VÉNÉRABLE
ARTHELEMY HOLZHAUSER IV
LIRE LES QUATRE PARTIES :
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CHAPITRE IX (suite) |
VERSETS 13 à 20 DE L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN |
VERS. 3, 13. Et le sixième ange sonna de la trompette ; Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant Dieu ; elle disait au sixième ange qui avait la trompette. |
De cet abrégé historique passons maintenant au texte :
Et le sixième ange sonna de la trompette
Ce sixième ange fut donc Martin Luther, le prince des hérésiarques, et l'un de ceux qui sont décrits sous les sept trompettes.
Il fit retentir la sienne en déclamant contre les indulgences et en disséminant ses horribles erreurs, par ses discours, par ses écrits et par ses adeptes, presque par toute l'Europe. (De occasione et causa hujus apostasiæ vide Doctorem Gabriel. Prateolum, Marcassium, Lib. 10. Elench. Alphab. Hæreticorum.)
Ce fut contre cet hérésiarque que s'assembla le Concile OEcuménique de Trente, sous les empereurs Charles Quint et Ferdinand, et par les souverains Pontifes Paul III, Marcel II, Paul IV, Pie IV, et Pie V. Luther fut condamné à l'unanimité comme hérétique, ses livres ayant déjà été condamnés à Rome le septième jour des Calendes de juillet l'an 1520, et lui-même ayant été excommunié auparavant par Léon X, le même pape qui concéda et fit publier les indulgences en Allemagne. Le soin de cette publication avait été confié à l'électeur de Mayence qui, selon l'usage, en chargea les Dominicains ; et c'est ce qui excita la jalousie, l'avarice et l'orgueil de Luther et des siens, jusqu'au point d'apostasier.
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Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant Dieu
l'autel
Par l'autel, saint Jean désigne ici l'Eglise universelle, ou les prélats, les évêques, les docteurs et les prêtres unis avec leur chef le souverain Pontife. Ils sont appelés avec vérité l'autel, parce que c'est dans eux et par eux que les prières et les bonnes oeuvres de la chrétienté sont offertes chaque jour à Dieu le Père, par Jésus-Christ ; et c'est de cet autel que s'élève jusqu'aux cieux l'encens du repentir et de la douleur. C'est pourquoi cet autel est appelé d'or, parce qu'il n'y a que la seule Église qui soit continuellement illuminée par la sagesse éternelle que l'or représente.
Il est dit aussi que cet autel est devant Dieu parce qu'en effet l'Eglise catholique est toujours présente aux yeux du Seigneur qui la garde et la protège d'une manière toute particulière, et l'empêche de tomber dans quelque erreur que ce soit, ou d'être vaincue par aucun ennemi. Si ses membres se rendent coupables de quelque faute, il les châtie et les corrige comme un bon Père, selon sa promesse contenue dans les Paralipomènes, II, c. VII, 15, à l'égard du temple de Salomon qui était la figure de l'Eglise catholique :
«Mes yeux seront ouverts, et mes oreilles attentives à la prière de celui qui m'invoquera en ce lieu, parce que j'ai choisi ce lieu et je l'ai sanctifié, afin que mon nom y soit à jamais, et que mes yeux et mon coeur y soient toujours attachés»
Ainsi donc une chose qui est devant Dieu signifie, selon l'Écriture, la garde, la sollicitude, le soin et l'amour paternel du Seigneur à son égard. Or telle est l'Eglise de Jésus-Christ qu'Il s'est acquise par Son précieux sang. Nous avons un exemple de cette sollicitude et de cette vigilance dans l'histoire naturelle des animaux : qui n'a pas eu occasion d'admirer dans les femelles des oiseaux leur oeil de vigilance et leurs ailes de protection pour leurs poussins ?
quatre coins,
Cet autel dont parle saint Jean dans son texte, avait quatre coins, pour signifier encore mieux l'Eglise qui s'étend dans les quatre parties du monde, en Orient, en Occident, au Nord et au Midi ; et comme l'Eglise universelle est l'assemblée de tous les fidèles du monde réunis sous un seul chef qui est notre saint Père le Pape ; et que chaque fois qu'elle s'assemble en concile tous les prélats et tous les docteurs du monde sont convoqués, voilà pourquoi nous trouvons ces paroles pleines de sens et de vérité dans l'Apocalypse :
Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or.
Cette voix fut celle du saint concile de Trente qui sortit des quatre coins de l'autel. Elle fut une, parce que ce concile fut général et qu'il condamna d'une voix unanime, et livra à Satan, l'impie Luther avec toutes ses erreurs. Voix disant au sixième ange, à Martin Luther, qui avait la trompette, et auquel Dieu avait permis de prêcher, de propager, de disséminer par Lui-même et par les Siens, les erreurs les plus nombreuses, les plus variées et les plus criantes, que ses passions effrénées, son orgueil indomptable et son audace sans pareille, avaient pu produire.
Déliez les quatre anges ;
c'est une manière de parler pour provoquer quelqu'un au combat et lui déclarer la guerre, lorsque tous les autres moyens de pacification ont été épuisés pour vider une affaire urgente et nécessaire. C'est ainsi que procéda Jésus-Christ, lorsqu'Il eut vu que le démon était entré dans le coeur de Judas qui devait Le trahir et Le livrer aux Juifs ; Il lui dit :
Jean, XIII, 27 :
«Fais promptement ce que tu fais»
Et c'est ainsi que nous agissons nous-mêmes lorsque nous voyons qu'il n'y a plus d'autre moyen d'échapper à un ennemi que par une juste défense ; nous nous préparons résolument au combat et nous attaquons avec intrépidité l'ennemi qui nous insulte. Cette expression impérative : Déliez, n'est donc pas autre chose dans le sens du texte, qu'une provocation à la guerre spirituelle contre la fureur de Satan et de tout l'enfer qui se servait de cet hérésiarque pour essayer d'exterminer l'Eglise latine. Nous avons dit que cette expression Déliez est impérative, ordonnant en effet au souverain Pontife et au concile de Trente, de porter une sentence d'excommunication et de condamnation contre l'impie Luther et ses adeptes ; et ce fut là l'occasion qui enflamma le plus sa fureur et l'excita aux plus honteuses diatribes contre les souverains Pontifes, contre les saints conciles, les indulgences, le célibat, les dignités, le pouvoir, l'autorité et les biens ecclésiastiques. On peut s'en convaincre par ses écrits et par ses discours. De plus, cet ennemi infernal excita les princes de l'empire, le peuple, et même des ecclésiastiques contre le pape, les évêques, et les prélats, cherchant toujours et par tous les moyens à exterminer l'Eglise. C'est du moins ce qu'on voit clairement par les efforts qui furent tentés et qu'on tente encore de nos jours.
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VERS. 3, 14. Voix disant au sixième ange qui avait la trompette : Déliez les quatre anges qui sont enchaînés sur le grand fleuve d'Euphrate. |
Déliez les quatre anges qui sont enchaînés sur le grand fleuve d'Euphrate
Par le grand fleuve d'Euphrate on comprend l'empire romain qui est appelé un grand fleuve.
1°) A cause de la multitude des peuples qui le composent. Car l'Europe qui appartient en entier à cet empire est très peuplée, selon ces paroles de l'Apocalypse même, XVII, 15 :
Apocalypse XVII, 15 :
«Les eaux que tu as vues, où la prostituée est assise, sont les peuples, les nations et les langues»
2°) Parce que, comme l'Euphrate était l'un des quatre grands fleuves du Paradis terrestre, selon
Genèse, II, 14 : «Le quatrième fleuve est l'Euphrate»
c'est ainsi que l'empire romain était l'un des quatre principaux empires du monde et même le plus grand, le plus puissant et le plus durable, comme on le voit dans l'histoire romaine et dans les prophéties de Daniel, II. Quelle ne fut pas la puissance de cet empire qui fut comme de fer ; et qui, comme le fer, brisa et dompta tous les rois de la terre, et se les rendit tributaires, bien qu'à présent cet empire soit très restreint, et si divisé, qu'on n'y voit que confusion, ainsi que le même prophète l'avait prédit.
3°) Comme l'Euphrate est très grand vers sa source, mais qu'ensuite il se divise en divers fleuves et rivières, ainsi l'empire romain fut d'abord immense, puis il diminua avec le temps et se divisa en divers royaumes et républiques qui s'en séparèrent soit par des rébellions, soit par des défections à la foi catholique, soit enfin par quelqu'autre circonstance ; de sorte qu'il n'en reste plus maintenant qu'une petite portion, pleine de troubles, comme nous l'avons dit : Le nombre quatre est souvent employé pour exprimer la totalité d'une chose ; c'est ainsi que nous voyons en
saint Matthieu, XXIV, 31 : «Il enverra ses anges avec la trompette et un grand bruit, et ils rassembleront ses élus des quatre vents»
c'est-à-dire, tous les élus. Or, c'est de la même manière qu'il faut comprendre par les quatre anges dont saint Jean fait ici mention, l'universalité des méchants que Luther convoqua pour faire la guerre à l'Eglise de Dieu. Et ces méchants se divisent en deux catégories :
* celle des ecclésiastiques que cet hérésiarque recruta parmi les siens et dans une infinité d'autres ordres religieux et séculiers tels que Carlostadt, Münzer, OEcolampade, Zwingle, Calvin et un grand nombre d'autres.
* La seconde catégorie est formée des princes de l'empire et des prétendus docteurs de la réformation que Luther délia comme des bêtes féroces et lança contre les empereurs et les rois, pour abattre les églises et les monastères, et pour s'emparer des biens ecclésiastiques et des évêchés.
Il fit tout cela en haine surtout du souverain Pontife, des évêques et des prêtres, et par aversion pour l'Eglise et la foi catholique que les saints pères, les docteurs et tous les saints qui en ont toujours été l'ornement avaient conservée pure et sans tache à travers tous les âges et toutes les difficultés des temps. Les plus pervers parmi ces princes impies et agresseurs furent l'Electeur de Saxe qui abolit les évêchés et tous les monastères de ses États, les électeurs de Brandebourg, de Heidelberg, de Brunswich, le landgrave de Hesse, les rois de Suède, de Danemark et d'Angleterre, et une infinité d'autres princes, ducs, marquis, comtes palatins, barons et nobles. Tout le Nord et même presque tout l'empire romain à l'Orient, l'Occident et le Nord furent déliés contre l'Eglise latine, au son de la trompette de ce sixième ange, parce qu'aucun d'entre eux ne pouvait supporter la saine doctrine du saint concile de Trente.
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Déliez les quatre anges qui sont enchaînes
Déliez les quatre anges qui sont enchaînes par la puissance de l'empire ; car ces impies étaient contenus par la force et sous le joug de la puissance de Dieu que l'empire romain représentait, et ils cherchaient à rompre leurs chaînes en hurlant comme des chiens enchaînés. En effet dans ce temps-là, les princes de l'empire, les rois et un grand nombre d'ecclésiastiques étaient semblables au chien en fureur, et à l'étalon qui hennit, à cause de leurs passions effrénées et de leur soif pour les richesses et les honneurs. Mais Dieu, dans Sa puissance, les retint liés jusqu'à ce que la mesure des iniquités de l'empire romain fût comble et la vengeance divine permit que ces impies fussent déliés par Luther, pour châtier cet empire et son Église latine.
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Déliez les quatre anges,
C'est donc avec justesse que le texte dit : Déliez les quatre anges, pour indiquer la permission divine, sans laquelle nos ennemis demeurent enchaînés et incapables de nuire. Il y avait longtemps que l'Allemagne et même l'empire romain nourrissaient dans leur sein ce principe du mal, et ces affreux désastres auraient eu lieu plus tôt, si Dieu ne les eût pas retardés pour attendre les pécheurs à la pénitence. Car tous les états et toutes les conditions avaient corrompu leurs voies, les sujets ne voulaient plus obéir, les ecclésiastiques violaient la discipline, et considérant le célibat comme insupportable, réclamaient à grands cris le mariage. Les princes et les nobles devenus insatiables, convoitaient d'autres honneurs, d'autres richesses et d'autres dignités. La vue des richesses dans les prébendes, les évêchés et les prélatures excita leur avarice, et, dans leur jalousie, ils conçurent la haine la plus profonde contre ceux qui les possédaient.
C'est pour s'en rendre maîtres qu'ils joignirent la calomnie aux scandales dont malheureusement le clergé fournissait tant d'exemples. Tous les hommes oublièrent Dieu sur la terre, et se vautrèrent jusqu'au cou dans la fange des voluptés, des honneurs et des richesses. C'est ainsi que tout était disposé et préparé à une ruine générale que Dieu, dans Sa miséricorde, contint quelque temps, jusqu'à ce qu'Il fit enfin éclater Sa colère.
Tel fut jusqu'ici le sort de l'empire romain et de l'Eglise latine qui commencèrent l'an 800 de l'ère chrétienne, époque où cet empire passa aux Germains, continuant de durer jusqu'à ce jour. Nous voyons donc dans leur histoire, que depuis leur origine jusqu'à l'an 1517, c'est-à-dire, l'espace de sept siècles, ils furent exempts de toute hérésie et de toute ruine, si l'on en excepte seulement celles de Bérenger et de quelques autres hérétiques de peu d'importance que nous avons citées ; car la main de Dieu tenait Satan lié, et tous ces hérésiarques qu'on peut envisager comme les prodromes du mal, selon que nous l'avons déjà dit, ne parvinrent jamais à exercer contre l'Eglise les fureurs de l'enfer, que lorsque le jour des vengeances célestes fut venu.
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VERS. 3, 15. Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année, où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.
Suivent dans ces paroles les effets de la permission divine par laquelle Luther obtint la grande puissance des ténèbres pour commettre avec le plus grand succès les maux horribles dont il affligea si cruellement l'Eglise latine. Car il ne faut pas seulement lui attribuer le mal qu'il fit par lui-même sur les hommes de son époque ; mais l'on doit l'envisager comme le grand coupable et la cause première de tous les désastres que ses erreurs produisirent et produiront encore dans la suite.
* Le premier de ces maux fut l'effervescence qu'il excita sur un nombre presque infini d'ecclésiastiques de tout rang et de toute condition, en leur enseignant, par sa doctrine, à secouer le joug de la discipline de l'Eglise, pour parcourir ensuite l'Europe comme des chevaux sans frein, manifestant leurs désirs charnels par d'horribles hennissements, et pervertissant des millions d'hommes par leurs scandales.
* Le second de ces maux fut d'exciter par des discours et par des écrits les princes de l'empire à la guerre la plus longue et la plus désastreuse qui fut et sera jamais. Et aussitôt, furent déliés les quatre anges, c'est-à-dire, il fut permis à l'universalité des impies et des méchants, qui étaient prêts et comme enrôlés sous les drapeaux de Lucifer, à qui ils étaient vendus pour faire le mal comme autrefois Achab, III Reg., XXI, qui dit à Elie :
Achab, III Reg., XXI
«En quoi m'as-tu trouvé ton ennemi ? Elie lui répondit : Parce que tu t'es vendu pour faire le mal au yeux du Seigneur»
Nous voyons un pareil prince dans la personne de Frédéric V qui, joint à ses alliés, fit verser en si grande abondance le sang des chrétiens. Tels furent aussi Henri VIII, roi d'Angleterre, Élisabeth sa fille, et récemment encore Gustave-Adolphe, roi de Suède, qui, à la tête des protestants, dévora presque toute l'Allemagne jusqu'à la moelle des os, après lui avoir fait subir les plus sanglants outrages qui puissent humilier une nation. On ne sait que trop, en effet, l'horrible effusion de sang que ce prince provoqua, ainsi que ses rapines, ses vexations, ses homicides, ses sacrilèges et ses autres infamies. Or la première source de ces maux incalculables, passés et à venir, fut la doctrine de Luther.
Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année.
L'apôtre désigne par là les diverses époques des guerres du protestantisme dont les moments sont fixés à l'heure, au jour, au mois et à l'année, selon qu'il plaît à la volonté divine de permettre aux chefs de guerre d'arrêter et de déterminer l'exécution de leurs plans.
Où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.
I ci l'apôtre indique un nombre déterminé pour s'exprimer d'une manière indéterminée ; et par cette troisième partie des hommes, on entend la plus grande partie des chrétiens qui furent et seront réellement tués par ces guerres. Par les hommes, on comprend indistinctement les bons et les mauvais, les catholiques et les impies que ces guerres devaient et doivent encore atteindre.
l'heure, le jour, le mois et l'année
Par l'heure, le jour, le mois et l'année sont spécialement désignées les principales époques des guerres du protestantisme ; ainsi l'heure indique clairement la guerre des paysans qui dura peu de temps, et dans laquelle cependant 130 000 hommes furent tués par la ligue suédoise et par Antoine Lotharinge. L'heure désigne aussi les guerres civiles en Suisse, en France et en Belgique qui furent courtes, mais cruelles.
Le jour
L e jour indique la guerre smalkadique qui fut plus longue que celle des paysans, mais qui fut cependant abrégée par l'empereur Charles-Quint, célèbre par ses éclatantes victoires sur les ennemis les plus redoutables.
Le mois
L e mois annonce la guerre violente, dite de 30 ans, qui dura depuis l'an 1619 jusqu'à 1649. Ces trente ans sont en effet désignés par les trente jours du mois ; car l'on sait que chez les prophètes un jour compte pour une année.
l'année
E nfin par l'année, l'apôtre nous fait entendre toutes les guerres et les séditions qui auront lieu en Europe, jusqu'à l'extinction de cette si cruelle hérésie.
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VERS. 3, 16. Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions, j'en entendis le nombre. |
Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions.
P ar cette armée, saint Jean désigne en général toutes les milices et toutes les troupes que l'Europe, dans une circonstance déterminée, a mises sur pied de guerre, et qu'elle continuera de mettre par les quatre anges, à cause de cette impie et sanguinaire hérésie ; et le nombre de ces milices surpassera tout ce qu'on pourrait croire et supposer relativement aux ressources de l'Europe.
Et cependant il semble que cette contrée devrait être déjà épuisée, si l'on considère toutes les batailles sanglantes dont elle fut déjà le théâtre pendant 125 ans. Car presque tous les royaumes, les principautés et les républiques furent ensanglantés par suite de ces erreurs, comme on le voit par ce qui précède.
Or, si l'on additionne les chiffres de toutes ces troupes, on obtiendra un nombre incroyable, que saint Jean indique lui-même par un chiffre prodigieux en ces termes :
Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions.
N ous disons chiffre prodigieux, et le lecteur sera d'accord avec nous, s'il considère le chiffre plus étonnant encore de l'infanterie que cette si nombreuse cavalerie suppose d'après l'art de la guerre. Aussi le prophète ne s'exprime pas autrement pour ne rien dire de superflu, tout comme il n'annonce qu'une seule armée, bien qu'il y en ait eu et qu'il y en aura un très grand nombre. Son but est de nous faire comprendre que toutes ces armées, si nombreuses et si variées qu'elles puissent être, ne forment cependant qu'une seule armée, moralement parlant, puisque tous doivent tendre au même but et servir la même cause, qui est de combattre pour ou contre les principes de Luther. Toutes ces troupes sont un instrument dans les mains de Dieu pour châtier ce siècle charnel par le massacre de la troisième partie des hommes.
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Car j'entendis leur nombre.
Par ces mots, le prophète veut nous faire entendre que ce n'est pas au hasard, ni sans dessein qu'il cite ce nombre déterminé indiquant un autre nombre indéterminé ; mais il affirme lui-même que ce nombre de deux cents millions lui a été indiqué, et qu'il l'a ainsi entendu en esprit.
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VERS. 3, 17. Et voici comment les chevaux me parurent dans la vision, ainsi que ceux qui les montaient : ils avaient des cuirasses couleur de feu, d'hyacinthe et de soufre; les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions, et leur bouche jetait du feu, de la fumée et du soufre. |
les chevaux me parurent ainsi dans la vision
L e Prophète passe maintenant de la description des maux physiques à la description des maux spirituels ou moraux de cette hérésie. Et, d'abord , il décrit la manière dont il vit la nature et les propriétés de cette armée spirituelle. Il dit que les chevaux lui parurent ainsi dans la vision. Or, cette manière de voir est purement intellectuelle, et convient parfaitement à son objet qui est la guerre spirituelle, tout comme l'autre manière d'entendre, qui suppose une participation physique de l'ouïe, convenait au premier détail des maux matériels. Et les chevaux me parurent ainsi dans la vision. Par les chevaux on comprend 1. les mauvais prêtres et les impies qui, ayant secoué le joug de toute discipline, et ayant abandonné le frein de leurs passions, renoncèrent à la foi catholique et se mirent à courir comme des chevaux sauvages après Luther. Le nombre de ceux qui manifestaient leurs passions effrénées, par des sortes de hennissements après les voluptés de la chair, était considérable comme celui d'une grande armée de cavalerie.
1°) De même que l'étalon mis en liberté dresse sa crinière, agite sa queue, écume, court, hennit après sa femelle, et devient tellement indomptable, qu'il ne se laisse prendre par personne ; ainsi ces hommes impies et sacrilèges qui n'avaient pas su se conserver eunuques2 par la crainte de Dieu, se croyant déliés, par la doctrine de Luther, du frein de la discipline ecclésiastique, du célibat et de la morale, commencèrent à dresser la crinière de leur orgueil, à jeter leur écume contre l'Église de Dieu, à pervertir les hommes, et à courir après toutes les voluptés de la chair. Ils ne se laissaient guider par personne afin de pouvoir satisfaire plus librement leurs passions, ne pensant pas qu'ils s'exposaient ainsi à être liés, après leur mort, dans la prison éternelle de l'enfer. On doit aussi comprendre littéralement, par ces chevaux, les prédicateurs, soit les ministres de la réforme qui ont vécu, qui vivent encore, et qui vivront pour conserver et propager l'oeuvre subversive de Luther.
1 Matth., XIX, l2 : «Il y a des eunuques sortis tels du sein de leur mère ; il y en a
que les hommes ont fait eunuques eux-mêmes, à cause du royaume des cieux :
Que celui qui peut entendre, entende»
Or, ce sont là les maîtres dont parle saint Paul, II. Tim., IV, 3 ; et leur nombre forme une grande armée.
3 Car un temps viendra où (les hommes) ne supporteront pas la saine doctrine, mais au gré
de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l'oreille leur démangeant,
2°) Les étalons en liberté foulent tout à leurs pieds, même ce qu'ils rencontrent de plus précieux, parce qu'ils sont privés de raison ; et c'est ainsi que Calvin, Zwingle, OEcolampade, Carlostadt et une infinité d'autres, ayant à leur tête Luther, c'est-à-dire, l'ange qui les délia, foulèrent tout à leurs pieds. Semblables à des chevaux échappés, ils couraient dans le jardin de l'Eglise qui était en Europe, n'épargnant pas même les fleurs de ce jardin, c'est-à-dire, les vierges qui avaient voué leur vie et leur sang à Jésus-Christ, pour conserver leur virginité. Ils osèrent les attaquer par leurs sollicitations impures, en disant qu'elles devaient abandonner leur état pour se marier. Ils n'épargnèrent pas non plus les arbres majestueux et anciens des saints Pères, arbres si fertiles par leur doctrine sur les sacrements ; ni les plantations, ni les ouvrages, ni les embellissements des conciles généraux et provinciaux, pas même les horticulteurs dans la succession continuelle des souverains pontifes, depuis saint Pierre jusqu'au présent pape, qui demeurèrent, malgré ces injures, fermes et inébranlables comme des monuments éternels de vérité. Ils attaquèrent et cherchèrent à dévaster toutes les plantes de l'Eglise, qui sont aussi nombreuses qu'il y a de miracles et de vertus chrétiennes produites par la foi catholique.
Leurs pieds sont l'orgueil, le mépris, la présomption, la démence et l'impiété, et c'est avec ces pieds qu'ils éclaboussèrent ou attaquèrent le saint baptême, le Christ, la sainte Vierge, la très Sainte Trinité, les saints Pères, la succession continuelle des Apôtres, l'invocation des Saints, le libre arbitre ; ce grand don que Dieu fit à la nature ! enfin, tous les articles de foi et de morale ; car rien ne fut à l'abri de leurs injures. Je dis la vérité, et ne mens point : je souhaiterais que Jésus-Christ me rendit moi-même anathème pour mes frères, qui sont les Allemands, et pour tous les Européens qui sont aveuglés par ces chevaux émissaires, s'ils pouvaient, par ce moyen, ouvrir les yeux à la vérité, qui ne se trouve que dans l'Eglise romaine, une, sainte, catholique et apostolique.
3°) De même que les chevaux sont légers à la course, surtout s'ils sont bien montés, ainsi les chevaux émissaires de Luther portèrent, d'une course rapide, le poison de son erreur, qu'ils répandirent en un moment par toute l'Europe, étant montés par les démons qui sont leurs cavaliers, comme nous le verrons plus bas.
4°) Les chevaux sont des animaux très robustes et très forts qui, lorsqu'on leur a une fois lâché la bride, peuvent causer de grands dommages dans un champ, ou dans une plantation, et qui ne se laissent plus dompter facilement. Or, les chevaux émissaires de Luther furent aussi très forts, étant appuyés, dans leurs prédications erronées, sur la puissance des princes, des rois, des républiques, des riches commerçants, des villes opulentes, comme ils l'étaient surtout dans les commencements. C'est à l'aide d'une si puissante protection, qu'ils causèrent impunément tant de ruines spirituelles aux âmes, tout en faisant verser en abondance des larmes de sang. Et l'on ne parviendra pas facilement à les dompter, à cause de la puissance des princes sur lesquels ils s'appuient, et à qui ils servent de maîtres qui flattent leur orgueil et leur sordide avarice, selon le langage de l'Écriture. Ces princes protègent de tels docteurs, parce qu'ils leur enseignent une doctrine conforme à leurs désirs, comme, par exemple, de garder injustement les biens de l'Église, les prélatures, les dignités, les principautés et les évêchés. L'histoire de la réforme nous fournit une preuve patente de la difficulté qu'il y avait; surtout dans les premiers temps, de dompter ces chevaux : c'est lorsque le pieux et puissant empereur Ferdinand II employa toutes ses forces pour rétablir l'ordre public dans ses États, en éloignant ces perturbateurs qui livraient les âmes à tout vent de doctrine. Or, l'on sait que tous ses efforts furent paralysés et qu'il dut, tout récemment encore, composer avec l'ennemi, et accepter un traité de paix qui fit tomber la foi catholique dans un état pire que le premier. Car tous les ennemis de l'Eglise, quelque divisés qu'ils soient d'ailleurs entre eux, se réunissent et s'entendent parfaitement, lorsqu'il s'agit d'attaquer les intérêts de la foi, ou de lui causer quelque dommage. On trouve une figure véritable, quoique peu flatteuse, de cet accord des impies, dans la vie agricole : c'est lorsqu'un maître de ferme veut faire mettre le fer au groin d'un porc pour l'empêcher de nuire ; tous les autres accourent à ses cris, et menacent celui qui procède à l'opération.
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ceux qui les montaient
Par ces paroles, le Prophète indique et décrit les cavaliers de ces chevaux qui ne sont personne autre que les démons. On sait, en effet, que Luther avoua lui-même, dans ses écrits, qu'il avait de fréquents rapports avec un démon qui le poussait et l'éperonnait, pour ainsi parler, au mal. Il en est de même de tous ses disciples et de ses adeptes, et surtout de ceux qui renient le chef visible de l'Église dans les temps actuels ; ils ont tous des démons qui leur servent de chefs et qui les dirigent. Car,
1°) celui qui monte un cheval, le domine ;
2°) il le tient serré par la bride et le dirige où il plaît ;
3°) il le pique de son éperon pour l'exciter à la course, et pour lui imprimer tous les mouvements qu'il désire : tantôt il le fait avancer, tantôt reculer, et tantôt caracoler.
Or, c'est ainsi que les démons agirent sur tous les disciples et sur tous les adeptes de Luther, sous quelque forme qu'ils aient paru et c'est ainsi qu'ils agiront sur ceux qui paraîtront encore dans la suite. Car ils les dominent et les dirigent toujours vers le mal, et ceux-ci comme des chevaux domptés et souples, obéissent sans pudeur aux impulsions de leurs cavaliers, foulant aux pieds la morale, la discipline et les articles de foi. Si ces chevaux sont mous et sans feu, leurs cavaliers se servent de l'éperon, c'est-à-dire, qu'ils leur inspirent un faux zèle et une espèce de fureur mêlée d'orgueil, d'arrogance et d'envie, pour mieux les lancer à la course et disséminer plus rapidement l'impiété, sous le faux prétexte et sous l'apparence du bien et de la vérité. C'est du moins sous ces dehors qu'ils se présentèrent aux villes impériales, et qu'ils s'introduisirent auprès des princes, en leur présentant les richesses de l'Église, et en leur disant, comme le démon dans la tentation de Jésus-Christ :
Matt. 4, 9
«Nous vous donnerons toutes ces choses, si vous vous prosternez et nous adorez».
C'est encore de la même manière que ces chevaux coururent carrière pour faire retentir par leurs hennissements aux oreilles des ecclésiastiques, de quelque état qu'ils fussent, cette fausse et licencieuse interprétation du passage
saint Paul, I. Cor., VII, 9 :
«Il vaut mieux se marier que de brûler».
Par leur course rapide, ils propagèrent dans toute l'Europe, en un moment, leurs mensonges si flatteurs pour les passions des hommes. Mais ces chevaux ne se soumettaient pas seulement à leurs cavaliers par leur obéissance et par leur souplesse pour l'attaque, mais aussi pour la fuite. Les hérétiques fuient, en effet, avec aversion tout ce qui est contraire aux démons ; c'est pourquoi ils repoussèrent avec horreur le signe de la croix, l'eau bénite, les cérémonies sacramentelles, les reliques des saints, et surtout la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans la très Sainte Eucharistie. Ils repoussèrent surtout le saint nom de la bienheureuse Vierge Marie, si terrible aux démons, en conséquence de cette ancienne inimitié par laquelle la prophétie divine se réalise chaque jour.
Gen., III, 15 :
«Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : elle te brisera la tête, et tu la blesseras au talon»
Or, les hérétiques modernes manifestent, par tous leurs faits et gestes, cette vieille et ancienne rancune contre la femme, que les anges et les archanges vénèrent, que les rois, les princes et toutes les générations ont toujours louée et loueront toujours, selon
saint Luc, 1, 48 :
«Désormais toutes les générations me diront bienheureuse»
Ensuite, de même que les démons se montrèrent, dès le commencement, rebelles à Dieu leur créateur, et que, par jalousie, ils poussèrent à la désobéissance nos premiers parents ; ainsi ces chevaux émissaires secouèrent le joug de l'obéissance envers la sainte Église romaine, et excitèrent les États de l'empire à la révolte contre leurs maîtres légitimes et contre le souverain Pontife, vrai successeur de saint Pierre, et chef de l'Eglise universelle. Ensuite, qu'y a-t-il de plus odieux et de plus terrible pour les démons que le saint sacrifice de la Messe ! Or, les hérétiques modernes, vrais précurseurs de l'Antéchrist, firent tous leurs efforts pour le détruire et rejetèrent en effet le sacrifice continuel, comme le fera l'Antéchrist, selon la prophétie
Daniel, XII, 11 :
«Et depuis le temps que le sacrifice continuel aura été aboli, etc.»
Les démons ne soupirent qu'après le sang des chrétiens, et ne recherchent que les homicides, les discordes, les guerres, les séditions, etc., et ils y excitent les méchants qu'ils tiennent sous leur domination. Or, n'est-ce pas là le vrai portrait de ces chevaux émissaires que la trompette du sixième ange anime sans cesse au carnage et à la dévastation, comme on l'a vu plus haut ? Il résulte donc clairement de tout ce qui précède, que les cavaliers de ces chevaux sont les démons qui les dominent et les poussent au mal, et l'on voit par les détails qui suivent dans le texte, sur les armes et l'uniforme de ces cavaliers, que le Prophète désigna ces démons à la lettre.
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Car il ajoute :
avaient des cuirasses de feu,
c'est-à-dire, qu'ils étaient remarquables par leurs cuirasses de feu, de fumée et de soufre. Or, ces trois choses se trouvent en enfer, et les démons qui l'habitent et qui en sortent pour faire la guerre à Jésus-Christ sur la terre, paraissent briller, d'après le texte, dans ces cuirasses, pour mieux nous faire comprendre quels sont ces cavaliers.
Car, comme un roi porte une cuirasse d'or, un officier une cuirasse d'argent et un soldat une cuirasse de fer, chacun selon son rang et son grade, ainsi les démons portaient une cuirasse de feu, de fumée et de soufre. Ces paroles indiquent aussi, littéralement, divers genres de cuirasses que ces démons portaient à cheval, pour être plus terribles dans leur attaque contre l'Eglise de Jésus-Christ ; et on en distingue trois espèces, qui sont :
1°) le zèle de la haine implacable, et la noire envie que Satan inspira, par ses faux docteurs, aux princes et aux grands contre l'Eglise romaine, contre le souverain Pontife, contre les cardinaux, les archevêques, les évêques, les prélats ; contre les ordres religieux, et en général contre tout le clergé. L'expérience de chaque jour nous démontre la haine et la jalousie incroyable dont les hérétiques sont enflammés contre l'Eglise du Christ. Et c'est là une cuirasse dont Satan sut parfaitement prémunir ses soldats pour le combat. Car un coeur rempli de haine et d'aversion ne se laisse pas facilement convaincre et persuader par la saine doctrine, par les bons conseils, ni par les remontrances. C'est pourquoi il est dit dans le texte : Ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu. Car de même que le feu brûle et consume, ainsi le faux zèle de la haine et de l'envie consume les coeurs des hérétiques, et les brûlera éternellement.
2°) La seconde espèce de ces cuirasses, c'est la confusion et la nouveauté attrayante de la doctrine de cette hérésie sur la foi et la morale. C'est pourquoi il n'était pas facile de la combattre. Car à peine une erreur était-elle réfutée, qu'il en surgissait un nombre infini d'autres plus étonnantes encore. Ce fut là un nouveau et très adroit stratagème que Satan employa dans sa guerre contre l'Eglise latine, et c'est à l'aide de cette forte cuirasse qu'il para tous les coups et marcha sans crainte et avec intrépidité contre son ennemi. Cette seconde cuirasse avait la couleur de l'hyacinthe, ou de la fumée ; car l'hyacinthe ressemble à l'air obscurci, et cette couleur représente parfaitement la confusion des erreurs de Luther.
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En effet,
d'hyacinthe et de soufre
1. La fumée est produite par le feu ;
2. Elle obscurcit l'air ;
3. Elle trouble la vue ;
4. Elle est confuse et comme un chaos ; on ne peut la comprimer, et si on la dissipe d'un côté, elle s'étend d'un autre ;
5. Enfin, elle fait sortir les larmes des yeux.
Or, telle est parfaitement l'hérésie moderne :
1. Elle offre le tableau des erreurs les plus nombreuses et les plus variées, et la confusion qui en résulte provient du feu de la jalousie et de l'envie des hérétiques contre les chrétiens ; car ils se plaisent à enseigner et à pratiquer en haine du souverain Pontife et de l'Eglise romaine tout ce qui leur est contraire.
2. Cette hérésie obscurcit par ses erreurs toute l'Europe dont la foi était pure et lucide comme l'air par un beau jour d'été.
3. Elle troubla et gâta la vue, c'est-à-dire, l'intelligence et la saine raison des hommes, à tel point qu'il n'était plus possible de distinguer quelle était la vraie doctrine et la voie qui conduit à la vie éternelle.
4. Elle est comme un chaos de toutes les erreurs précédentes qu'on n'est pas parvenu à dissiper, et plus on veut en faire disparaître les nuages et les vapeurs, et plus elles s'élèvent de toutes parts.
5. Elle fit verser des larmes abondantes et même des larmes de sang, particulièrement en Allemagne, et elle en fera répandre bien plus encore.
Maintenant pourquoi le prophète a-t-il comparé ce mal à l'hyacinthe et non pas à la fumée ? La raison en est que si les erreurs de cette doctrine n'étaient pas autre chose en réalité que de la fumée, elles paraissaient néanmoins plausibles au dehors et avaient une apparence de solidité ; et ces chevaux émissaires les présentèrent sous ces fausses couleurs pour les faire agréer des hommes charnels dont ils flattaient les désirs, du moins pour la vie présente. C'est ainsi que les démons ont coutume de présenter le mal sous des couleurs et avec des raisons bonnes en apparence, afin de mieux réussir à tromper les hommes. On voit donc par là que c'est bien avec raison que le prophète se servit de ces cuirasses d'hyacinthe pour dépeindre ces ennemis du Christ et de son Église.
3°) La troisième espèce de ces cuirasses fut le relâchement de la discipline ecclésiastique et des moeurs chrétiennes remplacées par une vie toute charnelle et par une liberté licencieuse. De sorte que Satan, par cette hérésie, ouvrit la porte à tous les vices et à toutes les voluptés en persuadant aux hommes, par ses ministres, que le chemin du ciel est très facile et couvert de roses, et que Dieu ne punit pas le péché si rigoureusement que les catholiques l'enseignent. Il eut soin surtout de prêcher la plus grande liberté de la chair contrairement au célibat, aux ordres religieux, aux vierges et aux prêtres. Satan fut comme un pêcheur qui, au moyen de cette hérésie, tendit un grand filet sur les grandes eaux de l'Europe, et fit une immense capture de poissons qu'il fit rôtir dans les flammes éternelles ; et la puanteur de la fumée qui sortait de ce feu de la luxure, infecta toute l'Europe.
C'est avec cette troisième armure que Satan prémunit ses cavaliers auxquels il donna des cuirasses de soufre. Car le soufre désigne métaphoriquement la puanteur et l'infection des péchés déshonnêtes. Tels furent donc ces trois sortes de cuirasses spirituelles dont les démons furent recouverts et munis pour entreprendre cette terrible guerre que Satan avait déclarée à l'Eglise latine.
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Et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion
Dans ces paroles et celles qui suivent, le prophète passe à la description de la nature et des propriétés de ces chevaux. On en concevra sans nul doute une idée monstrueuse et horrible, si on se les représente avec le ventre, les pieds et le corps d'un cheval, la tête d'un lion, une gueule infernale, et la queue formée de serpents. C'est là cependant ce que nous allons vérifier en détail.
1°) Il est dit dans le texte que les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et c'est avec justesse. Car de même que la tête du lion est très forte, et qu'elle dévore et déchire de ses dents tout ce qui se présente à elle, ainsi ces chevaux, animés par le son de la trompette du sixième ange, osèrent attaquer et dévorer de leurs dents maudites presque tous les articles de foi, si saints, si authentiques et si anciens qu'ils fussent. Ils n'épargnèrent rien de ce qui appartient aux bonnes moeurs ; pas plus que les choses sacrées, les cérémonies sacramentelles et le culte de la sainte Vierge et des saints. Comme le lion en fureur lance des regards de feu, laisse tomber de sa gueule l'écume de sa rage, fait retentir les vallées de ses affreux rugissements, et répand partout où il passe la terreur du carnage et l'effroi de la mort, ainsi ces chevaux de l'impiété, animés du feu de la haine, enflammés de la fureur de l'envie, et brûlant de la soif de la vengeance contre le souverain Pontife et contre tous les prélats de l'Église, déchirèrent et dévorèrent avec leurs dents de lion toutes les choses saintes et même les sacrements.
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Et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre.
2°) L e Prophète ajoute : Et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre.
Nous avons dit que le feu désigne l'ardeur de la jalousie, le zèle de la haine et la noire envie dont ces chevaux furent enflammés par les démons qui les montaient, et qui les lancèrent par toute l'Europe pour faire la guerre au souverain Pontife et à l'Eglise latine. C'est avec ce feu qu'ils brûlèrent tous les préceptes de morale et tous les dogmes de la foi catholique. Nous avons dit aussi qu'ils remplirent cette même Europe de fumée et de soufre par la confusion de leur doctrine, et par la fausseté de leur moral, et par la puanteur de leur vie licencieuse. Or, selon le texte, ces trois horreurs sortaient de leur bouche, c'est-à-dire, qu'ils les prêchèrent et les disséminèrent par leurs discours et par leurs écrits. Car que pouvaient-ils prêcher autre chose que ce dont leurs coeurs étaient remplis ? Et de quoi pouvaient-ils être remplis, si ce n'est du mal que les démons leur inspiraient ? Ainsi ces chevaux émissaires répandaient par leur bouche ce que les démons, qui les montaient, portaient comme des cuirasses. C'est en effet la propriété des démons de vouloir le mal que Satan fait commettre dans le monde par ses ministres, qui sont les impies et les méchants. Et la bouche des impies est semblable à l'enfer, d'où sortent et d'où sortiront pendant toute l'éternité le feu, la fumée et le soufre, qui dévoreront ces méchants dans les siècles des siècles. C'est de ces mêmes impies que David a si bien écrit,
Ps. V, 10 :
«La vérité n'est point sur leurs lèvres ; leur coeur est rempli de vanité, leur bouche est un sépulcre ouvert, et leur langue est pleine d'artifice. Jugez-les, ô Seigneur, etc.»
Et :
Ps. XIII, 5 :
« Leur gosier est un sépulcre ouvert, ils se sont servis de leur langue pour tromper avec adresse, le venin des aspics est sous leurs lèvres. Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume ; leurs pieds se hâtent pour répandre le sang. Les angoisses et la désolation sont leurs voies ; ils n'ont pas connu le sentier de la paix.
3°) Le feu, la fumée et le soufre des cuirasses que portaient les cavaliers sont appelés des plaies,
* pour signifier la funeste influence qu'ils exercèrent en Europe sur l'Eglise latine par la permission de Dieu. Car la mesure des péchés des hommes était comble, toute chair avait corrompu ses voies, et toute l'Europe s'était prostituée, loin de Dieu son Seigneur, à l'orgueil, à l'avarice, à la luxure, à toutes les voluptés de la chair, et à la félicité de la vie présente. C'est en conséquence de ce débordement que cette hérésie enfanta et produisit une génération d'hommes qui lui furent parfaitement semblables, et qui devinrent des enfants de douleur pour le malheur du monde entier.
* Ces cuirasses sont appelées des plaies, parce que Dieu ne peut pas infliger une plus grande punition à un peuple ou à une nation qu'en permettant qu'elle abandonne la vraie foi pour tomber dans l'hérésie. Aussi Dieu, dans Sa bonté et Sa miséricorde, a-t-Il soin d'annoncer ces terribles châtiments souvent cent et même deux cents ans à l'avance, pour exciter les peuples à la pénitence ; et s'ils persévèrent dans leurs vices et leurs erreurs, il fait enfin éclater sa colère par une ruine complète. Car, selon l'expression de l'Apôtre,
Heb., X, 31 :
«Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant»
Et voilà pourquoi le saint roi prophète nous avertit,
Ps. II, 10 :
«Maintenant, ô rois, ouvrez vos coeurs à l'intelligence, instruisez-vous, vous qui jugez la terre. Servez le Seigneur avec crainte, et réjouissez-vous en Lui avec tremblement. Embrassez adroitement la discipline, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez hors de la voie de la justice, lorsque dans peu de temps Sa colère se sera embrasée». Voir ce qui a été dit, Liv. I, chap. II
4°) Suit la grande dévastation causée par ces trois plaies.
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VERS. 3, 18. Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée.
P ar la troisième partie des hommes, on comprend ici une partie considérable de la chrétienté qui abandonna la vraie foi et périt d'une mort spirituelle, soit par le feu de la jalousie, soit par le venin de la haine contre le souverain Pontife et contre l'Eglise et ses ministres, que ces chevaux émissaires rendirent odieux, soit par la confusion de leur doctrine, et la diversité de leurs erreurs, soit enfin par les attraits d'une vie voluptueuse et d'une liberté de conscience sans limite et sans frein. Aussi le Prophète indique ici littéralement que la troisième partie des hommes perdit la vie spirituelle à cause de cette hérésie, de la même manière qu'il avait dit plus haut, littéralement aussi, que la troisième partie des hommes fut physiquement tuée. Or, cette mort spirituelle d'un tiers de la chrétienté peut facilement se démontrer par la quantité de royaumes, de provinces ou de villes qui furent et sont encore infectés, ou totalement ou en partie, par cette abominable hérésie. Car si l'on compare la multitude des hérétiques qui sont dans le monde au nombre des catholiques restés fidèles, on comprendra facilement la grandeur du mal et la ruine considérable causées par cette hérésie, qu'on doit déplorer avec des larmes de sang.
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VERS. 3, 19. Car la puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues Parce que leurs queues ressemblent à des serpents, et qu'elles ont des têtes dont elles blessent. |
Car la puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues
C es paroles indiquent la cause des maux que cette hérésie continuera de produire par les conséquences de ses principes, comme l'indique déjà la conjonction Car, qui est mise en tête.
1°) La puissance de ces chevaux est dans leur bouche dont ils se servirent pour vomir la calomnie et le mensonge contre le souverain Pontife, contre les prélats et en général contre toute l'Eglise, s'efforçant de les rendre odieux, surtout aux princes et à la noblesse, et en cherchant à persuader tout le monde qu'il ne convenait pas que les ecclésiastiques possédassent plus longtemps des dignités, des principautés et des richesses, à cause de l'abus qu'ils en faisaient. Par leurs discours artificieux et par l'apparence de gravité et de raison qu'ils affectaient de se donner, ils trompèrent une multitude innombrable de personnes de l'un et de l'autre sexe, de tout état et de toute condition ; et c'est par de tels moyens qu'ils attirèrent tant de monde à leur secte, osant se vanter qu'ils étaient inspirés et envoyés de Dieu pour secouer le joug de la servitude du démon. Tel était leur langage contre l'Eglise catholique. Ils ouvrirent aussi leur bouche pour blasphémer et pour prêcher que l'usage des viandes dans les repas est permis tous les jours, et qu'on n'est plus tenu à aucun précepte de l'Eglise. De plus, ils enseignèrent et publièrent par toute l'Europe, qu'on ne doit pas obéir au Pape, et qu'il faut supprimer le célibat, etc., etc. Et parce que leur doctrine si désastreuse pour l'Eglise fut généralement agréée par les rois, les princes, les nobles, les villes impériales et une grande partie des peuples, le prophète a raison de dire que la puissance de ces chevaux est dans leur bouche.
2°) Il dit aussi que leur puissance est dans leurs queues. On doit remarquer qu'il indique ces queues au pluriel, pour dire qu'il y en aura plusieurs et de divers genres.
* La première de ces queues, c'est l'hypocrisie et l'adulation dont ils se servirent,
comme les animaux se servent de leurs queues pour flatter les hommes ; et ces hérétiques s'en servirent pour couvrir la turpitude et dissiper la puanteur de leur doctrine et de leurs vices.
* La seconde queue furent les princes, les villes impériales, les républiques et les gouvernements qu'ils entraînèrent à leur suite dans l'erreur et la perdition, en les persuadant qu'ils pouvaient en toute sécurité de conscience prendre ou retenir les biens de l'Eglise, les dignités, les principautés, les prébendes et les évêchés. Et ceux-là coururent après de tels maîtres qui savaient si bien flatter leurs passions, comme des enfants courent après les noix. Faut-il donc s'étonner si, appuyés par de telles puissances, ces chevaux hennissant et agitant leur crinière, osèrent et osent encore jeter leur écume avec tant d'impudence contre l'Eglise latine ? Cette seconde queue leur servit aussi pour cacher leur turpitude et pour dissiper la puanteur de leur hérésie, en ce que les simples parmi le peuple, voyant les grands et les savants, les riches et les seigneurs, les princes et les gouvernements eux mêmes agréer et protéger une telle doctrine, ne pouvaient guère faire autre chose que d'en perdre la tête.
* La troisième queue est le pseudopoliticisme et l'indifférentisme récemment introduits dans le monde par Machiavel, Bodin et par d'autres philosophes ; ainsi que l'athéisme qu'on peut considérer comme les dernières conséquences de tant de principes faux et contradictoires de cette doctrine, et par conséquent aussi comme la queue de ces chevaux, puisque la queue est adhérente au corps comme les conséquences d'un principe résultent du corps de la doctrine : ils en sont la dernière raison, comme la queue est le dernier membre de l'animal. De même que la dernière solution du grand problème de la foi catholique c'est Dieu ; ainsi, par opposition, la dernière conséquence de la doctrine de Luther, c'est la négation de Dieu.
Et voilà pourquoi tant de princes et tant de gouvernants finissant par se persuader des contradictions et des variations infinies des sectes modernes, et conservant d'ailleurs le premier levain de haine que le protestantisme inspira à un trop grand nombre d'entre eux, même parmi les catholiques, finirent par ne plus croire à d'autre vérité qu'à la religion et à la raison d'Etat ; et ils se contentèrent de conserver les cérémonies extérieures et apparentes pour mieux réussir à contenir leurs peuples dans la soumission ; et ils dirent avec les impies dans leurs coeurs : «Il n'y a point de Dieu».
6°) Le Prophète décrit ensuite la nature et les propriétés de ces queues, et il se sert à dessein de la conjonction parce que, pour bien faire comprendre à l'Eglise latine la cause de tant de ruines et de désolations.
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Parce que leurs queues ressemblent à des serpents,
* L es queues de ces chevaux sont assimilées à des serpents à cause des flatteries dont ils se servent. Car de même que le serpent séduisit par la flatterie nos premiers parents dans le paradis terrestre, et leur fit manger le fruit défendu; ainsi les disciples de Luther séduisirent et continuent de séduire les peuples, en les flattant dans leurs désirs, et en leur persuadant de manger les viandes défendues et de se livrer sans crainte aux voluptés et à la licence. Ils emploient dans ce but des mensonges aussi flatteurs que spécieux, se servant, même au besoin, des textes de l'Écriture dont ils faussent le sens, en disant, par exemple :
Matth., XV, 11 :
«Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme»
Et
I Cor., VII,9 :
«Il vaut mieux se marier que de brûler»
* De plus, les serpents ne se laissent pas prendre facilement; car si quelqu'un veut en saisir un, il court grand risque d'être mordu, et de recevoir une blessure souvent mortelle. Or, c'est ainsi que sont les queues, soit les conséquences de l'hérésie présente. Car quel est celui qui pourrait se vanter d'avoir saisi l'astuce des hérétiques? Qui pourra extirper la fausse philosophie, la fausse politique et l'athéisme qui se sont glissés comme le poison jusque dans les membres des catholiques eux-mêmes ? Gloire à celui qui pourra faire descendre de leur chaire ces docteurs des ténèbres prêchant l'erreur et le mensonge comme des vipères qui menacent de la mort par leurs horribles sifflements ! Heureux enfin celui qui pourra saisir et dominer, avec l'aide de Dieu, les princes, les rois, les républiques, les villes impériales et toutes les puissances sur lesquelles est appuyée cette erreur ! L'histoire nous apprend que Ferdinand II, empereur aussi pieux que puissant, essaya de le faire, ainsi que Ferdinand III ; mais hélas ! le résultat de leurs efforts fut une horrible blessure qu'ils reçurent en voulant saisir ces serpents si redoutables.
* La nature du serpent l'oblige à ramper sur la terre, et c'est là précisément ce que font ces hérétiques dont la face, comme celle du serpent, est sans cesse inclinée vers les choses terrestres ne recherchant que les honneurs, les richesses et les plaisirs.
Selon la
Genèse, III, 1 :
«Le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait placés sur la terre».
Or, il en est de même de la génération présente qui est la plus rusée de toutes celles qui ont existé jusqu'ici. Il est certain que les protestants ont employé contre l'Eglise la ruse la plus raffinée. On n'a qu'à lire pour s'en convaincre les actes de la chancellerie d'Anhalt, ainsi que les décrets de leurs conciles, et l'on y verra tout ce que la ruse leur inspira contre les catholiques et contre l'empire romain ; et l'on comprendra que ce n'est pas à tort que le Prophète les compare aux serpents les plus rusés.
* Si Dieu, dans Sa malédiction, a établi une inimitié entre le serpent et la femme, entre la race de l'un et de l'autre, Gen., III, on peut alors comprendre quelle inimitié Dieu a permis qu'il existât entre cette nouvelle race de serpents et la femme par excellence, la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu fait homme, qui sera bénie entre toutes les femmes.
* Il est dit que ces queues ont des têtes, pour nous faire comprendre que les fauteurs et les adeptes de cette hérésie seraient des rois, des princes et un grand nombre de personnages distingués et puissants, qui sont en effet comme la tête, ou les chefs des peuples.
De plus, ce n'est pas sans raison que le Prophète désigne plusieurs têtes pour signifier que les dogmes du protestantisme, n'ayant pour base que le principe du libre examen, il s'ensuivrait nécessairement une multitude de sectes diverses, puisqu'on devait rejeter toute autorité qui aurait pu gêner la fausse liberté de conscience. N'est-ce pas là en effet ce que l'expérience n'a malheureusement que trop prouvé par tant de controverses scandaleuses sur la présence du Christ en tous lieux, sur la communication des idiomes divins, sur le nombre des sacrements, sur la foi des enfants dans l'administration du baptême, sur l'usage et les cérémonies de la messe en allemand, etc., etc. Il suffisait qu'un consistoire ou un concile provincial admît et proclamât quelque règle à ce sujet, pour que d'autres conciles et consistoires les rejetassent et même les missent en dérision. N'est-ce pas là une preuve évidente qu'ils n'étaient ni les uns ni les autres appuyés de l'assistance infaillible et de la promesse du Saint-Esprit qui les aurait empêchés de faillir et de se diviser ? Ces têtes signifient aussi la sagesse, l'intelligence
et la prudence humaine par lesquelles cette génération surpasse de beaucoup les catholiques; car , selon
saint Luc, XVI, 8 : «Les enfants de ce siècle sont plus ha-biles dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière»
n'est ce pas là ce que nous avons expérimenté surtout au commencement de ce cinquième âge, en voyant les protestants surpasser de beaucoup les catholiques dans l'art de feindre, de combiner des plans occultes et de dresser des embûches ; dans le talent d'acquérir des richesses et d'étendre le commerce, de réussir dans les négociations, de perfectionner les systèmes d'attaque et de défense pour les forteresses et les places de guerre, dans les lois civiles et les règlements de police extérieure, dans le luxe d'une éducation brillante pour la jeunesse, etc., etc.?
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Lors donc que le prophète nous dit qu'ils auront des têtes, il veut nous prévenir des dommages considérables que cette génération perverse causera à l'Eglise et à l'empire romain ;
et il complète la description de cette hérésie en disant :
elles ont des têtes dont elles blessent.
C'est-à-dire, qu'ils nuiront particulièrement à l'Eglise et à l'empire romain avec ces trois genres de queues dont nous avons parlé plus haut, et que toute la puissance et la vigueur de cette hérésie, quand elle sera sur le point de finir, consistera dans ces trois queues. De sorte que celui qui parviendra à couper ces queues, mettra fin à l'existence de cette hérésie.
Plaise à Dieu que vienne bientôt ce puissant monarque qui doit bouleverser les républiques, battre en brèche les villes impériales et maritimes qui ne sont pas autre chose que des nids de vipères, étouffer les cris et les sifflements de ces prédicateurs et de ces serpents, et qu'après avoir humilié les hérétiques et les schismatiques, il fasse cesser toute erreur ! Le prophète n'a écrit aucune hérésie avec autant de force et de clarté, et par des comparaisons aussi sensibles que la moderne, afin de mieux faire connaître à l'Eglise latine les maux qui en résulteront.
En faisant passer ce monstre devant nos yeux, l'Apôtre nous avertit nous-mêmes, chacun en particulier, de demeurer fidèlement attachés à la foi catholique romaine, et de marcher avec sobriété, chasteté, piété et sainteté en présence de cette horrible bête, de peur que notre ministère ne soit tourné en dérision et avili. De plus, le prophète nous avertit d'éviter la luxure, les plaisirs de la table, l'orgueil, l'impudicité, l'avarice et l'ostentation, de peur que les faibles parmi nous en tirent scandale.
Nous devons nous efforcer, au contraire, de briller par notre vie et par notre doctrine comme une lumière dans les ténèbres. Observons la discipline du Seigneur, de peur que Sa colère n'éclate, et qu'Il ne permette que tout ce que nous possédons encore en Europe, ne soit dévoré par cette bête hideuse. Lisez ce qui est écrit dans le petit livre qui traite des sept animaux, et de quelques autres secrets particuliers concernant l'Allemagne.
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VERS. 3, 20. Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains, pour ne plus adorer les démons et les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher ; |
Résumé des maux causés par les mauvais catholiques eux-mêmes :
Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains, pour n'adorer plus les démons.
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Ce texte renferme un admirable résumé des maux considérables que nous, catholiques, avons causés à l'Eglise par nos oeuvres perverses. Car bien que nous soyons demeurés dans la vraie foi, nous nous sommes presque alliés avec la bête, pour combattre contre notre sainte mère l'Eglise.
Et les autres hommes,
c'est-à-dire, les restes des catholiques, qui ne furent point tués par ces plaies, qui n'abandonnèrent pas la vraie foi. Et les autres hommes.
Cette construction ne paraît pas complète au premier abord, parce qu'il n'y a point de verbe et d'attribut. Mais on doit savoir que ce verbe et cet attribut existent cependant, et se trouvent dans ces mots du texte qui précède.
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Et qu'elles ont des têtes dont elles blessent ( VERS. 3, 19)
En latin la liaison se fait mieux, à cause du pronom illis, qui est des trois genres, au lieu du pronom français elle, qui est féminin, Les autres hommes sont donc aussi le sujet du verbe blesser qui se trouve dans le verset qui précède, et l'attribut se trouve dans le mot : dont ou avec ces têtes ; c'est-à-dire, avec ces têtes dont les autres hommes blessent. Par cette liaison de phrases, le prophète nous indique d'une manière admirable la liaison ou du moins le rapprochement qui unirent presque les restes des catholiques avec les protestants. En conséquence, le prophète veut nous faire entendre que nous aussi, mauvais catholiques, apporterions notre part de bois à cet horrible incendie qui devait embraser l'Europe.
Et ces maux dont nous nous rendrons coupables contre l'Eglise se divisent en deux espèces.
* La première, c'est cette prétendue sagesse et cette ruse de serpent qui président dans les conseils des puissances du siècle, et leur inspirent d'opprimer l'Eglise en la privant de ses immunités et en se servant de toute espèce de titres faux et spécieux pour empiéter sur le pouvoir spirituel, pour grever d'impositions les rentes et mêmes les personnes ecclésiastiques, les corporations, les séminaires, etc. ; et pour leur enlever leurs droits, leurs revenus, leurs dîmes, etc. Et si l'Eglise de son côté, les menace d'excommunication ou porte même des sentences en ce genre, ils rient, ils s'en moquent et persévèrent dans leur péché. N'est-ce pas là le plus mauvais signe que l'Europe entière est sur le penchant de sa ruine et de la prévarication ? Y a-t-il en effet un plus mauvais signe dans un enfant que lorsqu'il se moque de la verge dont sa mère le menace ?
Or, c'est en cela surtout que les mauvais catholiques se rapprochent des hérétiques, puisqu'ils font d'une manière occulte et cachée ce que ceux-ci firent au grand jour et avec tant d'éclat. Ils ravissent aujourd'hui ce que leurs pères fondèrent dans une pieuse intention, mais ils n'en deviennent pas plus riches pour cela ; ils continuent au contraire d'être dans le besoin et les embarras financiers, parce que la bénédiction de Dieu n'est pas sur eux. C'est à tous ces ravisseurs que s'adressent ces paroles du Sage
Prov. , XI, 24 :
«Les uns donnent ce qui est à eux, et sont toujours riches ; les autres
ravissent le bien d'autrui, et sont toujours pauvres»
Puisse-t-on persuader à ces derniers de cesser au plus tôt cette usurpation du pouvoir ecclésiastique, ces exactions, ces impositions, cette oppression du clergé ; et puissent-ils commencer à craindre enfin le glaive de l'Eglise qui est terrible, puisqu'il attire la malédiction de Dieu sur leurs familles et sur les enfants de leurs enfants. Nous en avons un terrible exemple dans Charles Stuart, roi d'Angleterre, dont les prédécesseurs préten55 dirent être les chefs de l'Église ; cet infortuné dut être décapité et perdre sa couronne en conséquence des malédictions qu'Henri VIII et Élisabeth avaient attirées sur cette malheureuse dynastie. C'est ainsi que Dieu punit les crimes des hommes jusqu'à la troisième et à la quatrième génération.
* La second espèce de maux que les catholiques causèrent à l'Église leur mère, ce sont les grands péchés des princes, du clergé et du peuple pour l'expiation desquels on n'a point fait pénitence, selon l'expression du prophète lui-même ;
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car il ajoute,
VERS. 3, 21. Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides, de leurs empoisonnements, de leurs impudicités et de leurs larcins ; |
Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides, de leurs empoisonnements, de leurs impudicités et de leurs larcins
C'est déjà pour nos énormes péchés que Dieu permit cette funeste hérésie en Allemagne et dans une grande partie de l'Europe ; et c'est parce que nous continuons à pécher qu'il permet qu'elle dure si longtemps. Car à quelle autre cause peut-on attribuer un si triste résultat des efforts de l'empereur Ferdinand II, pour la réforme de la foi et la restitution des biens de l'Eglise, si ce n'est à nos péchés ? Ce prince avait en main tous les moyens pour réussir ; son oeuvre avait bien commencé, et il l'avait même déjà affermie par d'éclatantes victoires, et cependant, à cause des péchés des catholiques, qu'est-il résulté de tout cela, sinon un traité de paix qui compromit davantage encore leur situation ? C'est donc à cause des vices auxquels nous continuons de nous livrer, et dont nous ne voulons pas faire pénitence après les avoir reconnus et confessés, que Dieu, dans Sa colère, a empêché cette réforme de la foi et cette restitution des biens de l'EgIise que nous avions commencées d'une manière insuffisante, puisque nous n'y ajoutions pas la réforme de nos moeurs. Le Seigneur agit en cela comme un père gravement offensé de l'indigne conduite de Son fils qu'il déshérite en déchirant le testament qu'il avait fait en sa faveur, etc.
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Pour n'adorer plus les démons, les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher. (VERS. 3, 20)
Ces paroles spécifient sept énormes péchés qui sont la cause par laquelle Dieu n'a pas pitié de l'Europe, et qu'il n'y relève point l'Eglise opprimée sous le joug des hérétiques.
Le premier péché, c'est l'idolâtrie occulte des superstitieux dont l'Europe, et surtout l'Allemagne, abondait avant la dernière guerre, et qui commencent déjà à reparaître. Ceux qui se livrent à ces superstitions, entretiennent un commerce secret avec les démons qu'ils adorent dans ces abominations, comme autrefois les gentils les adoraient dans les idoles; et c'est ainsi qu'ils oublient Dieu leur créateur.
Or, c'est là un énorme péché que le texte exprime en ces termes. Pour n'adorer plus les démons.
Le second péché, c'est l'avarice, qui est abominable devant le Seigneur. Le prophète la dépeint métaphoriquement sous la figure de l'idolâtrie, en disant : les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois. De même que les païens fabriquaient la plupart de leurs idoles avec l'or, l'argent, l'airain, etc. ; ainsi les hommes de cet âge n'attachent de prix et d'amour qu'à ces futiles objets, et en font l'idole de leur coeur plongé dans l'avarice. Dans ces objets désignés par le prophète, sont contenus tous les autres, et les raisons pour lesquelles il appelle l'avarice une idolâtrie sont les suivantes :
A) parce que c'est le propre des prophètes de désigner ces sortes de choses par des énigmes et par des métaphores.
B) L'apôtre saint Paul appelle aussi l'avarice une idolâtrie, parce que l'une est un aussi grand crime que l'autre.
Ephes, V, 5 :
«Sachez que nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idolâtrie, ne sera héritier du royaume de
Jésus-Christ.»
C) De même que l'idolâtrie fait apostasier, ainsi ceux qui veulent devenir riches, selon saint Paul, tombent dans les filets du démon.
I Tim, II, 9 :
«Ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation et dans le piège de Satan, et en plusieurs désirs inutiles et pernicieux, qui précipitent les hommes dans l'abîme de la perdition, et de la damnation. Car le désir des richesses est la racine de tous les maux. Et quelques-uns de ceux qui en sont possédés se sont éloignés de la foi»
Or, n'est-ce pas là ce que nous vîmes en Europe et surtout en Allemagne, où plusieurs princes et autres personnages illustres abandonnèrent la foi, à cause de leur cupidité pour les biens de l'Eglise ? Les avares sont des idolâtres qui adorent les monnaies comme des idoles, mettant toute leur confiance dans les richesses, et commettant avec elles la fornication par l'oubli de Dieu et par le mépris des loisdivines et humaines.
D) De même que rien n'est plus vain, plus vil, et plus imparfait que les idoles ; ainsi le plus petit moucheron devrait être bien plus estimé, ce semble, que l'or, l'argent, le bois, l'airain et la pierre pour lesquels cependant les hommes abandonnent Dieu leur créateur et l'Être par excellence.
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Aussi le prophète exprime-t-il son étonnement sur cette folie, par ces paroles :
Les idoles d'or, d'argent, etc..., qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher (VERS. 3, 20)
Le troisième péché, c'est l'envie, la haine, la colère ; ce sont les rixes, les procès injustes, le désir de dominer et la convoitise ; tout comme aussi les guerres injustes, desquelles il résulte des homicides innombrables. L'Europe en général n'abonde-t-elle pas en homicides de ce genre ? Combien de guerres injustes, parmi lesquelles nous ne citerons que celle de Mantoue, celle de la France contre l'empire romain pour appuyer les protestants, lorsque Ferdinand Il voulut introduire la réforme de la foi et restituer les biens de l'Eglise ; enfin la guerre contre le roi d'Espagne ne fut-elle pas entreprise par une profonde jalousie ? On veut être catholique, mais on ne veut pas vivre en catholique, on appuiera même au besoin les ennemis de la foi par les armes, par de mauvais conseils et par l'argent, sans aucun motif qui puisse légitimer de telles alliances autre que l'intérêt. Combien d'autres guerres injustes ont été entreprises ! Combien d'homicides dont on s'est rendu coupable dans tant de révolutions ! O pécheurs que nous sommes, quand finirons-nous par reconnaître nos crimes ? C'est pourquoi le prophète ajoute : Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides.
Le quatrième péché, c'est l'homicide particulier. Combien d'assassinats en effet n'avons-nous pas à déplorer ? Combien de femmes enceintes qui détruisent leurs fruits ? Combien de mères, ô horreur de la nature ! qui sont assez cruelles pour verser leur propre sang, le sang de l'innocent ? Que d'empoisonnements cachés ou connus dans la société et dans les familles ! C'est ce que le texte indique expressément : ils ne firent point pénitence... de leurs empoisonnements.
Le cinquième péché est celui de la chair exprimé en ces termes : Et ils ne firent point pénitence... de leurs impudicités. Ici le prophète indique l'espèce pour le genre ; mais sa parole renferme tous les péchés de luxure en général dont le monde est tellement souillé, qu'on peut bien lui appliquer ces paroles que l'Écriture adresse aux hommes qui vivaient avant le déluge : «Toute chair avait corrompu ses voies». Ah ! ce ne sont pas des paroles, mais des larmes qu'il nous faut ici !
Le sixième péché, c'est l'injustice qui règne partout, et que le prophète indique par ces mots : Et ils ne firent point pénitence... de leurs larcins. Ici encore il cite l'espèce pour le genre, comme on en a beaucoup d'exemples chez les prophètes.
Par les larcins, il entend donc l'injustice en général dans laquelle sont renfermées toutes les espèces de vols, de quelque nature qu'ils soient. Or, qui n'a pas à se plaindre des injustices qui lui ont été faites en ce genre, ou du moins qui est-ce qui n'en a pas été menacé ? Mais aussi en est-il beaucoup de ces ravisseurs du bien d'autrui qui reconnaissent enfin leurs torts, et qui réparent leurs injustices ? Ne cherchent-ils pas au contraire, à augmenter encore leur fortune par tous les moyens justes ou injustes, peu leur importe, inspirés qu'ils sont par leur avarice insatiable ?
Le septième péché de cet âge, qu'on doit considérer comme le complément de notre perdition, c'est l'impénitence finale exprimée si clairement par le prophète : Et les autres hommes... ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains. Et plus bas : Ils ne firent point pénitence de leurs homicides, etc. Telle est la dernière sentence portée par saint Jean, l'archichancelier des redoutables conseils de Dieu !
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O prêtres et laïques de toute l'Europe et surtout de l'Allemagne, ouvrons enfin les yeux pour voir le terrible danger qui nous menace ! Dieu a jeté un regard de colère sur l'Eglise Sa fille ; et depuis plus de cent ans, la guerre, la peste, la famine, les dissensions, les hérésies, les schismes, les révolutions, les maladies de tous genres nous affligent et nous accablent ! Et nous ne faisons point pénitence pour tout cela, nous persévérons dans la recherche criminelle des plaisirs de la chair ; nous sommes encore haletants de la soif des biens périssables et enflés de l'orgueil de la vie. Les yeux de nos âmes sont obscurcis par nos passions, et ne peuvent voir l'abîme dans lequel nous nous précipitons. Ah, éveillons-nous enfin de notre sommeil de mort ! Pour l'amour de Jésus-Christ qui nous a aimés jusqu'au sacrifice du Calvaire ; pour l'amour de nos âmes et pour l'amour de ceux qui viendront après nous, faisons tous ensemble un effort de salut, de peur que le Seigneur ne nous laisse enfin tomber dans les profondeurs de l'abîme sur lequel nous sommes suspendus, de peur aussi que l'horrible bête ne dévore cette belle Europe, et qu'il n'y ait plus personne qui puisse nous sauver.
Ainsi soit-il.
soit-il.
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