ARIE
CO-REDEMPTRICE
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LA
CO-REDEMPTION
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«J'ai
mieux compris les peines indicibles du cœur très pur de Marie,
l'unique créature qui lisait et comprenait les douleurs
intérieures, les souffrances de son divin fils, comment elle fut
la seule à pouvoir mesurer ses peines, à saisir sa pureté et
son innocence, à subir aussi le poids infini de l'ingratitude
humaine qui l'accablait ; sans être coupable, elle vécut une existence de souffrance en union avec son Jésus très saint et
obtint les grâces pour les pêcheurs coupables.
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Dès
que Marie eu consenti à l'incarnation du Verbe, plus jamais le
plan divin ne s'effaça de son esprit. Son cœur de mère, broyé,
contempla le martyr innocent et Divin.
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La
vie de cette vierge-mère fut la plus crucifiée après celle de
Jésus. Sa constante méditation de l'avenir gardait toujours son
âme déchirée en sa petite maison de Nazareth. Qui aurait pu
soupçonne , à la vue de ces deux êtres si purs, mais vivant la
même existence commune, qu'en réalité, ils supportaient
au-dedans d'eux-mêmes le martyre le plus cruel en vue du salut du
genre humain ! Oui, Marie a occupé une place immense dans la
rédemption de l'homme. Que Marie est grande et combien nous lui
sommes redevables !»
[...] La passion de Jésus fut aussi la passion de Marie. Elle a été seule à comprendre ce cri de Jésus dans son abandon. La mesure de la douleur est celle de l'amour. La mesure de l'amour est celle de la grâce, et Marie fut pleine de grâce, d'amour et de douleur. [....] «La mission personnelle de Marie dans le mystère du salut est inséparable de celui de sa divine maternité comme l'est aussi le rôle rédempteur du Christ de son incarnation» |
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«Marie
fut choisie parmi toutes les femmes pour que dans son sein virginal
fut réalisée l'incarnation du Verbe divin et dès cet instant,
elle, la toute pure, la Vierge-mère, celle qui a tout accepté
avec amour et dans la plus haute soumission à mon Père, elle n'a
pas cessé de m'offrir à lui en victime qui venait du ciel pour
sauver le monde, mais en sacrifiant son cœur de mère à la
divine volonté de ce Père bien aimé.
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Elle m'a nourri pour être victime, atteignant la suprême immolation de son âme quand elle m'a livré pour être crucifié. C'était un même sacrifice, le mien sur la croix et celui qui avait lieu dans son cœur. Marie m'a toujours offert au Père, elle a toujours rempli le rôle du prêtre ; elle immola toujours son cœur innocent et pur en union avec moi pour attirer des grâces pour l’Église
(6
AVRIL 1928)
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (surnommée LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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«Pour
ces derniers temps, destinés au règne de l'Esprit-Saint et au
triomphe final de l’Église, était réservé le culte du martyre de
la solitude de Marie, son épouse très aimée. Durant ce martyre,
seule la puissance et la force de cet Esprit de Dieu ont pu la
maintenir en vie. Marie, en effet, a vécu pour ainsi dire, miraculeusement et uniquement pour mériter les graces requises
pour sa maternité en faveur de l'humanité. Elle a vécu pour
donner son témoignage sur moi en mon humanité, comme le
Saint-Esprit témoignait de ma Divinité. Elle a vécu pour être
en quelque sorte l'instrument visible de l'Esprit-Saint dans l’Église naissante, tandis que l'Esprit-Saint agissait sur le plan
Divin et tout spirituel. Elle a vécu pour fournir sa première
nourriture à cette unique et véritable Église, et pour mériter
dans le ciel les titres de Consolatrice, Soutien, Refuge de ses
enfants.
. Cette étape de la vie de Marie, constituant pour son cœur une source d'amertume, quintessence du martyre, purification de son amour en même temps que source inépuisable de grâces et de miséricorde pour le monde est restée ignorée. Au pied de la croix, naquirent tous ses enfants. Ma mort leur a communiqué la vie dans le cœur de ma mère ; mais avant de mourir Elle devait manifester cette maternité sur la terre, en achetant, par les souffrances de mon absence, une infinité de grâces présentes et futures pour ses enfants. Son titre de Mère de l'humanité, Marie l'a conquis par le martyre de sa solitude après ma mort. Le monde en a-t-il conscience ?...Marie a acheté des grâces pour tous et pour chacun des hommes»
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (surnommée LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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LES
VERTUS ET LES SOUFFRANCES DE MARIE SONT RESTEES CACHEES
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«De
même que les vertus de Marie sont restées cachées à cause de
son humilité, par exemple à l'occasion de la Purification,
puisqu'elle-même ne les extériorise pas, ainsi ses souffrances
demeurèrent voilées. Ni plainte ni récrimination : elle les
acceptait toutes, les accueillant toutes sans en perdre une seule
, les aimant, adorant en elles la volonté de Dieu qui était sa
vie. Cette adhésion à ma volonté adorable qu'elle pratiqua
après mon Ascension, fut particulièrement intime, au cours de sa
vie de souffrances sans nom, durant le martyre de mon absence et
parmi les crucifiements de sa solitude. Adhésion, simplification,
unification très élevée et très étroite de nos volontés, de
mes vouloirs dans ses martyrs, soumission et parfaite conformité
à mes désirs et à mes desseins de l'immoler, telle fut alors la
forme de la vie de Marie. Telle fut son adhésion sublime, très
sainte et divine qui la maintenait absorbée dans ma volonté qui
la conduisait par les voies d'humiliation, de souffrance, de
déchirement du cœur dan l'amour même. On ne peut pas apprécier
en Marie son titre de Reine des Martyrs, parce que l'homme demeure
très loin de comprendre son amour.»
. Marie est co-rédemptrice, Mère de la Rédemption parce qu'elle est la Mère de Jésus, Mère de «Yahveh qui sauve»
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (surnommée LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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La
solitude de Marie est l'association la plus parfaite à l'acte
rédempteur du Christ. Le drame de notre salut se décida au
moment même où Jésus fut abandonné mystérieusement par son
Père, et que lui-même s'abandonna, en réponse, avec confiance
et amour, entre ses mains. C'est le «oui»
de l'homme dans la suprême angoisse.
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (surnommée LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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-
«Tu avais longuement
considéré la première solitude de Marie, c'est-à-dire
l'extérieure, mais tu n'avais pas pensé à l'intérieure, la
plus cruelle et amère, celle qui déchire et dans laquelle
l'Esprit éprouve une agonie à cause de l'abandon
. Le martyre de Marie après mon Ascension ne fut pas causé seulement par mon absence matérielle : elle a souffert aux terribles creusets d'un abandon semblable à celui que j'ai éprouvé Moi-même sur la croix ; et mon Père l'a uni au mien qui acheta tant de grâces. . En tant que co-rédemptrice, Marie éprouva dans son âme toute pure, l'écho de toutes mes agonies, humiliations, outrages et supplices, le poids des péchés du monde qui ont fait saigner mon cœur, et la vibrante douleur de l'abandon du ciel qui obtient des grâces. . Il est évident que Marie n'a rien eu à purifier en elle-même mais dans l'humanité, c'est-à-dire dans ses enfants, conquérant avec cette douleur une nouvelle couronne de Mère-Martyre. C'est ainsi qu'elle souffrit pour ses enfants, c'est ainsi qu'elle leur donnait la vie surnaturelle de la grâce, c'est ainsi qu'elle leur achetait le ciel»
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(22
JUIN 1918)
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (SURNOMMÉE LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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«Marie
est vraiment la Mère des hommes, sa maternité spirituelle est
une maternité engagée. Elle, l'Immaculée, souffre pour le péché
de ses enfants»
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«Le Cœur de Marie acheta ces grâces dans le martyre d'une solitude
désemparée, non pas du fait des hommes (elle avait saint Jean et
les Apôtres et beaucoup d'âmes qui l'aimaient avec ferveur), non
pas du fait de mon absence matérielle (elle se consolait avec
l'eucharistie à cause de sa foi si vivante et parfaite), mais par
l'abandon spirituel, l'abandon divin de la Trinité qui se cachait
à elle.....
.
Marie a souffert plus que toutes les âmes désemparées, parce qu'elle a souffert un reflet de mon propre abandon sur la Croix, celui qu'on ne peut évaluer et ui n'a pas de termes pour être exprimé. . Cet abandon de Marie, ce vif et palpitant martyre de sa solitude, le martyre désolateur du divin abandon, qu'elle a souffert avec une force héroïque, avec amoureuse résignation et sublime abandon à ma volonté, n'est pas honoré. . C'est un grand honneur pour les âmes quand le Père les appelle pour les associer : à la rédemption ; à la co-rédemption en s'unissant à moi et à Marie ; à l'apostolat de la Croix, c'est--dire à celui de la souffrance innocente, douleur pleine d'amour et pure, douleur expiatrice et salvatrice en faveur du monde coupable»
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(23
JUIN 1918)
VÉNÉRABLE
CONCEPCIÓN CABRERA DE ARMIDA (surnommée LA GRANDE CONCHITA)
(1862/1937)
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ILS
NOUS PARLENT DE MARIE COREDEMPTRICE
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SAINT
ALBERT LE GRAND (1193-1280)
«Marie
est l'aide, la coopératrice de la Rédemption»
(Super
Missus, q., 29, §3)
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SAINTE
BRIGITTE (1303-1373)
«Comme
Adam et Eve ont de concert vendu le monde pour une pomme, ainsi
c'est d'un seul et même coeur que mon Fils et moi nous l'avons
racheté»
(Revelationes,
Lib I, cap. XXXV)
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SAINT
BONAVENTURE (1217-1274)
«Aussi,
tandis que le Fils était suspendu mourant à la croix, la Mère
s’offrait aux bourreaux afin de donner sa vie pour nous»
Liber
de institutione Virginis, cap. VII, n°49 : cité dans les Gloires
de Marie
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SAINT
BERNARD (1090-1153)
«Un
homme et une femme ayant coopéré à notre ruine, il convenait
qu'un homme et une femme coopérassent à notre réparation»
(Sermo
de duodecim proerogativis B.V.M., n°1)
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SAINT
ANSELME (1033-1109)
«Dieu
a bien pu créer le monde de rien, mais le monde s'étant, par le
péché, précipité dans la ruine, Dieu n'a pas voulu l'en tirer
sans le concours de Marie»
(Oratio
52)
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SAINT
ALPHONSE (1696-1787)
«Il
est vrai que Jésus voulut être seul à mourir pour le salut des
hommes :
«Seul, dit-il, j’ai foulé le pressoir» (Is 53,3) Mais, devant l’ardeur de Marie à vouloir, elle aussi, se consumer pour notre salut, voici ce qu’il arrêta : par le sacrifice et l’offrande de sa vie à lui Jésus, elle coopérerait à notre rédemption, et deviendrait ainsi la mère de nos âmes»
(Commentaire
de Is 53,3 dans les Gloires de Marie)
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Et
Benoît XV a ratifié le titre de corédemptrice en disant que
«Marie, en union avec le Christ, a racheté le genre humain, ut
dici merito queat ipsam cum Christo humanum genus redemisse»
(Lettre
du 22 mars 1918, Acta Apost. Sed. X, 182).
C'est
ainsi que Marie est devenue la Mère spirituelle de tous les
hommes».
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Elle
était voilée et étendue dans les bras de. sa sœur aînée,
Marie d'Héli, qui était déjà âgée, et ressemblait beaucoup à
Anne leur mère. Marie de Cléophas, fille de Marie d'Héli, était
aussi là. Les saintes amies de Marie et de Jésus étaient toutes
enveloppées de leurs voiles, serrées autour de la sainte Vierge,
tremblant de douleur et d'angoisse: on eût dit qu'elles
attendaient leur propre condamnation. Marie portait une longue
robe bleu d'azur, et par dessus un ample manteau de laine blanche;
son voile était d'un jaune pâle. Madeleine était bouleversée
et hors d'elle-même ; ses long cheveux flottaient épars sous son
voile»
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(VNSJC3
p272-273)[...]
«Il était à peu près onze heures de la nuit quand la sainte Vierge, tourmentée par son attente, se leva et quitta le cénacle, enveloppée de son manteau. J'éprouvai une vive inquiétude en voyant cette sainte mère, déjà brisée de fatigue et si affligée, parcourir seule les rues de la ville au milieu de la nuit. Elle alla d'abord à la maison de Caïphe, puis au palais de Pilate, et suivit ainsi toute la voie douloureuse à travers les rues, où régnait un profond silence. Elle s'arrêtait aux endroits où le Seigneur avait enduré les souffrances les plus cruelles ; on eût dit qu'elle cherchait un objet perdu. Souvent elle se prosternait par terre, touchait les pierres ou les baisait, comme si elle eût vu les traces du sang sacré de son fils. Elle adorait pleine d'amour, et toutes les places sanctifiées lui apparaissaient lumineuses. Je l'accompagnai durant tout le chemin, et je ressentis tout ce qu'elle éprouva, selon la mesure de mes forces»
(VNSJC3
p380-381)
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L'HISTOIRE
DE MADAME R. (ROLANDE LEFEBVRE)
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ROLANDE
LEFEBVRE
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«La
Vierge Marie m'a fait comprendre ce que, jusqu'ici je n'avais pas
compris en profondeur. C'est que, pendant la Passion, le Saint
Esprit s'est comme incarné en Marie. Par Lui, le Père et Marie
se rejoignaient intimement et ne faisaient qu'Un.
La Passion de Jésus était aussi la Passion du Père, la Passion du Père était vécue dans Marie. Le Père, Lui, a emprunté, pour ainsi dire son cœur humain pour souffrir en Elle, avec Elle, par Elle, la Passion de leur Fils, de leur enfant, dans une seule fusion d'amour. La Passion du Père et la Passion de Marie n'étaient plus qu'une seule Passion humanisée, vécue en Marie dans un amour et une intensité infinie, celle du Père Lui-même. Pendant toute la Passion de Jésus, le Saint-Esprit était le lien, la communication entre Jésus et Marie et le Père en Elle. C'est la Trinité qui était en Passion avec Marie. Tout ce que Jésus souffrait, tout ce qu'Il ressentait dans Son corps, dans Son âme, dans Son cœur humain, le Saint-Esprit le transmettait dans Marie qui éprouvait aussitôt les mêmes souffrances, les mêmes sentiments de désolation, d'amour pour le Père, de pardon pour les hommes. Au pied de la Croix, Sa maternité, Son amour pour Jésus ont atteint le sommet de la plénitude car, en Elle, le Père vivait et lui faisait partager la plénitude, la perfection l'infini de Sa paternité à Lui. De même, pour nous, parents (combien est faible la comparaison), c'est à la mort d'un de nos enfants, ou dans sa plus grande souffrance, que notre amour pour lui atteint son plus haut degré. Alors le père et la mère se rapprochent l'un de l'autre, même si leur union humaine n'est pas parfaite, dans un seul et même amour, dans une seule et même douleur, dans une seule fusion de paternité et de maternité ? [...] Il y avait aussi la présence invisible de saint Joseph qui partageait tout avec Marie. Marie avec Jésus, en même temps que Lui, disait, tout bas : «'ai soif». Elle avait soif avec Lui, et pas seulement de cette soif physique, atroce, dans son corps meurtri, vidé de sang, brûlant de fièvre. Marie a sûrement essayé de soulager cette soif-là. Mais combien fortement elle éprouvait avec Jésus cette soif spirituelle, cette soif de nous tous qu'Il voulait sauver par Sa mort. Ce que vivait Jésus, Marie le vivait avec Lui. Dans sa maternité qui connaissait sa plus intense plénitude, Elle rassemblait en Elle ses enfants, absolument tous les enfants de Dieu, ses enfants de tous les temps depuis le commencement jusqu'à la fin du monde. Pas un seul ne manquait, bons et mauvais. Avec son Jésus bien-aimé, elle disait aussi : «Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font». Ce n'était pas seulement pour ceux qui, au Calvaire, faisaient souffrir Jésus. Mais pour les hommes pécheurs de tous les temps. Avec Lui, son cœur disait inlassablement : «Père pardon, Père pardon, Père pardon !» Elle présentait aussi à son Fils tous ceux qui L'ont aimé, attendu, tous ceux qui L'aiment actuellement, nous étions là, présents, ainsi que tous ceux qui L'aimeront jusqu'à la fin des temps, rassemblés dans une même unité dans le coeur de la Vierge où brûlait le cœur du Père. Notre amour a été le suprême réconfort de Jésus mourant».
LA
PASSION DE MADAME R. Plon 1993, p. 207-208
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ROSALIE
PÜT (1868-1919)Stigmatisée belge
«Aucun
homme ne peut comprendre les souffrances de la Mère de Dieu
pendant le chemin de la Croix. Ceci est un mystère, un secret de
tous les temps»
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MARIE
«CO-REDEMPTRICE»
: Un appel à la prudence
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En
juin 1997, L’Osservatore Romano a publié la déclaration de la
Commission théologique du Congrès mariologique international de
Czestochowa à propos de demandes adressées au Saint-Siège en
faveur de nouvelles définitions dogmatiques en mariologie (la
définition des titres marials de «Médiatrice»,
«Co-rédemptrice» et «Avocate»). Cette déclaration a été
accompagnée d’une note explicative de l’Académie pontificale
mariale internationale. Nous proposons les deux documents dans
leur intégralité.
RÉSUMÉ
Puisque
les titres marials de «Médiatrice», «Co-rédemptrice»
et «Avocate» peuvent être compris de manières très
différentes, leur définition dogmatique semble inopportune. De
toute façon, une telle définition s’écarterait des
orientations du texte mariologique de Vatican II. En effet, les
Pères du Concile, après mûre réflexion, ont décidé de ne pas
procéder à de nouvelles définitions dogmatiques en mariologie.
Cela ne veut pas dire que le Concile ait définitivement bloqué
tout progrès de la doctrine concernant Marie : il s’agit
simplement de souligner le poids d’une décision très récente
prise lors d’un Concile oecuménique sur une question qui est
grave, théologiquement parlant, et qui continue d’être
discutée. Dans ce contexte, il faut approfondir les questions
liées aux titres concernés.
PERSPECTIVES
Ces
documents expriment le souci de rester dans la
ligne
théologique tracée par le Concile Vatican II qui a refusé de
définir de nouveaux dogmes sur Marie voir
Lumen
gentium,
54).
Ils rappellent en même temps que ce choix a été fait dans le
cadre exceptionnel d’une Constitution dogmatique, « fruit de
l’action de l’Esprit et de la réflexion pondérée de ceux –
les évêques – auxquels le Seigneur a confié le soin de garder
et d’expliquer le dépôt de la foi».
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Textes
italiens dans l’Osservatore Romano du 4 juin 1997. Traduction de
la DC. Voir DC 1997, n° 2164, p. 693-696. Titre de Questions
actuelles.
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DÉCLARATION
DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE DU CONGRÈS MARIOLOGIQUE
INTERNATIONAL
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Le
Saint-Siège ayant demandé que ce XIIe Congrès mariologique
international, qui se déroule à Czestochowa (Pologne), étudie
la possibilité et l’opportunité de la définition des titres
marials de «Médiatrice»,
«Corédemptrice» et «Avocate», comme certains milieux le
demandent actuellement au Saint-Siège, il a paru opportun de
constituer une Commission, en choisissant quinze théologiens
spécialement préparés pour étudier cette matière, qui
pourraient en discuter et analyser la question par une mûre
réflexion. Outre cette exigence de préparation théologique, on
a veillé à ce que la provenance géographique de ces théologiens
soit la plus diverse possible, de sorte que leurs éventuels
consensus s’avèrent spécialement significatifs. On a cherché
en outre à enrichir ce groupe d’étude, en lui agrégeant, au
titre de membres extérieurs, certains théologiens non
catholiques présents au Congrès. On est ainsi parvenu à une
double conclusion :
.
1.
Tels qu’ils sont proposés, les titres apparaissent ambigus car
on peut les comprendre de manières très différentes. Il est
apparu de plus que l’on ne doit pas abandonner la ligne
théologique suivie par le Concile Vatican II, qui n’a voulu
définir aucun d’entre eux. Dans son Magistère, il n’a pas
employé le mot «Corédemptrice» et il a fait un emploi très
sobre des titres de «Médiatrice» et d’«Avocate» (cf.
Lumen
gentium,
62).
En réalité, le terme «Co-rédemptrice» n’est pas employé
par le Magistère des Souverains Pontifes, dans des documents
importants, depuis l’époque de Pie XII. À cet égard, il y a
des témoignages du fait que ce pape a évité intentionnellement
de
l’employer. En ce qui concerne le titre de «Médiatrice», il
ne faudrait pas oublier des événements historiques assez récents
: dans les premières décennies de ce siècle, le Saint-Siège
confia à trois Commissions différentes une étude sur la
possibilité d’une éventuelle définition ; cette étude amena
le Saint-Siège à la décision de ne pas donner suite à la
question.
2.
Même si l’on attribuait à ces titres un
contenu dont on pourrait accepter qu’il appartient au dépôt de
la foi, leur définition, dans la situation actuelle, ne
semblerait cependant pas claire théologiquement, du fait que ces
titres, et les doctrines qui leur sont relatives, ont encore
besoin d’un approfondissement ultérieur dans une perspective
trinitaire, ecclésiologique et anthropologique nouvelle. Enfin,
les théologiens, spécialement les théologiens non catholiques,
se sont montrés sensibles aux difficultés oecuméniques
qu’entraînerait une définition de ces titres.
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La
Commission était ainsi composée :
P.
Paolo Melada et P. Stefano Cecchin, président et secrétaire de
l’Académie pontificale mariale internationale ; P. Candido
Pozo, S.J. (Espagne) ; P. Ignacio Calabuig, O.S.M. (Marianum,
Rome) ; P. Jesus Castelano Cervera, O.C.D. (Teresianum, Rome) ; P.
Franz Courth, S.A.C. (Allemagne) ; P. Stefano De Fiores, S.M.M.
(Italie) ; P. Miguel Angel Delgado, O.S.M. (Mexique) ; don Manuel
Felicio da Rocha (Portugal) ; P. Georges Gharib, melchite (Syrie)
; abbé René Laurentin (France) ; P. Jan Pach, O.S.P.P.E.
(Pologne) ; don Adalbert Rebic (Croatie) ; abbé Jean Rivain
(France) ; P. Johannes Roten, S.M. (États-Unis) ; P. Ermanno
Toniolo, O.S.M. (Italie) ; Mgr Teofil Siudy (Pologne) ; Don Anton
Ziegenaus (Allemagne) ; chanoine Roger Greenacre, anglican
(Angleterre) ; Dr Hans Christoph Schmidt-Lauber, luthérien
(Autriche) ; P. Gennadios Limouris, orthodoxe (Constantinople) ;
P. Jean Kawak, orthodoxe (Syrie) ; Prof. Constantin Charalampidis,
orthodoxe (Grèce).
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NOTE
DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE (•) MARIALE INTERNATIONALE
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À
l’occasion du dernier Congrès
mariologique, qui se déroula à Czestochowa du 18 au 24
août 1996, une Commission fut constituée pour répondre à une
demande du Saint-Siège : connaître l’avis des spécialistes
présents au Congrès quant à la possibilité et à l’opportunité
de définir un nouveau dogme de foi sur Marie Co-rédemptrice,
Médiatrice et Avocate.
En
effet, des pétitions en ce sens ont été envoyées au cours de
ces dernières années au Saint-Père et à divers dicastères
romains.
La
réponse de la Commission, intentionnellement brève, fut unanime
et précise : il n’est pas opportun d’abandonner le chemin
tracé par le Concile Vatican II et de procéder à la définition
d’un nouveau dogme.
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(•)
Les origines de l’Académie pontificale mariale
internationale remontent à 1946. Cette année-là, à
l’initiative de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, une
Académie a été établie pour promouvoir les études
mariologiques et la piété mariale.
En
1959, cette académie a reçu le titre de «pontificale».
Ses
statuts ont été approuvés par Paul VI en 1964 et révisés en
1995.
L’Académie
collabore aujourd’hui avec les Académies et Sociétés mariales
à travers le monde.
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.POURQUOI
PRIER MARIE
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Le
Christ est l’unique sauveur, l’unique médiateur. Lui seul donne accès au Père par la puissance de l’Esprit. Mais ce
salut s’exprime de façon surabondante dans les dons qu’il
accorde. Comme un surcroît de l’amour, cette médiation suscite
diverses coopérations. Le médiateur en est l’unique source. Il
donne à ses frères et sœurs, les saints, d’intercéder par
lui, avec lui et en lui. Pour Marie, sa coopération est unique,
elle est maternelle. Chez elle, le mot évangélique «mère»
explique tout. Marie est mère, infiniment mère, dirait Péguy.
Mais cette «médiation maternelle» de Marie qui accueille la
prière de ses enfants n’altère en rien la
médiation
parfaite de salut du Christ. Au contraire, elle rend plus
éclatante sa puissance.
Cela
est visible à Lourdes où l’Eucharistie tient une si grande
place. Comme si Marie répondait aux prières qui lui sont
adressées : «Faites tout ce qu’il vous dira» Enfin, prier ne
consiste pas seulement à demander mais à regarder le Christ, à
l’aimer, à demeurer en présence de Dieu. Pourquoi l’enfant
ne demeurerait-il pas avec sa mère en regardant sa beauté, fruit
du salut accompli en elle ?
MONSEIGNEUR
D’ORNELLAS
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DANS
LE SILLAGE DE L'ENSEIGNEMENT DE VATICAN II
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De
quelque façon qu’on le considère, le mouvement qui postule une
définition dogmatique concernant les titres marials de
Co-rédemptrice, Médiatrice et Avocate, ne se situe pas en droite
ligne avec les orientations du grand texte mariologique de Vatican
II – le
chapitre VIII de Lumen
gentium –
qui,
au jugement de Paul VI, constitue la synthèse la plus large qu’un
Concile oecuménique ait jamais tracée « de la doctrine
catholique sur la place que la très sainte Vierge Marie occupe
dans le mystère du Christ et de l’Église» (Allocution pour la
clôture de la troisième session conciliaire, 21 novembre 1964,
n. 7).
Il
ne faut donc absolument pas sous-évaluer la portée de
l’enseignement mariologique de Vatican II, proposé dans le
cadre exceptionnel d’une Constitution dogmatique, fruit de
l’action de l’Esprit et de la réflexion pondérée de ceux –
les évêques – auxquels le Seigneur a confié le soin de garder
et d’expliquer le dépôt de la foi. L’actuel mouvement en
faveur de la définition n’est donc pas dans la lignée de
Vatican II en ce qui concerne aussi bien la demande d’un nouveau
dogme mariologique que le contenu proposé pour une éventuelle
définition dogmatique.
En
ce qui concerne l’hypothèse d’un nouveau dogme mariologique
Les
Pères du Concile et ses présidents institutionnels, Jean XXIII
et Paul VI, estimèrent que l’on n’avait pas à procéder à
de nouvelles définitions dogmatiques : une conclusion mûrie par
un processus de réflexion et de prière qui vit engagés en
première ligne Jean XXIII, Paul VI et la Commission théologique
du Concile. Parce que des demandes de nouveaux dogmes marials
avaient été adressées à la Commission
préparatoire de Vatican II.
Par
exemple, 265 évêques avaient demandé : «Doctrina mediationis
universalis Beatae Mariae Virginis definiatur ut dogma fidei»
[«Que la doctrine de la médiation universelle de la B. V. Marie
soit définie comme un dogme de foi»]. Quarante-huit évêques
avaient adressé la même demande avec la précision : «Si id
opportunum visum fuerit» [«Si cela semble opportun»]. Au total,
donc, 313 évêques, un chiffre à prendre en considération.
Mais
l’on était dans la phase préparatoire, «ante Concilium». Ces
requêtes deviennent en effet rares «in Concilio», et même
disparaissent peu à peu au fur et à mesure que le débat avance
dans l’aula conciliaire, déjà avec une portée universelle,
accompagné par la prière de l’Église. Le résultat en est
connu : la Constitution
Lumen
gentium
qui,
par un choix médité, ne contient pas la définition dogmatique
de la médiation, fut approuvée par 2 151 votes favorables sur 2
156 votants : une approbation moralement unanime, expression vraie
et légitime du Magistère de l’Église. Parmi ces 2 151 votes
favorables se trouvent sans aucun doute ceux des 313 évêques
qui, lors de la phase préparatoire, avaient demandé la
définition dogmatique de la médiation de Marie.
Trente-trois
ans à peine après la promulgation de
Lumen
gentium
–
et
ce laps de temps est vraiment court par rapport à la rareté et
au caractère exceptionnel de la célébration d’un Concile
oecuménique –, on ne voit pas de changement substantiel dans le
panorama ecclésial, théologique et exégétique qui détermina
les déclarations doctrinales solennelles de Vatican II dans le
domaine marial.
Cela
ne veut évidemment pas dire que le chapitre VIII de
Lumen
gentium
constitue
une sorte de blocage ou de cadenas pour le progrès de la doctrine
concernant la Mère du Seigneur : cela signifie simplement que,
dans une question aussi grave que celle d’une définition
dogmatique, on ne peut ignorer une prise de position spécifique
de la part d’un organisme, un Concile oecuménique, qui a un si
grand poids doctrinal.
Quant
au contenu spécifique
La
demande de définition dogmatique est centrée sur trois titres de
la Vierge : Co-rédemptrice, Médiatrice et Avocate.
La
Déclaration de Czestochowa observe à juste titre que l’on peut
attribuer à chacun d’eux un contenu conforme au dépôt de la
foi, mais on souligne néanmoins que « ces titres, tels qu’ils
sont proposés, apparaissent ambigus car on peut les comprendre de
manières très différentes». Observation grave, car en vue
d’une déclaration doctrinale solennelle d’une portée aussi
grande que l’est une définition dogmatique, on exige que les
termes ne se prêtent pas à des interprétations ambiguës et
soient compris d’une manière substantiellement univoque. Or, le
titre de Médiatrice, par exemple, a été compris tout au long
des siècles et est encore compris de manières remarquablement
diverses. Il suffit de feuilleter les manuels de mariologie
de ces dernières
années – de 1987 à nos jours, une vingtaine ont été publiés
– pour constater que la médiation de la Bienheureuse Vierge est
traitée par les théologiens de manière discordante en ce qui
concerne la problématique, l’évaluation doctrinale, la
détermination du domaine ou elle s’exerce, la comparaison avec
la médiation du Christ et de l’Esprit Saint. En dehors de toute
autre considération, dans le cas de la médiation de Marie, nous
nous trouvons, en ce qui concerne de nombreux aspects de cette
médiation, devant une «quaestio disputata» [«question
disputée»]. C’est-à-dire que l’on est loin de cette
substantielle unanimité théologique qui, pour toute question
doctrinale, est le prélude nécessaire pour que l’on procède à
une définition dogmatique.
La
doctrine de la maternité spirituelle
À
propos
du titre de Co-rédemptrice, la Déclaration de Czestochowa
remarque : «Le terme «Co-rédemptrice» n’est pas employé par
le Magistère des Souverains Pontifes, dans des documents
importants, depuis l’époque de Pie XII. À cet égard, il y a
des témoignages sur le fait que ce Pape a évité
intentionnellement de l’employer». Précision importante parce
que, ici ou là, dans des documents pontificaux secondaires et
donc sans portée doctrinale, on peut trouver ce titre, même si
ce n’est que très rarement. Au contraire, dans les documents
fondamentaux et dans ceux qui ont une importance doctrinale, il
est soigneusement évité. Ainsi, le titre de «Co-rédemptrice»
a été intentionnellement évité dans la Constitution dogmatique
Munificentissimus
Deus
(1950)
et
dans les Encycliques
Fulgens
corona
(1953)
et Ad caeli Reginam (1954) de Pie XII, dans le chapitre VIII de
Lumen
gentium
(1964)
de
Vatican II, dans les Exhortations apostoliques Signum magnum
(1967) et
Marialis
cultus
(1974)
de Paul VI, dans l’Encyclique
Redemptoris
Mater
(1986)
de
Jean-Paul II qui, par la matière traitée, auraient pu être une
occasion propice de l’employer. (•)
Il
s’agit d’un fait significatif que l’on ne peut négliger.
On
est alors surpris que le mouvement en faveur d’une définition
demande au Magistère pontifical de procéder à une définition
dogmatique – l’expression la plus haute de l’engagement
magistériel – d’un titre à l’égard duquel le Magistère
nourrit des réserves et qu’il écarte systématiquement.
Mais
plus que ces considérations, la Déclaration de Czestochowa
souligne avec force l’importance de suivre la ligne tracée par
le Concile Vatican II et poursuivie par le Saint-Père Jean-Paul
II. Une ligne qui engage du point de vue doctrinal, en rien
minimaliste, féconde en perspectives pastorales. Ses deux points
essentiels sont :
–
L’affirmation
réitérée de la coopération de Marie à l’oeuvre du salut
(cf.
Lumen
gentium,
53, 56, 61, 63)
:
cooperatio, un
terme
ouvert, qui ne suscite pas de réactions négatives dans le cadre
de la théologie catholique, qui est employé par saint Augustin
dans son texte célèbre De sancta virginitate, 6. Pour la
préférence du Magistère pontifical du terme cooperatio par
rapport à celui de coredemptio, voir la catéchèse de Jean-Paul
II lors de l’audience générale du 9 avril 1997 : le Saint-Père
y traite abondamment de la coopération de la Vierge à l’oeuvre
du salut.
–
L’affirmation
insistante de la maternité spirituelle de Marie à l’égard des
disciples du Christ et de tous les hommes
(cf.
Lumen
gentium,
53, 54, 55, 56, 58, 61, 63, 65, 67, 69), soit comme coopération
historique à l’événement de la Rédemption, soit comme
intercession permanente en faveur des hommes, depuis le moment de
sa glorieuse Assomption jusqu’au couronnement de tous les élus
(cf.
Lumen
gentium,
62).
On
sait que l’on a observé à plusieurs reprises que si le Concile
d’Éphèse (431) fut le Concile de l’affirmation solennelle de
la maternité divine de Marie, Vatican II a été celui de
l’affirmation de la maternité universelle, dans l’ordre
de la grâce. À la lumière de l’enseignement de Vatican II,
Paul VI estimait que la doctrine concernant la maternité
spirituelle de Marie est une vérité de foi : la Vierge «continue
maintenant, au ciel, à remplir son rôle maternel en coopérant à
la naissance et au développement de la vie divine dans chacune
des âmes des hommes rachetés.
C’est
une vérité très consolante qui, par une libre disposition du
Dieu très sage, fait partie intégrante du mystère du salut des
hommes; elle doit donc être objet de foi pour tous les chrétiens»
(Signum magnum, 1).
Lui
aussi Jean-Paul II, dans son Encyclique
Redemptoris
Mater
(n.
44-47)
conçoit
la «médiation mariale» comme une «médiation maternelle» ; il
la situe dans la réflexion
sur
la maternité spirituelle et voit en elle l’expression la plus
haute de sa coopération à l’œuvre du salut.
La
Déclaration de Czestochowa indique la route à suivre :
approfondir les questions relatives à la médiation de Marie et à
sa fonction d’Avocate dans le cadre de la maternité
spirituelle, comme moments significatifs de son exercice. C’est
dans cette direction que s’est nettement orienté le sensus
fidelium.
Emprunter
la route contraire peut se révéler erroné. Comme nous l’avons
dit, les trois titres en question sont susceptibles d’une
lecture correcte. Comme de très nombreux autres titres qui
apparaissent dans les documents magistériels et dans la piété
de l’Église
–
nova
Eva, Auxiliatrix, Socia Redemptoris… Il faut cependant réfléchir
sur les raisons pour lesquelles ces trois titres –
Co-rédemptrice, Médiatrice, Avocate – ont été évités ou
peu employés par le Magistère de l’Église au cours des
cinquante dernières années : probablement parce qu’ils ne sont
pas les plus aptes à exprimer le contenu auquel ils renvoient.
En
un certain sens, surprenante est la sobriété avec laquelle la
Déclaration de Czestochowa fait allusion aux graves conséquences
négatives qu’entraînerait, au plan oecuménique, la définition
dogmatique des titres en question : « Enfin, les théologiens,
spécialement les théologiens non catholiques, se sont montrés
sensibles aux difficultés oecuméniques qu’impliquerait une
définition de ces titres». Une modération digne d’éloges !
Parce que, en définitive, le noeud de la question se trouve
ailleurs : dans la nécessité d’un «approfondissement
ultérieur» de toute la problématique, qui doit être accompli
«dans une perspective trinitaire, ecclésiale et anthropologique
nouvelle».
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