUGAL demanda au Pape PIE VI, en 1777, l'indult pour célébrer la fête liturgique au Portugal et dans tous ses domaines ; Pie VI «bénigne annuit» (répondit favorablement) à la demande d'indult et à d'autres requêtes concernant la fête du Sacré-cœur.
.
LOUIS XV (1710/1774)
La reine MARIE LECKZINSKA suggère, en 1751, l’adoration perpétuelle du Sacré-cœur dans le Saint Sacrement. Elle obtient du pape CLÉMENT XIII, la fête du Sacré-cœur dans tous les diocèses de France le 17 juillet 1765. Une lettre de la Mère MARIE-HÉLÈNE COING, supérieure de la visitation de Paray-le-Monial, adressée le 17 mars 1744 relance le message de 1689. LOUIS XV reste sourd au message, mais son fils le dauphin LOUIS fait dédier, dans l’église du Château de Versailles, en 1773, une chapelle au Cœur de Jésus dans la tradition eudiste à laquelle la famille royale participe.
.
LOUIS XVI (1754/1793)
L’influence spirituelle des Eudistes sur la famille continue sous LOUIS XVI avec le Père HÉBERT, supérieur général des Eudistes et confesseur de LOUIS XVI. Au moment ou la Révolution met en péril les institutions royales, le prêtre montre au prince le Cœur de Jésus comme un dernier refuge où puisse s’abriter la France et son roi.
1792 : Le 21 juillet, le texte du vœu attribué à Louis XVI est remis au P.  HÉBERT, supérieur général des Eudistes et confesseur du roi, qui en a peut-être été lui-même l'inspirateur. Ce texte aurait été composé dans les premiers mois de l'année 1792. Le Père  HÉBERT fait transcrire le vœu et la consécration par le vicaire de l'église Saint-Louis, auquel il remet les documents originaux avant d'être tué lui-même aux Carmes le 2 septembre 1792. Le vicaire les remettra à son tour à la duchesse d'Angoulême sous la Restauration.
LOUIS XVI DÉVOUE SA PERSONNE, SA FAMILLE ET TOUT SON ROYAUME, AU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS. CE VŒU BALAYE DANS LA TOURMENTE ANTICHRÉTIENNE, NE PEUT ÊTRE RÉALISÉ.
.
V0EU PAR LEQUEL LOUIS XVI A DÉVOUE SA PERSONNE, SA FAMILLE ET TOUT SON ROYAUME :
Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l'abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m'environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure m'avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n'ai pas réprimé la licence du peuple et l'irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j'ai fourni moi-même des armes à l'hérésie qui triomphe, en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l'audace de tout oser.
Je n'aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs ; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi DAVID, qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi MANASSÈS, qui avait entraîné son peuple dans l'idolâtrie. Désarmé par leur pénitence, vous les avez rétablis l'un et l'autre sur le trône de Juda ; vous les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd'hui pour un fils de SAINT LOUIS, qui prend ces rois pénitents pour modèles, et qui, à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur ? Ô Jésus-Christ, divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c'est dans votre Cœur adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J'appelle à mon secours le tendre Cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma mère, et l'assistance de SAINT LOUIS, mon patron et le plus illustre de mes aïeux. 
Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire que la confiance m'inspire et que je vous offre comme l'expression naïve des sentiments de mon cœur.
Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :
1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l'intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Église catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution civile du clergé ;
2° De rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéficiers institués par l’Église, dans les bénéfices dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d'une puissance incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus aux besoins de l’État ;
3° De prendre, dans l'intervalle d'une année, tant auprès du pape qu'auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d'une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;
4° D'aller moi-même en personne, sous trois mois à compter du jour de ma délivrance, dans l'église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l'offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse de donner à tous mes sujets l'exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur adorable ;
5° D'ériger et de décorer à mes frais, dans l'église que je choisirai pour cela, dans le cours d'une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré ;
6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu'on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l'acte de consécration exprimé dans l'article quatrième, et d'assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.
Je ne puis aujourd'hui prononcer qu'en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s'il le fallait, et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.
0 Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j'oublie ma main droite et que je m'oublie moi-même, si jamais j'oublie vos bienfaits et mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation. Ainsi soit-il»
.
.
.
.
EXTENSION UNIVERSELLE DE LA LITURGIE DU SACRÉ-CŒUR
.
La révolution française et la période napoléonienne balayèrent les polémiques jansénistes, mais la dévotion se développa davantage. A la moitié du XIXème siècle, il n'y avait presque pas un seul diocèse qui n'ait obtenu du Siège Apostolique l'indult pour célébrer la liturgie du Sacré-Coeur.
.
.
.
.
XIXème SIÈCLE
.
PIE IX, Pape (1792/1878)
Un siècle à peine après la première approbation romaine (de 1765), PIE IX jugea les temps mûrs pour l'extension de la fête à l’Église Universelle et il en sortit le décret le 23 août 1856. La messe «Miserebitur» avec son Office fut adoptée dans la catégorie de «duplex maius», selon les degrés de la liturgie de ce temps-là.
.
LOUIS XVIII (1755/1824)
MARIE DE JÉSUS (1797-1854)
MARIE DE JÉSUS (1797-1854) appartient à la congrégation des chanoinesses de Saint-Augustin. Sans avoir connaissance des révélations de MARGUERITE-MARIE, les communications célestes qu’elle reçoit corroborent les révélations de Paray-le-Monial. Dans son extase du 3 mai 1822 Jésus lui dit : 
«que le vœu de Consécration de la France au Sacré-Cœur, attribué à LOUIS XVI, était bien de Lui, qu’il désirait ardemment que le vœu fût exécuté, c’est-à-dire que le Roi consacrât sa famille et tout son royaume à son divin Cœur, comme autrefois LOUIS XIII à la Sainte Vierge ; qu’il en fit célébrer la fête solennellement et universellement tous les ans, le vendredi après l’octave du Saint-Sacrement et qu’enfin il fit bâtir une chapelle et ériger un autel en son honneur. A cette condition le roi, la famille royale et la France entière recevront les plus abondantes bénédictions»
L’apparition du 21 juin 1823 en la fête du Sacré-Cœur, le vendredi après l’octave du Saint-Sacrement, ordre est donné de les communiquer au roi LOUIS XVIII.
«La France est toujours bien chère à mon divin Cœur et elle lui sera consacrée. Mais il faut que ce soit le Roi lui-même qui consacre sa personne, sa famille et tout son royaume à mon Divin Cœur, et qu’il lui fasse, comme je te l’ai dit, élever un autel comme on en a élevé un déjà en l’honneur de la Sainte Vierge. Je prépare à la France un déluge de grâces, lorsqu’elle sera consacrée à mon divin Cœur. Les outrages faits à la majesté royale ont été réparés publiquement et les outrages sans nombre que j’ai reçus dans le sacrement de mon amour n’ont pas encore été réparés ! Je prépare toutes choses, la France sera consacrée à mon divin Cœur, et toute la terre se ressentira des bénédictions que je répandrai sur elle. La foi et la religion refleuriront en France par la dévotion à mon Divin Cœur».
MAIS LOUIS XVIII NE RÉALISE PAS LE VŒU DE CONSÉCRATION AU SACRÉ-CŒUR.
.
.
.
.
GUERRE 1870/1871
.
COLONEL DE CHARETTE (1832/1911)
Les Zouaves pontificaux rebaptisés «Volontaires de l’Ouest» sous le commandement du COLONEL DE CHARETTE se consacrent publiquement au Sacré-cœur en prononçant la formule : «Jésus, Roi immortel des siècles, des peuples et des rois, désirant réparer les outrages que l’impiété vous prodigue dans le Sacrement de votre amour et dans la personne, de votre vicaire, Notre Saint-Père le Pape, je consacre à votre divin Cœur ma personne, ma famille et, autant qu’il dépend de moi, la France, fille aînée de ce Cœur Sacré, et l’Église universelle notre mère»
.
GÉNÉRAL DE SONIS (1825/1887)
le GÉNÉRAL DE SONIS est nommé à la tête du 17e corps d’armée dont font partie les 600 «Volontaires». Ce spahi très pratiquant a pour emblème sur son fanion une croix héraldique blanche sur fond bleu mais souhaite un emblème religieux plus marqué. Le 1er décembre au cours d’une rencontre avec CHARETTE, ce dernier évoque une bannière portant l’image du Sacré-cœur et relate son histoire.
A LOIGNY, pour la première fois dans l’histoire de France - en dehors des guerres de Vendée - le drapeau du Sacré-cœur paraît sur un champ de bataille.
.
SACRÉ-CŒUR DE MONTMARTRE A PARIS
Le 25 juillet 1873 le projet de loi tendant à déclarer d’utilité publique la construction d’une église sur la COLLINE DE MONTMARTRE est adopté par 382 voix contre 138 à l’Assemblée. Le 31 juillet, le pape PIE IX reconnaît que par ces faits la France implore la miséricorde de Dieu et lui confirme son ancien honneur de Fille Aînée de l’Église.
Le choix de Montmartre «Montagne des Martyrs» s’explique parce que «c’est là que SAINT DENIS et ses compagnons de martyre ont répandu, avec leur sang, les premières semences de la foi chrétienne, qui ont fructifié si rapidement dans la Gaule septentrionale».
La construction de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre réalisée par souscription correspond à une des demandes de MARGUERITE-MARIE.
.
.
.
.
XXème SIÈCLE
.
PIE XI, Pape (1857/1939)
En 1928 PIE XI, reprend dans son encyclique «Miserentissimus Redemptor»la vraie dévotion au Sacré-Cœur.
.
SŒUR LUCIE DE FATIMA (1907/2005)
AOUT 1931 - Notre-Seigneur à Rianjo (lors d'un séjour de convalescence en ce lieu, petite ville proche de Pontevedra), lui disait :
«On n’a pas voulu écouter ma demande ! Comme le roi de France, on s’en repentira et on le fera, mais ce sera trop tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres, des persécutions contre l’Église : le Saint-Père aura beaucoup à souffrir»(Mémoires de Sœur Lucie, deuxième édition, mai 1991, page 243)
.
CARDINAL SUHARD (1874/1949)
Le samedi 1er juin 1940 à Montmartre. Le cardinal SUHARD, nouvel archevêque de Paris, consacre Paris et la France aux Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie sur demande du gouvernement.
.
.
.
.
XXIème SIÈCLE
.




 JEAN XXIII
.
Le Pape JEAN XXIII, dans son «Journal de l’Âme», livre le secret de la fécondité de sa vie : «Aujourd'hui, tout ce qui concerne le Sacré-cœur de Jésus m'est devenu familier et très cher ; ma vie semble destinée à se dépenser sous la lumière qui émane du tabernacle et c'est au Cœur de Jésus que je dois recourir pour trouver la solution de tous mes troubles. J'ai la conviction que je serais prêt à verser mon sang pour la cause du Sacré-cœur. Je veux que la dévotion au Sacré-cœur, enracinée dans le sacrement d'Amour, soit la mesure de tout mon progrès spirituel».
.
.
.
.


JEAN PAUL II AU MONASTÈRE DE LA VISITATION Paray le Monial 5.10.1986
.
«Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son Amour».
.
Avec émotion, je voudrais rendre grâce pour ce message reçu et transmis ici par sainte MARGUERITE-MARIE ALACOQUE. Auprès de son tombeau, je lui demande d’aider sans cesse les hommes à découvrir l’amour du Sauveur et à s’en laisser pénétrer.
.
Rendons grâce pour le rayonnement de ce Monastère, nous souvenant de ce que disait déjà SAINT FRANÇOIS DE SALES des Filles de la Visitation : «Elles auront le Cœur de Jésus, leur époux crucifié, pour demeure et séjour en ce monde...» Je sais que toute une pléiade de moniale ont été ici des âmes données au Cœur de Jésus.
.
Rendons grâce pour l’expérience mystique de MARGUERITE-MARIE ALACOQUE. Il lui a été donné, avec un éclat particulier mais dans une existence cachée, de connaître la puissance et la beauté de l’amour du Christ. Dans l’adoration eucharistique, elle a contemplé le Cœur transpercé pour le salut du monde, blessé par le péché des hommes, mais aussi «source vive» comme en témoigne la lumière qui rayonne des plaies de son corps ressuscité.
.
Rendons grâce pour l’intimité de l’humble religieuse avec le Sauveur. La souffrance, qui l’a atteinte sous bien des formes, elle l’a généreusement offerte en union avec la Passion du Christ, en réparation pour le péché du monde. Elle s’est reconnue à la fois témoin du salut opéré par le Fils de Dieu, et appelée à s’associer par l’offrande d’elle-même à l’œuvre de sa miséricorde.
.
Rendons grâce pour la rencontre privilégiée de la sainte religieuse avec le Bienheureux CLAUDE LA COLOMBIÈRE. Le soutien de ce fidèle disciple de saint Ignace a permis à MARGUERITE-MARIE ALACOQUE de surmonter ses doutes et de discerner l’authentique inspiration de son extraordinaire expérience. Leurs échanges sont un modèle d’équilibre dans le conseil spirituel. Le Père LA COLOMBIÈRE, dans de grandes épreuves, a lui-même reçu les avis éclairés de celle qu’il conseillait.
Rendons grâce pour le vaste développement de l’adoration et de la communion eucharistiques qui ont pris d’ici un nouvel essor, grâce au culte du Sacré-Cœur favorisé notamment par la Visitation et les Pères jésuites, approuvé ensuite par les Papes. La dévotion particulière des premiers vendredis du mois a porté beaucoup de fruits, à la suite des messages pressants reçus par MARGUERITE-MARIE. Et je ne puis oublier que les évêques de Pologne avaient obtenu de CLÉMENT XIII l’office et la messe du Sacré-Cœur près d’un siècle (1765) avant que la fête soit étendue à l’Église universelle (1856).
.
Rendons grâce pour tant d’initiatives pastorales et de fondations religieuses qui ont trouvé ici une source d’inspiration décisive.
.
Avec vous qui m’accueillez dans cette Chapelle des Apparitions, les Sœurs de la Visitation unies aux autres religieuses contemplatives du diocèse, avec Monseigneur GAIDON et les chapelains des sanctuaires, invoquons pour toute l’humanité, consacrée au Sacré-Cœur par mon prédécesseur LÉON XIII ; la grâce inépuisable de l’amour rédempteur qui découle du Cœur de Jésus.
.
.
.
.


JEAN PAUL II À MONSEIGNEUR LOUIS-MARIE BILLÉ (4 juin 1999)
À MONSEIGNEUR LOUIS-MARIE BILLÉ, ARCHEVÊQUE DE LYON, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE

Au moment où de nombreux pèlerins s’apprêtent à célébrer solennellement à Paray-le-Monial la fête du Sacré-Cœur et à faire mémoire de la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus, faite par le Pape LÉON XIII il y a cent ans, je suis heureux, à travers vous, de leur adresser mes cordiales salutations et de m’unir par la prière à leur démarche spirituelle, ainsi qu’à celle de toutes les personnes qui font en ce jour un acte d’offrande au Sacré-Coeur.

A la suite de SAINT JEAN EUDES, qui nous a appris à contempler Jésus lui-même, le cœur des Cœurs, dans le cœur de Marie et à les faire aimer tous les deux, le culte rendu au Sacré-Cœur s’est répandu, notamment grâce à SAINTE
MARGUERITE-MARIE ALACOQUE, religieuse de la Visitation à Paray-le-Monial. Le 11 Juin 1899, invitant tous les évêques à s’associer à sa démarche, LÉON XII demandait au Seigneur d’être le Roi de tous les fidèles, ainsi que des hommes qui l’ont abandonné ou de ceux qui ne le connaissent pas, le suppliant de les amener à la Vérité et de les conduire vers Celui qui est la Vie. Dans l’Encyclique Annum sacrum, il avait exprimé sa compassion pour les hommes qui sont loin de Dieu et son désir de les confier au Christ Rédempteur.

L'Église ne cesse de contempler l’amour de Dieu, manifesté de manière sublime et particulière sur le Calvaire, lors de la passion du Christ, sacrifice qui est rendu sacramentellement présent à chaque Eucharistie. Du cœur très aimant de Jésus procèdent tous les sacrements, mais surtout le plus grand de tous, le sacrement d’amour, par lequel Jésus voulut être le compagnon de notre vie, la nourriture de nos âmes, sacrifice d’une valeur infinie
» (SAINT ALPHONSE DE LIGUORI, Méditation II sur le cœur aimant de Jésus à l’occasion de la neuvaine en préparation de la fête du Sacré-Cœur). Le Christ est un foyer brûlant d’amour qui appelle et qui apaise : «Venez à moi […] car je suis doux et humble de cœur» (Mathieu 11, 28-29).

Le cœur du Verbe incarné est le signe de l’amour par excellence ; aussi ai-je personnellement souligné l’importance pour les fidèles de pénétrer le mystère de ce cœur débordant d’amour pour les hommes, qui contient un message d’une extraordinaire actualité (cf. Encyclique
Redemptor hominis, 8). Comme l’écrivait SAINT CLAUDE DE LA COLOMBIÈRE : «Voici le Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné, jusqu’à s’épuiser et à se consumer afin de témoigner son amour» (Écrits spirituels, 9).

À l’approche du troisième millénaire,
«l’amour du Christ nous presse» (2 Corinthiens 5, 14), pour que nous fassions connaître et aimer le Sauveur, qui a versé son sang pour les hommes. «Pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés dans la vérité» (Jean 17, 19). J’encourage donc vivement les fidèles à adorer le Christ, présent dans le Saint Sacrement de l’autel, le laissant guérir nos consciences, nous purifier, nous illuminer et nous unifier. Dans la rencontre avec Lui, les chrétiens puiseront la force pour leur vie spirituelle et pour leur mission dans le monde. En effet, dans le cœur à cœur avec le divin Maître, découvrant l’amour infini du Père, ils seront de vrais adorateurs en esprit et en vérité. Leur foi en sera ravivée ; ils entreront dans le mystère de Dieu et seront profondément transformés par le Christ. Dans les épreuves et dans les joies, ils conformeront leur vie au mystère de la Croix et de la Résurrection du Sauveur (cf. Concile œcuménique Vatican II, Gaudium et spes, 10). Ils deviendront chaque jour davantage des fils dans le Fils. Alors, par eux, l’amour se répandra dans le cœur des hommes, pour que se construise le Corps du Christ qui est l’Église et que s’édifie aussi une société de justice, de paix et de fraternité. Ils seront des intercesseurs de l’humanité tout entière, car toute âme qui s’élève vers Dieu élève aussi le monde et contribue mystérieusement au salut gratuitement offert par notre Père des cieux.

J’invite donc tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Cœur de Jésus, en l’adaptant à notre temps, pour qu’ils ne cessent d’accueillir ses insondables richesses, qu’ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints (cL
Litanies du Sacré-Cœur). Il convient aussi de transmettre aux générations futures le désir de rencontrer le Seigneur, de fixer leur regard sur Lui, pour répondre à l’appel à la sainteté et pour découvrir leur mission spécifique dans l’Église et dans le monde, réalisant ainsi leur vocation baptismale (cf. Concile œcuménique Vatican Il, Lumen gentium, 10). En effet, la «charité divine, don très précieux du Cœur du Christ et de son Esprit», se communique aux hommes, pour qu’ils soient, à leur tour, des témoins de l’amour de Dieu (PIE XII, Encycl. Haurietis aquas, III).

Invoquant l’intercession de la Vierge Marie, Mère du Christ et de l’Église, à laquelle j’ai consacré les hommes et les nations le 13 mai 1982, je vous accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les fidèles qui, à l’occasion de la fête du Sacré-Cœur, se rendront en pèlerinage à Paray-le-Monial ou qui participeront avec dévotion à une célébration liturgique ou à un autre moment de prière au Sacré-Cœur.
JEAN-PAUL II, du Vatican, le 4 juin 1999.
.
.
.
.




BENOÎT XVI (15 MAI 2006)
LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI
POUR LES 50 ANS DE «HAURIETIS AQUAS» DU PAPE PIE XII


Au Révérend Père PETER-HANS KOLVENBACH, S.J.
Préposé général de la Compagnie de Jésus

Les paroles du prophète Isaïe -
«Dans l'allégresse, vous puiserez de l'eau aux sources du salut» (Is 12, 3) - qui ouvrent l'Encyclique par laquelle PIE XII rappelait le premier centenaire de l'extension à toute l’Église de la Fête du Sacré-Coeur de Jésus, n'ont aujourd'hui, 50 ans plus tard, rien perdu de leur signification. En promouvant le culte du Sacré-Coeur de Jésus, l'Encyclique Haurietis aquasexhortait les croyants à s'ouvrir au mystère de Dieu et de son amour, en se laissant transformer par celui-ci. Cinquante ans plus tard, cela demeure un devoir toujours actuel pour les chrétiens que de continuer à approfondir leur relation avec le Cœur de Jésus de manière à raviver en eux-mêmes la foi en l'amour salvifique de Dieu, en l'accueillant toujours mieux dans leur propre vie.

Le côté transpercé du Rédempteur est la source à laquelle nous renvoie l'Encyclique
Haurietis aquas : c'est à cette source que nous devons puiser pour atteindre la véritable connaissance de Jésus Christ et pour faire plus pleinement l'expérience de son amour. Nous pourrons ainsi mieux comprendre ce que signifie connaître en Jésus Christ l'amour de Dieu, en faire l'expérience en fixant notre regard sur Lui, jusqu'à vivre pleinement de l'expérience de son amour, pour pouvoir ensuite en témoigner aux autres. En effet, pour reprendre une expression de mon vénéré prédécesseur JEAN-PAUL II, «auprès du Cœur du Christ, le cœur de l'homme apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d'une vie authentiquement chrétienne, à se garder de certaines perversions du cœur humain, à joindre l'amour filial envers Dieu à l'amour du prochain. Ainsi - et c'est la véritable réparation demandée par le Cœur du Sauveur - sur les ruines accumulées par la haine et la violence, pourra être bâtie la civilisation du Cœur du Christ» (Insegnamenti, vol. IX/2, 1986, p. 84).

Connaître l'amour de Dieu en Jésus Christ

Dans l'Encyclique
Deus caritas est, j'ai cité l'affirmation de la première Épître de saint Jean : «Nous avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi nous», pour souligner qu'à l'origine de l'existence chrétienne, il y a la rencontre avec une Personne (cf. n. 1). Puisque Dieu s'est manifesté de la manière la plus profonde à travers l'incarnation de son Fils, en se rendant «visible» en Lui, c'est dans la relation avec le Christ que nous pouvons reconnaître qui est véritablement Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, nn. 29-41 ; Enc. Deus caritas est, nn. 12-15). Plus encore, puisque l'amour de Dieu a trouvé son expression la plus profonde dans le don que le Christ a fait de sa vie pour nous sur la Croix, c'est avant tout en regardant ses souffrances et sa mort que nous pouvons reconnaître de façon toujours plus claire l'amour sans limites que Dieu a pour nous: «Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16).

Par ailleurs, ce mystère de l'amour de Dieu pour nous ne constitue pas seulement le contenu du culte et de la dévotion au Cœur de Jésus : il est, de la même manière, le contenu de toute véritable spiritualité et dévotion chrétienne. Il est donc important de souligner que le fondement de cette dévotion est ancien comme le christianisme lui-même. En effet, être chrétien n'est possible qu'en tenant le regard tourné vers la Croix de notre Rédempteur, vers
«celui qu'ils ont transpercé» (Jn 19, 37 ; cf. Za 12, 10). C'est à juste titre que l'Encyclique Haurietis aquas rappelle que la blessure au côté et celles laissées par les clous ont été pour d'innombrables âmes les signes d'un amour qui a façonné leur vie de manière toujours plus incisive (cf. n. 52). Reconnaître l'amour de Dieu dans le Crucifié est devenu pour eux une expérience intérieure qui leur a fait confesser, avec THOMAS : «Mon Seigneur et mon Dieu !» (Jn 20, 28), en leur permettant d'atteindre une foi plus profonde dans l'accueil sans réserve de l'amour de Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 49).

Faire l'expérience de l'amour de Dieu en tournant le regard vers le Cœur de Jésus Christ

La signification la plus profonde de ce culte à l'amour de Dieu se manifeste seulement lorsque l'on considère plus attentivement sa contribution non seulement à la connaissance, mais également et surtout à l'expérience personnelle de cet amour dans un dévouement empli de confiance à son service (cf. Enc.
Haurietis aquas, n. 62). Bien sûr, expérience et connaissance ne peuvent être séparées l'une de l'autre : l'une fait référence à l'autre. Il faut par ailleurs souligner qu'une véritable connaissance de l'amour de Dieu n'est possible que dans le cadre d'une attitude de prière humble et de disponibilité généreuse. A partir d'une telle attitude intérieure, le regard posé sur le côté transpercé par la lance se transforme en adoration silencieuse. Le regard sur le côté transpercé du Seigneur, d'où coulent «du sang et de l'eau» (cf. Jn 19, 34), nous aide à reconnaître la multitude des dons de grâce qui en proviennent (cf. Enc Haurietis aquas, nn. 34-41) et nous ouvre à toutes les autres formes de dévotion chrétienne qui sont comprises dans le culte au Coeur de Jésus.

La foi entendue comme fruit de l'amour de Dieu dont on a fait l'expérience, est une grâce, un don de Dieu. Mais l'homme ne pourra faire l'expérience de la foi comme d'une grâce que dans la mesure où il l'accepte en lui-même comme un don, à partir duquel il cherche à vivre. Le culte de l'amour de Dieu, auquel l'Encyclique Haurietis aquas invitait les fidèles (cf. ibid. n. 72), doit nous aider à nous rappeler sans cesse qu'il a pris sur lui cette souffrance volontairement
«pour nous», «pour moi». Lorsque nous pratiquons ce culte, non seulement nous reconnaissons avec gratitude l'amour de Dieu, mais nous continuons à nous ouvrir à cet amour, afin que notre vie soit toujours davantage modelée par celui-ci. Dieu, qui a déversé son amour «dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné» (cf. Rm 5, 5), nous invite inlassablement à accueillir son amour. L'invitation à nous donner entièrement à l'amour salvifique du Christ et à se vouer à celui-ci (cf. ibid., n. 4) a donc comme premier objectif la relation avec Dieu. Voilà pourquoi ce culte, totalement voué à l'amour de Dieu qui se sacrifie pour nous, est d'une importance véritablement indispensable pour notre foi et pour notre vie dans l'amour.

Vivre et témoigner de l'amour dont on fait l'expérience

Qui accepte l'amour de Dieu intérieurement, est façonné par lui. L'amour de Dieu dont l'homme fait l'expérience est vécu par lui comme un
«appel» auquel il doit répondre. Le regard tourné vers le Seigneur, qui «a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies» (Mt 8, 17), nous aide à devenir plus attentifs à la souffrance et aux besoins des autres. La contemplation pleine d'adoration du côté transpercé par la lance nous rend sensibles à la volonté salvifique de Dieu. Elle nous rend capables de nous en remettre à son amour salvifique et miséricordieux et, dans le même temps, elle nous renforce dans le désir de participer à son œuvre de salut en devenant ses instruments. Les dons reçus du côté ouvert, duquel coulent «sang et eau» (cf. Jn 19, 34), font en sorte que notre vie devienne également pour les autres une source d'où proviennent «des fleuves d'eau vive» (cf. Jn 7, 38) (cf. Enc. Deus caritas est, n. 7). L'expérience de l'amour puisée au culte du côté transpercé du Rédempteur nous protège du risque du repli sur nous-mêmes et nous rend plus disponible à une vie pour les autres. «A ceci nous avons connu l'amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons nous aussi donner nos vies pour nos frères» (1 Jn 3, 16) (cf. Enc. Haurietis aquas , n. 38).

La réponse au commandement de l'amour n'est rendue possible que par l'expérience que cet amour nous a déjà d'abord été donné par Dieu (cf. Enc.
Deus caritas est, n. 14). Le culte de l'amour qui se rend visible dans le mystère de la Croix, présenté à nouveau lors de chaque Célébration eucharistique, constitue donc le fondement sur lequel nous pouvons devenir des personnes capables d'aimer et de nous donner (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 69), en devenant un instrument entre les mains du Christ : ce n'est qu'ainsi que l'on peut être des messagers crédibles de son amour. Toutefois, cette ouverture à la volonté de Dieu doit se renouveler à tout moment: «l'amour n'est jamais «achevé» ni complet» (cf. Deus caritas est, n. 17). Le regard au «côté transpercé par la lance», dans lequel resplendit la volonté sans limites de salut de la part de Dieu, ne peut donc être considéré comme une forme passagère de culte ou de dévotion : l'adoration de l'amour de Dieu, qui a trouvé dans le symbole du «cœur transpercé» son expression historique et dévotionnelle, demeure inséparable d'un rapport vivant avec Dieu (cf. Enc. Haurietis aquas, n. 62).

En formant le vœu que l'anniversaire de ces cinquante ans puisse stimuler dans de nombreux cœurs une réponse toujours plus fervente à l'amour du Cœur du Christ, je vous donne, Révérend Père, ainsi qu'à tous les religieux de la Compagnie de Jésus, toujours très actifs dans la promotion de cette dévotion fondamentale, une Bénédiction apostolique particulière.

.
Du Vatican, le 15 mai 2006